La suite…
C’est donc apres une dernière soirée au pub que j’ai quitté Belfast, les yeux un peu brouillés, pour l’Ile de Man. Je n’y avais prévu qu’une journée et encore une fois je me suis dit que j’aurais du y rester plus longtemps. Il faisait beau sur l’ile du coup j’ai passé l’après midi à trainer au camping pour tout faire sécher. Et je suis repartie dès le lendemain matin pour le Yorkshire. J’avais un rencart en route avec mes amis Hugh et Pauline, des cyclos rencontrés par hasard lors de mon voyage en 2007 (ils viennent de démarrer un long voyage en Amérique du Sud : http://www.crazyguyonabike.com/doc/?o=RrzKj&doc_id=7341&v=4B). On s’est bien retrouvés, pour un bout de route ensemble et une super soirée. Bien triste encore une fois de les quitter le lendemain, même si ils m’avaient arrangé un bivouac le soir suivant chez des amis. En fait j’ai été reçue comme une reine chez des gens adorables, qui gèrent une petite ferme bio et sont très actifs dans les problèmes environnementaux. La magie du voyage… La route pour Edinburgh fut ensuite bien arrosée, mais aussi magnifique dans la région des Borders, où je passais de vallée en vallée avec des moutons comme seuls spectateurs.
Je devais récupérer Stéphane au ferry à Edinburgh pour la suite. Honnêtement j’étais un peu nerveuse : le voyage solo avait été un tel plaisir, j’étais tellement bien, je n’étais pas sûre d’avoir envie de partager cela avec un compagnon. J’avais mes petites habitudes de bivouac, et maintenant il faudrait partager la tente, faire des concessions, être patiente, attendre en haut des bosses… Ce ne serait plus « mon » voyage…
Nous avons commencé par aller à Aviemore, pour retrouver la cousine de Stéphane qui y travaillait pour l’été. Cette fois ci nous avons évité les grosses bosses et pris plutôt la route de la vallée. Et de la vallée, on voit quand même très bien les montagnes (d’autant que nous avons eu une journée de beau temps sur trois). Impressionnantes les montagnes des Cairngorms. On sent qu’on n’est pas là pour rigoler. Après une petite journée de repos, à trainer dans les 3000 magasins de matériel outdoor (heureusement que j’étais à vélo, sinon la CB aurait chauffé) et à se rincer l’œil sur les randonneurs, grimpeurs, cyclos qui constituent 90% de la population de cette ville, on est repartis.
Vers l’ile de Skye cette fois, pour jeter un œil (plutôt une oreille) au « Alasdair Fraser week ». Pour les non-initiés, Alasdair Fraser est un célèbre violoniste écossais, qui animait toute la semaine des masterclass de violon. Notre route nous a menés par Fort William, au pied du Ben Nevis, plus haut sommet de la Grande-Bretagne (dans les 1300 mètres). Encore un moment d’anthologie au camping de Glen Nevis, peuplée de randonneurs-grimpeurs équipés de tentes de compétition plus belles et plus légères les unes que les autres. Par contre, on était dans un brouillard continu donc le Ben Nevis est resté bien caché. En un petit coup de ferry on a donc atterri sur Skye pour une soirée de folie. Super bivouac à côté de la mer. Excellente bière locale, et quelques heures à jouer des airs écossais avec environ 30 violonistes, des danses improvisées, une ambiance vraiment super.
On est quand même repartis le lendemain pour Ullapool. Je ne sais pas pourquoi, c’est une ville que j’aime bien. Trois jours sous la pluie, puis dans le brouillard, puis sous la pluie encore… Les pieds toujours mouillés dans des chaussures qui ne sèchent jamais… mais de jolis bivouacs. Je précise d’ailleurs que le camping sauvage est complètement autorisé en Ecosse, on peut se poser en plein village sans problème. La côte ouest est très minérale et les reliefs sont plutôt abrupts. Nous avons fait une incursion un peu au nord d’Ullapool pour ensuite bivouaquer dans un coin superbe, entre un château en ruines, un loch et les montagnes… Le bivouac de rêve… jusqu’au matin, où nous avons été attaqués par des milliers de…. midges !!! Le cauchemar ! On s’en est sortis couverts de piqûres (eh oui, ne jamais laisser ses fringues dans l’auvent, toujours les garder près de soi dans la tente).
C’est à ce moment qu’on a décidé de redescendre dans le sud à la recherche d’une météo un peu plus clémente. Journée de repos à Inverness (sous les averses), puis quelques journées tranquilles le long du Loch Ness et des lochs suivants… Après un deuxième passage à Fort William (et le Ben Nevis toujours dans les nuages) il était temps de passer aux choses sérieuses : la Glen Coe, cette vallée immense, paradis des randonneurs… avec un super vent dans le dos et toujours de la pluie… Cela sentait la fin du voyage, nous sommes descendus dans la forêt de Galloway, puis à nouveau la région des Borders, avant d’attendre enfin Edinburgh. Pas trop de temps pour faire du tourisme car on a passé une après midi à faire réparer les vélos : nouvelle roue arrière pour Stéphane qui cassait des rayons à grande fréquence et nouveau boitier de pédalier pour moi… Et quand même une incursion au pub pour faire un peu de musique.
Dans le ferry pour Zeebrugge on a décidé de finir à vélo. J’ai donc pu rouler dans un pays nouveau pour moi : la Belgique… trop facile, tout plat, sous le soleil… le pied ! Puis un trajet sympa dans le Nord que je ne connaissais pas. Jusqu’au 15 août, où après avoir passé la journée sous la pluie on est arrivés à Soissons et on a décidé de prendre le train pour rentrer à la maison…
Et une grande satisfaction à la fin de ce voyage, car la partie en duo s’est déroulée aussi bien que la partie solo. Stéphane et moi avons traversé les conditions difficiles avec une entente presque parfaite, dans l’humour et la sérénité. Bien sûr, c’était très différent que la première partie du voyage, moins intense peut-être, car je n’avais pas besoin d’être aussi vigilante. Le voyage en Irlande me semblait très, très loin à la fin, j’étais même étonnée d’avoir eu le culot de le faire.
Trois jours après le retour on a encore des trucs qui sèchent dans l’appart… Ca fait bizarre de ne pas ranger son duvet et replier la tente tous les matins. Je pourrais vraiment m’habituer à ce mode de vie…