Et voilà le compte rendu:
Lundi 31 mai 2010, 0h00, commissariat de Menton, ma soeur vient de me déposer en voiture devant le commissariat, nous sommes partis de chez elle à Beaulieu 45mn plus tôt. J'y étais arrivé samedi à vélo depuis Gap par la route Napoléon, déjà un premier départ.
Le policier est très affable, il est coutumier de cette formalité, à l'entendre, il tamponne un carnet tous les matins à cette saison, mais plutôt entre 3 et 4 heures du matin. Petites photos souvenir, et je m'élance. La température est agréable, pas de vent. J'emprunte finalement la basse corniche, traversée de Monaco, toutes les vitrines éclairées, quelques noctambules, curieuse impression, s'ils savaient vers quoi je me dirige, décalage!
Beaulieu, je passe juste sous la ruelle où ma soeur doit être maintenant endormie. Villefranche-sur- Mer, les choses deviennent plus amusantes, dimanche a commencé le sommet France - Afrique, la ville est sur le pied de guerre, tous les carrefours sont gardés par des policiers, non, pas tous, beaucoup sont gardés par de charmantes jeunes femmes, dans un uniforme qui n'a rien de réglementaire, comment font-ils la répartition des gardes, mystère! "Bonsoir mademoiselle"
Nice, je poste ma carte postale de départ, puis je rejoins la N202, et entame la remontée de la vallée du Var. Très peu de circulation, conditions météo idéales. Les kilomètres s'enchainent dans la nuit. Arrivée à Puget-Théniers, il est 4h35, le village est endormie, je trouve une boite aux lettres, et envoie une carte postale, petite pause restauration. Je repars dans la nuit, Entrevaux, les premières lueurs dans le ciel annoncent le lever du jour proche, quand soudain, un souffle chaud m'arrive dessus, puis un deuxième coup de vent, à partir de là, il ne me quittera plus pendant les 30 prochaines heures, je ne le sais pas encore, mais une belle bagarre vient de commencer, mon baptême de diagonaliste !
Plus je monte vers le col de Toutes Aures, plus le vent est violent, dans les derniers lacets, des rafales me clouent sur place. Au col je renonce à faire une photo, de peur que les papiers dans la sacoche ne s'envolent en prenant l'appareil ! J'entame rapidement la descente, rejoins le lac de Castillon, puis Saint-André-les-Alpes, je compte m'y arrêter à la boulangerie, pour y prendre un bon petit déjeuner, il est 7h, et bien elle n'est pas encore ouverte, ils ont surement trop de clients par ici, je file vers Barrême, franchis le petit col des Robines et plonge dans la descente. A Barrême, une boulangerie bien achalandée me procure de quoi me sustenter, j'y commence mon étude comparative des pains aux raisins à travers la France, but caché de ce périple.
La descente se poursuit jusqu'à Châteauredon, petit raccourci pour éviter Digne, puis MalijaÏ, le vent est terrible depuis que j'ai retrouvé la vallée de la Bléone, la remontée de la Durance est comme prévu un calvaire, arrêt à Sisteron à 10h55 pour faire tamponner mon carnet au bar où nous avons nos habitudes avec le CC Gap lors de nos sorties hivernales. Petit casse-croute sorti de la sacoche. Puis la remontée se poursuit, je suis passé depuis longtemps en mode économie. A Laragne, alors que je m'arrête sur la place du village pour remplir mon bidon à la fontaine, un cri, c'est Martine qui vient de me voir, elle est là avec Robert, grand diagonaliste devant l'éternel et sariste, ils sont venus à ma rencontre, ça fait un bien fou de retrouver des têtes connues, on boit un coup, puis Robert nous ouvre la route, la gueule dans le vent, et ça roule! pendant 35 km, jusqu'au pied de la montée finale du col de Cabre. Un immense merci pour ce bout droit que tu m'as tiré là, chapeau!
Les six derniers kilomètres du col se font tranquillement, j'y retrouve mes sensations de grimpeur, que du bonheur, mais je sais que le plus difficile est derrière le col, un mois plus tôt, nous sommes passés par le même chemin lors du BRM 300 de Grenoble, dans les mêmes conditions de vent, et je sais que les 70 km de la descente de la Drôme vont se faire vent de face jusqu'à Crest. Pas de surprise ! A Die je fais tamponner mon carnet dans une épicerie, j'ai envie d'un litre de jus de fruit, vite bu, j'achète aussi un beau pain d'épice artisanal pour le petit déjeuner de demain.
Crest, Loriol, puis enfin le pont sur le Rhône, arrivée à l'hôtel à Le Pouzin vers 19h30, première étape réussie, 383 km effectués, je suis tombé sur un hôtel pour ouvrier, simple, mais accueillant, le
patron me mettra un rabe de patates bien venu après cette longue et difficile étape. Je me couche en espérant que le vent tombera un peu pendant la nuit...
Mardi 1 juin, 4h40, je referme la porte de l'hôtel derrière moi, un vent violent balaye la vallée du Rhône, ça va être dur ! Heureusement la route de Privas est à l'abri, les sensations sont bonnes, pas de courbatures, traversée de la ville au petit jour, encore quelques kilomètres de tranquillité, je retrouve le vent à proximité du col de l'Arénier. A partir de la bifurcation vers la D122, cela devient dantesque, je n'ai jamais roulé dans un vent pareil comme au cours de cette traversée des monts ardéchois (exception faite d'une petite traversée en Patagonie Argentine, la référence est significative!). Ce cheminement sur des routes en crêtes, est magnifique et éreintant, avec en plus un solide dénivelé pour atteindre le col des Quatre Vios à 1149 m.
Et la traversée continue, contrôle à Mézilhac par photo, il n'y a pas le moindre commerce dans ce village, un hôtel fermé au col sous le village, un sentiment d'isolement saisissant. Je fais un crochet par le village de Sainte-Eulalie pour me ravitailler et repars au combat. Après le Monastier, c'est enfin la descente vers Le Puy en Velay, j'ai le sentiment de sortir de l'enfer, j'ai mis 6h30 pour faire 90 km, je suis éreinté.
Bon conseil d'employés municipaux qui m'indiquent de suivre la direction "aérodrome de Loudéac" pour traverser et sortir de la ville, parfait. Il ne me reste plus qu'une petite brise légère sur la route de Langeac, pointage dans une nouvelle boulangerie à 13h35. Jolie montée dès la sortie de la ville pour rejoindre Pinols. Je n'ai aucun souvenir de la route après Pinols ni de la traversée de Saint-Flour, devait pas être très frais le gars!!!
Arrivée à Murat, bien beau village et belles bâtisses, puis petit parking aménagé pour les camping- car, je cherche de l'eau, mais l'accès au robinet d'eau potable est payant, les occupants d'un camping- car me proposent de me faire le plein en eau minérale, bonne chose de faite. Le temps s'est beaucoup couvert, et dès la sortie de la ville, cela monte et j'entre dans le nuage, petite bruine, il est trop tôt pour m'arrêter, j'avais prévu de rouler tard aujourd'hui et de me faire une courte nuit dehors, mais si je suis mouillé c'est impossible. Et très vite c'est la véritable pluie, il me faut atteindre Riom-es-montagne le plus vite possible pour y trouver un hôtel et un resto, le col d'Entremont (1210 m) est franchi et je fonce sous la pluie, heureusement je me sens bien, même survolté sous ce qui est maintenant un déluge, mais la température a sérieusement baissé. Dernière côte, puis descente sur Riom, j'y suis à 19h30, mais le seul hôtel du bourg est complet, un passant m'indique une sorte de motel en périphérie.
Le truc totalement impersonnel, cher, seul contact: avec la machine à carte bleue qui vous délivre un badge d'accès à votre chambre. Il pleut toujours, je n'ai pas le courage de ressortir chercher un restaurant. Ce soir je me sustente avec les restes de mes sacoches, au chaud sous les draps. J'appelle Marcus, un copain du forum des rubans blancs chez qui je suis censé dormir le lendemain à Saumur pour l'informer que cela sera difficile, je suis maintenant en retard sur ma prévision. Cela fait du bien d'avoir un contact chaleureux.
Bilan de la seconde étape: 279 km, et beaucoup d'énergie dépensée, j'espère ne pas payer cette journée les jours suivants !
Mercredi 2 juin, Réveil réglé à 2h00, je voudrais partir tôt, pour essayer d'atteindre Saumur ce soir, mais il pleut, on est dans le nuage, visibilité 30m, et on est ici à 850m d'altitude, il fait froid. Pas le courage de partir dans ces conditions. Je n'ai pas d'autre contrainte que le désir d'être chez Marcus ce soir. Du point de vue de ma diagonale, j'ai de la marge, il me reste 800km à faire et j'ai encore 3 jours. Je décide de partir au lever du jour et me recouche.
Réveil à 5h00, il pleut toujours, je traine un peu, pas très motivé...6h00, je m'élance avec éclairage, baudrier, on se croirait en pleine nuit, le jour se lèvera-t-il aujourd'hui? Pas le moindre bar ouvert à cette heure-ci, photo à la sortie du bourg.
Longue descente vers Bort-les-Orgues toujours sous la pluie, je quitte la montagne. En bas dans la vallée la pluie cesse, la température remonte. Pause petit déjeuner dans une boulangerie, la patronne s'intéresse à ce que je fais, et m'offre un grand bol de café, heureuse rencontre, merci à elle.
Dès la sortie de la ville cela remonte de 200m, passage au barrage qui domine la ville, direction Meymac. Le temps se dégage, retour du soleil, les nuages se désagrègent doucement.
Après la traversée de la ville commence la montée vers le plateau de Millevaches, puis longue succession de doux toboggans pour traverser ce plateau. Je vois avec plaisir arriver la descente vers Felletin et la vallée de la Creuse. A partir d'ici, j'en ai terminé avec la montagne, les prochains reliefs seront en Bretagne!
A Aubusson, je m'offre un bon repas en terrasse d'une brasserie, le vélo appuyé à côté de moi à la rambarde, il est transformé en séchoir, tout le linge mouillé est étalé, même les chaussures, un franc
soleil s'est installé. En sortant de la ville je ne trouve pas la petite D942A, et me retrouve dans une montée qui me ramène à la grande route, direction Guéret, cela roule bien.
A 15km de Guéret un cycliste me rejoint, il voit mes plaques de cadre, et après quelques mots, me propose de m'emmener jusqu'à la ville, c'est bien agréable de rouler tranquillement dans une roue. A l'entrée de Guéret, il me demande où je vais après, je lui explique que je veux prendre la route de Saint Vaury, il connait, c'est l'ancienne nationale, avant la construction de la quatre voies, il me pilote à travers la ville. Je suis bien heureux de cette rencontre, il m'évite bien des recherches et hésitations. Il m'accompagne encore quelques kilomètres sur cette jolie petite route, puis me laisse pour rentrer sur Guéret, qu'il soit ici chaleureusement remercié pour ce bout de conduite.
Je suis maintenant sur une jolie petite route vallonée, qui suit au début la 4 voies, puis s'en éloigne définitivement après Saint Vaury, traversée de quelques petits villages, Dun, Eguzon.
J'arrive à Argenton-sur-Creuse un peu tôt pour dîner, il est 18h40, mais je veux rouler tard ce soir, et dormir dehors. Il me faut donc faire un repas ici, car je ne trouverai rien d'autre dans les deux heures qui viennent, après il sera trop tard. Je m'installe dans une brasserie et commande une assiette de spaghettis au saumon. J'attends un peu que le cuistot mette en route, et mon assiette arrive rapidement. Lorsque la patronne me demande si cela a été, je n'ose lui dire que j'aurai pu en manger 2 à 3 fois plus, elle ne peut imaginer les rations que nous sommes capables d'avaler, mais c'est énervant de lâcher 13 ou 14 euros, et de repartir non rassasié. Bien souvent les restaurants sur ce genre de périple ne répondent pas à nos besoins, il faut alors compléter avec d'autres nourriture, viennoiseries, etc...Elle me fait le plein de mes bidons, n'a pas de tampon humide et va voir son voisin horloger pour me faire tamponner mon carnet et je repars, il est 19h30.
Je commence à sentir le décalage horaire entre chez moi (Gap) et ici. Dans les Hautes Alpes le soleil se couche à 9h30, ici je roule de jour largement jusqu'à 22h15. Je suis sur la D951, plate et très roulante, il y a très peu de voiture à cette heure-ci. Je ne pourrais pas vivre dans une région aussi dépourvue de relief. Les villes et villages s'enchainent vite, St-Gaultier, Le Blanc, mais quelle monotonie, vivement la Bretagne!
A la tombée du jour, traversée du joli village de Tournon-Saint-Martin sur les rives de la Creuse, je m'équipe pour la nuit, mais je n'ai plus d'eau, et aucun commerce ouvert, ni fontaine. Cela sera lourd de conséquences plus tard, à l'avenir, dans les mêmes circonstances, je sais que j'irai frapper à la porte d'une maison encore éclairée, rude leçon à venir !
De Tournon à Descartes que je me suis fixé comme objectif, la lassitude s'installe, je compte les kilomètres. Ho! pas de lassitude physique, les jambes vont bien, pas non plus envie de dormir, non, simplement ras-le-bol de pédaler, juste envie d'arriver et d'arrêter ce mouvement mécanique et monotone, je ne suis pas fait pour ces grandes étendues plates, chez moi, on change constamment d'allure, un nouveau paysage apparait après chaque virage, là je souffre moralement, allez, on continue, objectif Descartes, encore douze kilomètres, encore onze, encore dix...
Arrivée à 23h30, je tourne en ville pour trouver un coin tranquille et sombre où m'installer dormir, je cherche aussi une fontaine ou un bar, rien...Finalement une patrouille de gendarmes me conseille d'aller voir vers les installations sportives, à la périphérie de la ville, j'y trouverai des coins tranquilles. Cela s'avère exact, mais toujours pas d'eau, et la nuit va être très froide. J'ai avec moi un matelas auto-gonflant et un drap-sac en polaire, je pense que cela va suffire, pas du tout, il fait vite un froid glacial. Je passe une très mauvaise nuit, mais arrive finalement à dormir deux heures.
Bilan de la troisième étape: 320 km, une plutôt bonne journée finalement, mais la nuit a un peu gâché le plaisir.
Jeudi 3 juin, Départ à 5h30, je suis moulu, j'ai passé une trop mauvaise nuit, il me faut une bonne vingtaine de kilomètre, et l'arrivée du soleil pour sentir que mon corps se dénoue. A L'Ile-Bouchard je fais mon ravitaillement quotidien en boulangerie, y fais tamponner mon carnet, et m'arrête prendre un grand café dans un bar, je vais aux toilettes pour boire abondamment, et fais remplir mon bidon. j'appelle Marcus pour l'informer de mon heure d'arriver à Saumur.
Je repars dans de bien meilleures dispositions, il fait beau, le coup de pédale est bon, je vais rencontrer un gars que je suis impatient de connaitre dans la vraie vie, tout va bien!
Après la monotonie des paysages de la Creuse, les villages que je traverse sur le bord de Loire, entre Candes-Saint-Martin et Saumur sont magnifiques, j'aime cette pierre blanche, il y a un nombre incroyable de maisons troglodytes, le pays a du caractère.
Un peu avant Saumur, je vois arriver Marcus, heureuse rencontre. On décide à ma demande de monter chez lui, il va me préparer une grande assiette de pâtes, et je vais boire à satiété, bonne pause régénératrice. Nous repartons avec un de ses copains, sur les bords de Loire. Ils me laissent vers Le Thoureil après m'avoir bien expliqué la route pour contourner au mieux Angers. Au moment de nous
quitter, Marcus me glisse dans la sacoche le livre qu'il a écrit après son Paris - Brest - Paris 2007, je le lirai la semaine suivante, quelle passion habite ce gars là. Merci Marcus!
Le contournement d'Angers se passe à la perfection, Juigné, Les Ponts-de-Cé, Bouchemaine, puis dans la seconde côte, à gauche direction Saint-Jean-de-Linières, un passant m'indique comment rejoindre au mieux la route de Bécon, impeccable. Ensuite, ce sont d'immenses lignes droites de dix kilomètres entre chaque village, avec un petit effet toboggan, Bécon-les-Granits, Le Louroux, Candé ou je pointe dans une pharmacie à 14h05, j'y achète de l'ibuprofène et du voltarène gel, j'ai une petite gêne à un genou, hors j'ai déjà eu une tendinite à ce genou, je préfère être armé si cela dégénère,.
Je passe un petit coup de téléphone à Jean-Louis, un copain de Vitré qui doit être dans le coin pour venir à ma rencontre, on devrait se retrouver entre Riaillé et Nozay. La route est agréable, vallonnée. Le bout que j'ai fait derrière Marcus et son copain m'a fait du bien, cela m'a remis en jambes, ça tourne facile, un vrai plaisir. Après La Meilleraye je retrouve Jean-Louis, il m'accompagne jusqu'un peu après Nozay, on roule en discutant, à un bon rythme, puis je me retrouve à nouveau seul, salut Jean-Louis, bon retour à Vitré.
Le temps est magnifique, je suis heureux de retrouver la chaleur, les kilomètres s'enchainent, j'approche de Redon. Je n'ai à nouveau plus rien à boire. A Saint-Nicolas-de-Redon je m'arrête chez un coiffeur pour faire le plein de mes bidons, j'ai très chaud et me mets à l'ombre pour me restaurer. J'ai alors le sentiment de ne pas être très bien, aurais-je pris un coup de chaud?
A la sortie de Redon, je ressens une petite douleur au tendon d'Achille, aï! serait-ce le début d'une tendinite...
Je me suis fixé Malestroit comme objectif pour ce soir. Après Saint-Gavé la route devient très agréable, le long de l'Oust. J'arrive à 19h30, la ville est très jolie, cela sent les vacances. Sur une place, plusieurs terrasses de bars ou restaurants, pas mal de monde en terrasse, je m'enquiers d'un hôtel auprès d'une serveuse, elle m'en indique un sur la place voisine. C'est le seul du bourg, et il est très agréable et pas cher, la décoration des chambres est faite sur un style marin, je vais faire une bonne nuit ici! bonne douche, j'y fais tamponner mon carnet. Je retourne à la crêperie où la serveuse m'a gardé une place. Je lui commande le menu, une crêpe salée, une salade, une crêpe sucrée, un quart de cidre. J'y ajoute une tranche de jambon braisé avec des frites, et lui demande de prier le cuisinier de ne pas hésiter sur la quantité de frites. Il va au-delà de mes désirs, une montagne de frites arrive, probablement un peu de défi de sa part, perdu, je n'en laisse pas une ! Ce soir je vais dormir repu dans un bon lit. Et je suis en Bretagne !
Bilan de la quatrième étape: 280 km. Je masse mon tendon d'Achille au voltarène, et prends un ibuprofène, il me faut neutraliser cette petite douleur, encore une journée.
Vendredi 4 juin, Très bonne nuit, je repars à 6h00, et n'ai que 205 km à faire pour arriver à Brest, cela doit être confortable !
Dès que je pose le pied sur la pédale, je sais que je vais avoir mal toute la journée, cela a empiré par rapport à hier soir...Je me suis fait un massage au voltarène avant de partir, et ai pris un ibuprofène. Au bout d'une demi heure, la douleur a quasiment disparu, l'antalgique a du faire effet, et je me sens en pleine forme, j'écrase les pédales et la route est belle. Saint-Jean-Brévelay, Locminé, Remungol, Guémené-sur-Scorff, Gourin, J'avance bien, et avec plaisir.
La douleur au tendon se réveille un peu à Guéméné, je reprends un antalgique, et la douleur s'éteind à nouveau. Gourin, dernier contrôle, effectué une fois de plus dans une boulangerie, plus que 93 km, ce coup-ci, c'est bon, je vais la finir cette diagonale.
Passage au col de Toullaëron 266m, étrange, il faudrait rappeler aux bretons ce qu'est un col: le point le plus bas sur une ligne de crête, ici je ne vois pas de col, on coupe une crête, soit, mais à gauche elle poursuit sa descente, ce n'est pas ici un point bas...
Gros coup de fatigue à l'approche de Châteauneuf-du-Faou, j'ai une terrible envie de dormir. Dans le bourg, je me mets à l'abri du soleil dans le sas d'entrée d'une banque, c'est la pause de midi et elle est fermée. Je m'endors une demi-heure. J'appelle Roland, sariste brestois qui m'a proposé de m'attendre au pont Albert Louppe, et de me guider vers le commissariat, il m'encourage. Je lui communique l'heure vers laquelle je pense arriver.
Le final va être très difficile, je vais me trainer jusqu'à Brest, je n'ai plus de force, ras le bol de toutes ces côtes. Pourquoi suis-je dans cet état là, j'ai fait une bonne nuit. Toujours pas récupéré de la traversée des monts ardéchois ?
Le Cloitre-Pleyben, Braspart, Le Faou, enfin la mer...Hôpital-Camfrout, Daoulas, Loperhet, Plougastel, toutes ces côtes ne cesseront donc jamais ?
Enfin, le pont Albert Louppe, j'y retrouve Roland, quelques photos, et il me pilote dans Brest, et le commissariat !!!
Ma première diagonale est réussie ! Mais j'ai souffert plus que je ne l'imaginai.
On va boire un verre sur le port avec Roland, et Céline, l'amie chez qui je vais passer cette semaine,
nous rejoint.
La bonne nuit récupératrice que j'imaginai se transforme en cauchemar, je vais uriner toutes les demi-heures, et cela me brule atrocement. le lendemain, médecin, infection urinaire. Cela fait probablement deux jours qu'elle couve, depuis la nuit à Descartes, et m'a probablement beaucoup affaibli. Je me suis déshydraté à la fin de cette journée, et n'est pas trouvé d'eau avant de me coucher. J'ai passé 12 heures en dette d'eau, cela ne pardonne pas!
Une seule leçon à en tirer, boire encore davantage, boire boire boire !
Finalement mon infection urinaire va se compliquer d'une prostatite et d'une épididymite, je vais être hôspitalisé 3 jours à Quimper, et rapatrié à Gap en ambulance et TGV. Mon vélo voyage encore en camion à cette heure-ci. Pas de seconde diagonale Brest - Strasbourg, cela sera pour une autre fois. Pour le moment la priorité est à l'élimination de cette bactérie.
Mais ce qui est certain, c'est que je vais recommencer, je pense déjà à de futures diagonales, peut- être à l'automne...
Quelques photos:
Au départ à Menton

Première étape, photos de Robert:

A Laragne

A Saint-Pierre-D'Argençon
A l'arrivée, photos de Roland:

Au pont A Louppe

Au commissariat

Le réconfort