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 Un rêve de longue date enfin réalisé

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Bigoule
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MessageSujet: Un rêve de longue date enfin réalisé   Un rêve de longue date enfin réalisé Mini_h10Lun 14 Sep - 22:36

COMPTE RENDU DE MON PREMIER PARIS-BREST-PARIS,
Plaque de cadre n° B143, départ 16h15 le 16 août 2015
 
 
De J - 7 à J :
Le  changement de selle opéré fin juin (suite à un souci au périnée développé lors du brevet de 600) aura induit quelques problèmes de réglages qui étaient prévisibles. Des douleurs aux genoux se sont fait sentir suite à ma première sortie de 270 km et depuis je peine à déterminer ma bonne hauteur/avancement de selle. Les quelques sorties effectuées début août pour me rendre au travail ne sont pas là pour me rassurer, j’ai pourtant consulté plusieurs vélocistes pour vérifier la position. Je ressens parfois des douleurs aux genoux mais mon appréhension face à cette épreuve me fait peut être inventer ces douleurs. J'ai accumulé 8 450 km depuis le 1er janvier.
 
J-1
Je me suis tenu à faire de bonnes nuits ces derniers jours afin de ne pas partir en retard de sommeil.  En début d’après-midi, nous prenons la route pour St Quentin, le chemin est long, le parcourir en sens inverse à la force des mollets le sera bien plus. A 18h30, je découvre le vélodrome national, impressionnant par la taille. Les participants sont nombreux malgré l’étendue des créneaux horaires proposés pour le contrôle d’éclairage mais l'organisation est bien rodée, tout se passe dans l'ordre. Les formalités terminées, je retourne vers notre hébergement à Magny le Hameau retrouver ma petite famille.
 
Jour J
Si le début de nuit m’est profitable, je suis réveillé à 5 heures et me tourne dans le lit jusqu’à 8h30. Je fini par me lever avec un mal de crâne. N’ai-je pas assez dormi ou est-ce le contraire ?
Je profite de cette matinée pour faire de la cuisine. Je prépare mon riz au lait (de loin mon meilleur carburant), le gatosport et un cake salé. En milieu de journée, direction St Quentin pour un dernier repas en famille je vois beaucoup de cyclos tourner, vérifier la bonne fixation de leurs bagages.
A 13h30, après un repas de sushis je m'installe dans l’un des parkings souterrains pour enfin sortir mon vélo. La préparation de ma monture me permet enfin de me mettre dans l’épreuve et amorce un apaisement de mon mal de tête.
A 15h00, ma monture préparée, nous sortons du parking pour rejoindre le vélodrome, ce bol d’air me donne la pêche. Je suis là pour faire du vélo, il fait un temps idéal, s’en est fini de mon mal de tête. Suzanne est assise sur ma selle pendant que je pousse le vélo ce qui attire l'attention d'un photographe, nous serons sur le site internet du PBP.  En arrivant je retrouve les camarades de l'Hermitage venus pour assister Michel, Marie-Claude et Paul.
15h45 : je rejoins mon sas de départ, un dernier bisou à la petite famille et l'impression de partir vers la concrétisation d’une longue préparation.
 
 
Départ 
Arrivant 15 min après  l’ouverture du sas, beaucoup de cyclos se sont amassés à l’avant il ne me sera pas possible d’aller rejoindre Paul. Je pensais qu’il ferait un départ relativement tranquille comme il me l’avait dit mais je ne le reverrai pas.
Nicolas LEBRETON est le speaker sur le sas de départ, c’est en habitué des courses d’Ille et Vilaine qu’il reconnait mon maillot du HAC et me salut au micro. Je ressens une certaine tension malgré les rappels de sécurité. Ce n’est pas une course mais le décompte y fait pourtant penser. Le public très nombreux pour ce départ, nous apportera des applaudissements quasiment continus sur les 10 premiers kilomètres.
 
Etape 1 : St Quentin – Mortagne au Perche
J’ai pourtant bien été prévenu, le départ est très rapide. Des trous se sont formés et chacun s’attache à rattraper le groupe qui le précède. La moyenne de 40 km/h en sortant de Saint Quentin n’est pas bien prudente vu les kilomètres à parcourir.   
En quittant l’agglomération et avec les premières routes sans public, l’allure se calme enfin. Les efforts fournis pour suivre ce groupe sont récompensés par une allure désormais raisonnable de 30 km/h. Je suis bien à l’abri et les revêtements sont bons, je prends plaisir mais je sens déjà mon genou droit, cela promet !
Je peux enfin commencer à bavarder avec mes voisins, dont un britannique qui me dit avoir fait 3 fois Londres-Edinbourg-Londres, l’autre classique du genre.
Je rencontre un ruban blanc (du forum super randonneur)  DuduBreizic de Quéven.  Nous roulerons quasiment 100 kilomètres ensemble bien à l’abri derrière ce groupe assez important.
Il devient beaucoup plus important une quarantaine de kilomètres de Mortagne, on s’est fait rattraper par le groupe C (comprendre départ à 16h30). Les premiers du groupe n’hésitent pas à nous doubler occupant la voie de gauche. Le peloton d’environ 200 à 300 personnes prend ainsi la totalité de la route. L’avant du peloton s’accrochant au groupe C on se rapproche des cadences du départ. 
Alors que certains semblent oublier qu’ils roulent sur route ouverte, une voiture arrive en face,   devant moi des bousculades puis la chute. Je l’évite de justesse en roulant sur le bas-côté. Effet de masse, personne n’a l’air de vouloir prendre le temps de savoir si ça va. Ca relance déjà. 
Nous entamons les premiers raidillons du Perche, le groupe s’étale. Je suis encore bien frais je commence à doubler pour prendre une avance suffisante sur le gros du paquet et pouvoir prendre le temps de ravitailler. Les jambes sont lourdes sur les dernières côtes avant Mortagne, une courte pause sera bienvenue.
20h30, Gabrielle et Suzanne m’attendent dans le centre-ville de Mortagne. La petite est contente de voir que son papa se trouve parmi tous ces coureurs ! Je prends le temps de manger mon sandwich et mets un maillot manche longues car le mercure commence à fléchir. En repartant je salue Marie-Claude qui arrive pour retrouver son assistant.
 
Etape 2 : Mortagne au Perche – Villaine la Juhel
Je repars seul, la plupart des personnes ne s’étant visiblement pas arrêté à Mortagne qui n’était d’ailleurs qu’un ravitaillement.
Je rattrape quelques cyclos en sortant de la ville, mais j’avais oublié les faux plats sur cette portion. La nuit tombe, je fini par me retrouver dans un groupe d’une dizaine de personnes, nous organisons des relais. Une routine s’installe, le départ tonitruant est désormais derrière nous, il faut rouler mais ne pas s’user,  la moyenne générale s’en ressent.
23h30, en m’arrêtant à Villaine, je sens la fraîcheur s’installer. Je mets une couche sous mon maillot et après une dose de riz au lait je dis au revoir à Gabrielle et Suzanne qui pourront rentrer à la maison. A Fougères Joseph, mon beau père, prendra le relais.
 
Etape 3 : Villaine la Juhel – Fougères
J’arrive à mon premier contrôle. Malgré l’heure tardive, des habitants sont debout pour nous encourager, c’est sympa. En revanche ils ont installé le contrôle des carnets à 50 mètres du stationnement des vélos, pas terrible de marcher avec ces chaussures. J’ai aussi l’impression de perdre du temps.
Je repars de Villaine un peu seul, mais suis rapidement rattrapé par 2 ou 3 personnes. En roulant dans les roues, l’effet mouton me rattrape, je ne regarde pas les panneaux en supposant que les autres le font pour moi. Mais la nuit leur visibilité est réduite. Une voiture ralentie en nous dépassant, la conductrice baisse sa vitre et s’adresse à une personne du groupe, je n’entends pas ce qu’elle dit mais je ne tarde pas à la savoir. « - HEP ! C’EST PAS PAR LA !! » crie t’on devant. On m’explique que cette conductrice s’est adressée en anglais pour nous prévenir de la mauvaise direction. Qu’est-ce que cet ange gardien faisait là ? Nul ne l’a su, toujours est-il que sans elle on aurait certainement roulé longtemps avant de se rendre compte de l’erreur. En faisant demi-tour nous croisons des motards officiels. Nous avons dû rater le même panneau. Nous retrouvons notre chemin au bout d’une dizaine de km réalisés en dehors du parcours, un sacrés coup au moral lorsque le 2ème genou se fait également sentir. Finalement nous nous retrouvons juste derrière un groupe important. Ça roule bien (du moins j’en ai l’impression car il fait nuit) et je suis à l’abri, c’est une consolation car sans ce détour, ce groupe aurait fini avec cette allure par nous rattraper avant Fougères. Je retrouve Marie-Claude avec qui je peux discuter.  
Il est presque 3h00 quand j’arrive à Fougères. Joseph m’attend avant le contrôle comme il en prendra l’habitude par la suite. Je mange mon riz au lait, je fais les bidons puis je repars pour m’arrêter 200 mètres plus loin, au contrôle. Là, je reconnais Claude (du club de Rennes que j’avais rencontré sur le BRM 600 de St Méen)  et Joseph (allias Sac à dos) que je suis surpris de voir participer à ce PBP, alors qu’il se remet d’une grosse chute dont il a été victime au mois de mars. Il m’explique qu’il a finalement pu faire les brevets manquants au mois de juin. Joseph et Claude ont des numéros de plaques en D (départ à 16h45) et je sais qu’ils roulent bien mieux que moi, mais je suis joueur et décide de repartir avec eux (ou plutôt dans leur roue).
 
Etape 4 : Fougères – Tinténiac
Je me mets en tête de faire la plus courte des étapes dans la roue de ces deux costauds. J’ai l’impression de subir leur cadence mais je sais le relief peu présent sur ce tronçon. Un britannique et un  allemand nous dépassent, Joseph me fait remarquer qu’ils sont en E (départ 17h), j’ai à faire une équipe qui a mis 45 min de moins que moi à faire les 300 premiers km.
Nous nous accrochons à leur roue mais ils nous font rapidement comprendre qu’on doit participer. Dans un premier temps je fais semblant de ne rien avoir entendu. Pour faire bonne figure, je fini par prendre des relais sur 500 mètres mais je suis en train de me griller. En apercevant la lumière de Tinténiac, je remercie Claude et Joseph pour leur roue et leur dit au revoir, il sera plus raisonnable pour moi de ne plus les suivre.
Je retrouve mon beau père (l’autre Joseph) à 5h15. Il est surpris de me voir déjà, je lui raconte que j’étais dans la roue de Sac à dos, il en a entendu parler et comprend tout de suite.
 
Etape 5 : Tinténiac – Loudeac
Repartir est difficile. Il fait 8°, nous sommes bien dans cette partie la plus froide de la journée  que je finirai par appréhender, mes genoux sont douloureux. Je commence à bailler et je préfère rouler piano vers la côte de Becherel en attendant l’aube. Je rencontre un allemand de Düsseldorf, je lui dis que nous passons au plus près de chez moi à Becherel (23 km me sépare de la maison) mais le moral est là et il ne me viendrait pas à l’esprit de rentrer. Nous tardons à trouver un groupe. La route après Saint Méen est plutôt plate mais le revêtement est granuleux. La sortie de la nuit est toujours longue. Nous rejoignons péniblement Loudéac à 8h40, le mercure ne décolle pas.
 
Etape 6 : Loudeac – Carhaix
L’ayant pratiqué sur le brevet de 600, je sais que cette portion est l’une des plus difficile. L’enchaînement des casses-pattes n’en demeure pas moins impressionnant. Jusqu’à Saint Nicolas du Pélem, les toboggans sont interminables, j’appréhende le retour. Le groupe dans lequel je me trouve comprend la première féminine de l’épreuve, je l’apprendrais au contrôle surprise de St Nicolas. Cette information me remonte d’ailleurs le morale car j’en déduis que je me trouve encore parmi les premiers.
Après ce passage infernal, le dénivelé s’apaise un peu. Je fini rejoindre Carhaix à midi. Joseph m’attend avec le nécessaire pour un piquenique au soleil. Ce vrai repas est appréciable après toutes ces barres sucrées. Je planifie ma journée et me fixe comme objectif de ne dormir qu’au retour à Loudéac, afin d’avoir derrière moi ce purgatoire que représente ce tronçon St Nicolas-Loudéac.  Mes douleurs aux genoux m’inquiétant, je prends le temps de consulter le médecin au contrôle. Après un examen consciencieux, iI me diagnostique une tendinite mais je rassure en m’apprenant que je peux continuer sans grand risque, à part une douleur s’accentuera jusqu’à St Quentin.
 
Etape 7 : Carhaix – Brest
Malgré la traversée des Monts D’Arrées cette étape n’est pas pire que la précédente. Les pentes sont assez faibles et le vent se fait discret.
Je me retrouve avec un groupe de Lamballe ainsi qu’un irlandais, nous roulons entre celtes pour traverser ces superbes paysages. Dans la longue montée du Roc’h Trevezel, nous croisons le premier cador, il me donne une impression de sérénité. Il doit avoir 15 minutes d’avance sur un groupe d’une vingtaine de personnes dans lequel je ne parviens pas à reconnaître Michel. J’apprendrais par la suite que ce solitaire était en fait un allemand, Bjorn Lenhard, il arrivera seul à St Quentin après 42h26. L’arrivée à Brest se fait depuis Plougastel et son fameux pont au-dessus de l’Elorn, une belle récompense surtout que j’ai réussi mon objectif de rallier Brest en moins de 24h. En effet, il est 16h00 quand j’arrive au contrôle.
Comme prévue, ma tante m’attend avec ma cousine et ses enfants. Ce moment passé sous le soleil en leur compagnie à manger les victuailles qu’elles m’ont ramenées restera l’un des meilleurs souvenirs de l’épreuve. Nous n’avons pas l’occasion de nous voir souvent, et cette fois je suis venu en vélo !
 
Etape 8 : Brest – Carhaix
La première chose qui me marque en repartant est le nouveau panneau d’indication : PARIS. Cette nouvelle cible me permet aussi de réaliser que je suis désormais en territoire inconnu vis-à-vis de la distance déjà parcourue (620 km).  La circulation est dense en cette fin d’après-midi, la route emprunté jusqu’à Landerneau étant visiblement un axe important. Une fois l’agglomération derrière nous, la route s’élève progressivement. Le vent, discret à l’aller s’avère désormais favorable. Les voitures nous doublent à vive allure, il faut dire que peu de routes traversent les Monts d’Arrées. Je rencontre un anglais bien sympathique, en discutant j’apprends qu’il a fait la TCR l’année dernière, mes respects. Il précise qu’il a roulé avec un finlandais qui l’a bouclé cet été et enchaînait son mois d’août avec le PBP (il y a toujours plus fou que soit dans ce milieu !).  En position assise, mes fesses me font souffrir, je préfère monter par à-coups en danseuse.  Je retrouve Joseph à Carhaix vers 20h00, mon programme fixé ici même à l’aller est bien engagé.
 
Etape 9 : Loudéac – Carhaix
Je repars au soleil couchant, je croise de plus en plus de cyclos en route vers Brest, ça donne le moral. Sachant mon objectif de fin de journée réalisable, je me détends, je salue les cyclos croisés, je profite de l’ambiance sur le bord des routes, je lambine, je passe des coups de fils …
Maël Carhaix, contrôle surprise. J’essaye de me reconcentrer. En repartant, je déplore aucun compagnon ni devant ni derrière mais en face, impossible de se retrouver seul.  
Je suis enfin doublé par quelqu’un, je m’accroche. En repassant à St Nicolas du Pélem, on nous arrête à nouveau. Ce contrôle surprise qui est aussi un point de couchage, vit à cette heure-là son pic de fréquentation.  Après avoir trouvé, non sans difficulté, une place pour mon vélo, je me dirige vers le contrôle.
J’essaye de prendre sur moi en apprenant par les bénévoles que je n’ai pas à pointer au retour, je me suis arrêté pour rien, j’ai l’impression de ne pas avancer depuis Carhaix. En repartant, je fini par trouver un petit groupe. Il fait nuit noire, nous croisons désormais énormément de monde et nous sommes largement minoritaires. En face, les éclairages commencent à nous éblouir. Certains d’en face se plaignent, les gonflés !
En sortant de St Martin des Près, j’aperçois des gyrophares, un camion de pompiers et des gendarmes.  En arrivant sur place, je constate un vélo posé sur le bas-côté. J’apprendrai plus tard qu’il s’agissait d’un cyclo de 69 ans qui décèdera des suites de son malaise cardiaque. Tout allait pourtant pour le mieux alors qu’il pointait chez lui juste à Loudéac.
Les côtes sont encore plus raides dans le sens retour. Dans les descentes, il nous est impossible de prendre de la vitesse car nous sommes éblouis et le revêtement est mauvais. Si j’avais bien appréhendé la difficulté de cette étape, c’était sans compter sur ce flux ininterrompu de phares bleus éclairant vers le haut. Mon éclairage en revanche s’avère à cet instant décevant.
Je suis énervé par l’état des routes. Je mets cet énervement à profit pour monter en force les dernières patates. Après Grâce-Uzel, je sème le petit groupe, j’aperçois le halo de lumière et devine qu’il s’agit de Loudéac. L’éclairage urbain est une délivrance, je peux enfin prendre de la vitesse dans les dernières descentes. L’arrivée en ville est interminable mais nous sommes mardi et il est 1h30 et je vais enfin pouvoir me reposer après 31 heures de vélo. Mon objectif fixé ce midi à Carhaix est atteint.
Pour pouvoir m’endormir sereinement, je me dois d’être rassuré sur l’endroit où laisser mon vélo. Joseph trouve la solution,  le ranger à l’avant de la voiture pendant qu’il dormira à l’arrière. Je me dirige vers ma récompense, le dortoir.  
Je commence par la douche. Je me retrouve en compagnie d’asiatiques, je tente d’entamer une conversation mais mon interlocuteur ne parle pas l’anglais. En me mettant à leur place, je relativise mon challenge à côté du leur avec tout ce dépaysement. Cela fait 45 heures que je n’ai pas dormi et je n’ai plus toute ma tête. Je mets un temps fou à me déshabiller,  à me laver puis à trouver des affaires propres. Le local a pourtant l’air chauffé, je grelotte. Par sécurité pour mes fesses je décide de changer de cuissard, mais ce nouveau ne saura pas être aussi confortable que le premier porté pendant 750 km.  En arrivant au couchage, je déplore la fréquentation, je me mets dans la queue qui me paraît interminable ... Je retrouve Joseph et Claude, comment se fait-il qu’ils ne soient pas plus devant ? Mon tour arrive, je demande à être réveillé à 5h00 ce qui me laissera 3 heures de sommeil. On me guide à ma place, je suis impressionné par la taille de ce dortoir. En m’approchant, le bruit de ronflement aussi m’impressionne, mes bouchons d’oreille seront utiles. Mon sac de couchage le sera également (merci l’assistance), nous sommes dans un gymnase et les lits de camps ne sont dotés que d’un petit drap. Je m’endors assez facilement mais suis réveillé en frissons au bout de 2 heures. A 5h00, on vient me réveiller, je traine un peu et fini par me lever au bout d’une demi-heure. En sortant je salue les bénévoles qui grillent de la saucisse, j’aime la galette-saucisse mais dans ce contexte précis je ne suis pas tenté.
Je réveille Joseph qui me dit avoir bien dormi, c’est rassurant. Après une petite collation je reprends la route, il est 6h00 et l’aube pointe le bout de son nez. J’aurai ainsi évité la partie la plus ingrate de la journée. Bien que très couvert, j’ai ressens toujours le froid, il fait pourtant 11°, c’est moins froid qu’hier. Repartir me fait découvrir une nouvelle douleur au talon d’Achille.
 
Etape 10 : Loudéac – Tinténiac
En repartant, je fais la connaissance d’un cyclo de Montigny le Bretonneux, il n’en est pas à son coup d’essai sur cette édition. Le revêtement granuleux des routes costarmoricaines nous emmenant vers St Méen est assez désagréable, la baisse du niveau confort avec ce nouveau cuissard se confirme. Il me vient à l’esprit de dégonfler mes pneus (gonflés à 8 bars pour le départ tonique), mais des beaux revêtements nous attendent après St Méen. Arrivé au Loscouët, je retrouve les routes des sorties dominicales ? Connaître à l’avance le profile me semble être un avantage. Dans la côte de Bécherel, un break 307 vient à ma rencontre. J’ai tout de suite reconnu Julien accompagné de ses enfants, ils viennent m’encourager jusqu’à Tinténiac.
Au contrôle, je serai bien entouré. Mes parents sont là aussi avec mon cousin. Maman m’a fait du riz au lait, exactement ce dont j’avais besoin. J’en profite pour me faire masser les genoux avec l’anti-inflammatoire. Ce traitement est très efficace, je ne ressentirai quasiment aucune douleur pour les 100 prochains kilomètres.
 
Etape 11 : Tinténiac – Fougères
C’est en compagnie d’un lyonnais que je parcourrai cette courte étape. Il commence à faire bon, nous sommes aussi accompagnés par un cyclo hors épreuve qui vient se renseigner pour se laisser tenter par la longue distance. La vitesse n’est plus qu’un lointain souvenir mais les 50 kilomètres seront parcouru sans grande difficulté. Il est midi quand j’arrive à  Fougères.  La belle famille est là et Suzanne avec eux. Ces routes d’Ille et Vilaine sont une promenade de santé lorsqu’elles sont ponctuées de pauses en famille. Je prends le temps de manger et surtout de boire. Le mercure grimpe mais je préfère rester couvert. Depuis le passage par cette ville à l’aller je n’ai jamais eu trop chaud.
 
Etape 12 : Fougères – Villaines la Juhel
En repartant, après tant de bonnes intentions et d’encouragements, je n’ai pas vu venir la difficulté de l’étape. A la sortie de la ville, les côtes annoncent la couleur. Nous quittons le bassin rennais vers le bocage mayennais. Je rencontre un autre jeune, originaire de Corrèze il n’a que 25 ans, je le félicite pour participer à ce genre d’épreuve. Il me dit avoir rallié Brest en 22 heures et hésité à rentrer en train ! C’est son premier PBP et il affirme avec certitude qu’il s’agira du dernier. Je lui recommande de prendre son temps et de profiter de l’ambiance car son délai le lui permet largement. Un anglais sur le bord de la route nous propose justement du café et des gâteaux fait maison, la belle aubaine. Un biélorusse s’est aussi arrêté, il parle un peu anglais et nous encourage à participer à un brevet qui se déroulera en 2016 : Brest-Minsk !
Après avoir remercié chaleureusement notre anglais nous repartons. Il fait chaud mais je n’ose pas me découvrir, c’est peut être une erreur. La douleur à la cheville m’empêche d’appuyer sur les pédales. Par ailleurs je suis pris par le feu au pied. Grâce à l’expérience acquise cet été, je connais le remède : enlever l’une des 2 paires de semelles. Le rendement de la route est mauvais, de plus ce relief bocager est exigeant, là aussi beaucoup de toboggans. Je n’avais pas bien appréhendé cette portion ni à l’aller ni lors du brevet de Laval car dans les 2 cas il faisait nuit. Je m’arrête enfin pour dégonfler mes pneus, le changement est radical. Je m’en veux de ne pas l’avoir fait plus tôt.
Je m’arrête au Horps boire un coca à l’ombre car je vois mes bidons se vider. Je discute avec les commerçants ainsi qu’un suédois avec qui je reprends la route. Je m’arrête 4km plus loin, au Ribay. Sur le bord de la nationale 12, des bénévoles ont organisé une sympathique halte avec des lits de camp sous une tente, boisson et nourriture distribuées gratuitement pour les randonneurs.   
En repartant, je prends la roue d’un allemand. C’est le premier parti en moins de 90 heures à me doubler, c’est dire s’il avait prévu large. Il est de Fribourg en Brisgau dans les Montagnes Noires. Nos discussions me feront oublier la difficulté des vilaines côtes avant Villaines.
Cette ville étape a fait du PBP une fête communale. Les habitants qui étaient déjà présent à l’aller (alors qu’il faisait nuit) constituent un public chaleureux. Je retrouve Joseph, nous sommes rapidement abordés par un habitant qui m’apporte une chaise. Il m’explique qu’il a pris le départ le dimanche soir avec les cadors. Tout allait pour le mieux jusqu’à ce qu’il perde brutalement la vue en arrivant à Loudéac. Là, le médecin a immédiatement pris la décision de l’hospitaliser à Rennes. Il avait depuis retrouvé la vue mais sa déception était largement perceptible.
Au contrôle je félicite les bénévoles pour la qualité de l’accueil. Mes douleurs aux genoux ayant été fortes, je décide de consulter le médecin qui m’a par ailleurs été recommandé. Cette consultation me rassure, les échanges avec l’équipe médicale sont sympathiques, le médecin a trois PBP à son actif. Après un massage du tendon d’achille je repars très motivé pour en finir cette nuit.
 
Etape 13: Villaines la Juhel – Mortagne au Perche
Peu après avoir quitté Villaine, je me retrouve en compagnie d’un belge prénommé Frédéric.  Nous sympathisons très vite et refaisons le monde tout la durée de l’étape. Nous échangeons sur nos expériences communes mais visiblement la sienne en matière de longue distance a l’air bien plus riche (diagonales, plusieurs PBP dont le fameux 2007 ainsi que Londres-Edinbourg-Londres). Nous rattrapons un groupe composé de bretons et de franciliens. Ils ont une allure très prudente et nous préférons rester avec eux d’autant plus que la nuit tombe. La fatigue accumulée depuis 52 heures ne se voie plus seulement sur les visages mais aussi sur les comportements. Je vois pour la première fois un cyclo rouler penché, les murs sont parfois rasés de près et heureusement que ses camarades veillent au grain pour le tenir éveillé jusqu’à Mortagne.
Au contrôle, je confie mes bonnes sensations à Joseph. Il fait encore 17° et je ne ressens pas la fraîcheur, je ne ressens pas non plus le besoin de sommeil. Bien que je craigne la fraîcheur nocturne, il n’est pas question de m’arrêter en si bon chemin et surtout en si bonne compagnie. Pour la première fois, je repartirai du contrôle avec le même groupe.
 
Etape 14 : Mortagne au Perche – Dreux
En repartant, la fraîcheur est présente en bas des descentes, l’air froid ayant tendance à s’accumuler en bas des vallées. Les côtes qui s’enchaînent en limitent la sensation. Mis à part la fraîcheur, je préfère passer le Perche de nuit pour ne pas voir arriver les côtes, elles sont nombreuses et plutôt longues sur une trentaine de kilomètre après Mortagne. En chemin, nous rencontrons des personnes qui dorment sur le bas-côté ou dans les agences bancaires pour les plus malins (ou plus chanceux). A Longny au Perche (vingt kilomètres après Mortagne) une américaine nous demande son chemin … vers le contrôle de Dreux. Je lui explique qu’il lui reste 50 kilomètres à parcourir et qu’elle n’a qu’à se joindre à nous pour ne pas rouler seule, elle me reformule sa question, je lui recommande de se poser pour dormir un peu, elle semble en avoir bien besoin. Elle reconnait son besoin de sommeil mais me repose inlassablement sa question …
A Senonches, où nous quittons enfin dans le relief du Perche, de courageux bénévoles bravent les températures nocturnes pour nous offrir de la soupe et du café. Sans hésitation, nous nous arrêtons tous, mais l’arrêt est de courte durée car refroidir par ces températures et cet état de fatigue pourrait être fatal. Les routes de Beauce nous permettent une progression facilitée, c’est plat et les revêtements sont bons. Nous finissons par arriver à Dreux à 3h30.  Je retrouve Joseph et lui confirme mon intention d’en finir cette nuit, pas question de dormir si près du but et risquer un réveil pleins de douleurs aux articulations.
 
Etape 15 : Dreux – St Quentin
Au contrôle j’ai fait la connaissance d’un suisse, par prudence, nous repartons ensemble. Le groupe ne nous ayant pas attendu, je me mets en tête de le rattraper, le suisse préfère me laisser filer. Je me retrouve finalement seul en chasse patate, avec au loin les lumières rouges qui me semble être mon groupe. Pour la deuxième fois depuis le début de l’épreuve  je loupe une pancarte, mais mon détour ne sera que d’un kilomètre. Je fini par rejoindre le groupe qui est bien celui de bretons/franciliens.  A une  trentaine de kilomètre de l’arrivée nous retrouvons du relief avec la forêt de Rambouillet. Les côtes sont assez longues mais le revêtement favorable, certains ont encore suffisamment de ressources pour se défier aux pancartes. 
Le panneau annonçant l’agglomération de St Quentin arrive comme une délivrance, mais il nous reste quelques kilomètres ponctués de faux-plat. Au moment où nous pensons atteindre notre but, le fléchage nous oriente vers un ultime détour, le passage par la base de loisir. Il est 6h30 quand nous atteignons enfin le vélodrome, l’arrivée est assez décevante. A cette heure matinale, aucun public n’est présent, juste un bénévole pour nous dire de ranger nos vélos avant de rejoindre l’intérieur du vélodrome, pas très triomphant comme fin d’épreuve …
En arrivant à l’intérieur du vélodrome nous rendons notre puce, et nous avons droit à une collation. Je prends mon repas en compagnie de Miguel qui est là  à attendre que Paul finisse sa nuit, il a l’air aussi fatigué que nous.
Je fini par retrouver Joseph qui me félicite, puis Frédéric le belge rencontré après Villaine, les retrouvailles avec toutes les connaissances sont un moment très agréable, mais il est temps de rentrer sur notre Bretagne avec des souvenirs pleins la tête ... et des douleurs pleins les fesses.
 
Récupération et épilogue
Après quelques nuits de sommeil, j’ai des douleurs aux 2 mains et plus aucune sensation sur les doigts de la main gauche. Je pense que j’aurais dû soigner un peu plus l’amorti du guidon par un ajout de mousse comme j’ai pu le voir parmi les autres cyclistes et surtout dégonfler mes pneus plus tôt.
Le périnée aura aussi souffert malgré la pose d’une selle SMP supposée le protéger. Je pense tout de même que cela aurait été bien pire avec ma précédente selle en cuir. J’ai moins de douleurs qu’après le BRM 600.
Cette épreuve aura été une formidable aventure. Sur l’aspect sportif, mon objectif premier qui était de terminer dans le délai de 80 heures a été atteint. L’objectif secondaire qui visait les 60 heures a quasiment été atteint et pourrait être  un objectif sur une éventuelle participation en 2019. L’aspect humain quant à lui est encore plus positif, les rencontres ayant été très nombreuses (des nouveaux compagnons de route à chaque étape et de toutes les nationalités) et l’ambiance sur les bords de route juste magique. La générosité des habitants des villages traversés m’a complètement bluffée. A lui seul, cet aspect-là m’encourage à réitérer cette expérience en 2019.
Je ne saurai terminer ce récit sans remercier ma famille venu m’encourager tout le long de cette épreuve. Je remercie plus particulièrement Jospeh pour m’avoir apporté son assistance logistique dans le confort spartiate de sa petite Skoda.  
 
 
Mathieu
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tony2
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MessageSujet: Re: Un rêve de longue date enfin réalisé   Un rêve de longue date enfin réalisé Mini_h10Mer 16 Sep - 13:56

Félicitation à toi pour ton PBP Top
Et merci pour ce récit "fort bien écrit", qui me motive encore un peu plus pour être de ceux du PBP 2019 bounce
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Bigoule
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MessageSujet: Re: Un rêve de longue date enfin réalisé   Un rêve de longue date enfin réalisé Mini_h10Mer 16 Sep - 21:12

"Fort bien écrit" c'est très gentil de ta part Wink , bien que j'ai pris le temps de me relire, je ne suis pas spécialement fier de mon style.
Le but d'écrire les comptes rendus est justement de donner envie, pour ma part c'est en lisant ce genre de chose que j'ai eu envie de me lancer. A dans 4 ans alors ...
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Cath
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MessageSujet: Re: Un rêve de longue date enfin réalisé   Un rêve de longue date enfin réalisé Mini_h10Jeu 17 Sep - 19:03

Chouette cr. !!!!!
Ca donne envie...
Cath
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MessageSujet: Re: Un rêve de longue date enfin réalisé   Un rêve de longue date enfin réalisé Mini_h10

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