Je ne vous ennuyerai pas avec un long CR, je suis d'ailleurs incapable de revenir en détail sur mon PBP, tant je ne garde qu'une vision globale des évènements, quand je ne vais pas jusqu'à oublier totalement certaines zones de mon parcours.
A bientôt 64 ans, je ne savais trop de quoi j'étais capable. Après mes 65h18 de 2015, je caressais le rêve de faire un peu mieux. Conscient que je n'étais guère capable de rouler plus vite en ayant 4 ans de plus, je choisis délibérément de ne pas m'arrêter pour dormir, sauf extrême nécessité. Et j'optai aussi pour un départ moins... rapide où il me semblait avoir laissé quelques plumes en 2015. Je suis parti dans le même groupe C afin d'avoir les mêmes repères horaires.
A vouloir partir moins vite, je me suis retrouvé dans un groupe peu organisé pour lutter contre le vent où beaucoup se dérobaient pour mener, et où ceux qui passaient ne savaient guère ce qu'est rouler en peloton ( accélération brutale, "redescente" du mauvais côté, etc...)
Après Villaines où j'accusais déjà 48' de retard sur 2015, je me suis retrouvé livré à moi- même la plupart du temps, ce qui n'était finalement pas pour me déplaire. La 1ère nuit s'est passée sans incident ou... presque. A Fougères, un authentique Ostrogoth a fait tomber ma monture stationné dans le parc à vélos, tordant ma chape de dérailleur. Le vélociste à Tinténiac m'a dépanné en urgence, rendant la mécanique opérationnelle, sauf pour les 3 plus grands développements, ce qui n'est guère handicapant sur PBP.
La traversée du centre Bretagne est toujours un plat de résistance aussi copieux! Mais je l'ai avalé sans indigestion, devant composer avec ce vent permanent.
J'ai atteint Brest après 27h55 d'effort ( soit 1h47 de plus qu'en 2015), mais beaucoup plus frais.
Après un ravito éclair, je prends la route du retour et n'ai plus que 58' de retard à Carhaix. Contrairement à 2015, je n'ai guère de coup de mou sur le retour mais mon retard accuse 2h30 à Villaines, et même 2h59 à Mortagne. Ceci expliquant peut-être cela?
A Mamers, j'ai dû effectuer un arrêt pour dormir dans un sas de banque, tant la situation me l'imposait. Je donne les chiffres avec précision parce que j'en ai pris connaissance ensuite, mais sur le terrain, je n'en avais vraiment qu'une vague idée.
A partir de Mamers, je vais connaître ce dont tout cyclo rêve, surtout sur PBP. Mes jambes vont tourner sans faiblir et je m'en rends surtout compte car des cyclos que je rattraperai, personne ne prendra ma roue, et ce, jusqu'à l'arrivée!
Je ne sais si mon départ prudent y est pour quelque chose, mais je finis bien mieux qu'en 2015. Pour preuve, j'ai refait intégralement mon retard et pour la première fois, je suis en avance sur 2015 (plus long il est vrai de 16km), soit 65h05'15" à l'arrivée. Je n'en espérais pas tant, même si je suis toujours resté convaincu que la 3ème nuit serait déterminante.
Autre détail révélateur, à considérer avec distance cependant: 517ème temps en 2015, 381ème cette année sur les fichiers à disposition. Et certains cyclos qui me précèdent de peu ont en effet eu jusqu'à 4h d'avance.
Je n'ai pas la sensation d'avoir accompli quelque chose d'extraordinaire, plus le sentiment d'avoir correctement exécuté le job, maîtrisant la situation surtout mentalement, car entre Tinténiac et Loudéac notamment, je n'ai pas pris énormemént de plaisir et le froid nocturne humide et pénétrant n'avait vraiment rien d'agréable.
Le parcours en lui-même n'a rien de somptueux, mais c'est cette épreuve qui a une âme. Cette magnifique aventure humaine et sportive ne vous lâche plus, une fois que vous y avez goûté. C'est trop tôt pour dire que je serai présent en 2023. C'est mon envie qui dictera ma décision et aussi mon dos, maillon faible de ma condition physique.