BRM600 FRIBOURG
En Juin les 600 fleurissent dans le calendrier comme les fleurs dans les prairies. Pour les aspirants à PBP c'est la dernière étape avant de valider son inscription. Ce n'est évidemment pas la plus facile. J'ai lu sur les réseaux que certain renforçait encore la difficulté en se rendant au départ en train. Ou la la … Je ne suis pas fou à ce point, comme pour les brevets précédents roulés à Vesoul et Strasbourg c'est à vélo que je me suis rendu la veille à Fribourg où j'avais la chance et le plaisir de pouvoir compter sur l'hospitalité de Simone Schwartz et de sa petite famille. Que se soit en trail ou à vélo le sport m'a offert de belles rencontres, en France et par-delà les frontières. Simone la plus française des allemandes collectionnant les trophées dans nos montagnes est de celles-là.
Après une bonne nuit je n'avais que 3km a parcourir Samedi matin pour rejoindre l'Augustiner pour le copieux petit déjeuner traditionnellement offert au départ des brevets allemands, toujours organisés par les inoxydables Urban et Walter. Depuis toutes ses années (selon les statistiques de Walter mon premier brevet à Fribourg date de 2013, et c’était déjà un 600) je ne comprends toujours rien en allemand mais bon nombre de visages me sont aujourd'hui familiers. Un sourire complice vaut mieux que de longues palabres.
Exit les traditionnels cartons de route à tamponner, sur ce Jura Brevet limité à 90 participants nous devions utiliser un système de contrôle à télécharger permettant la géolocalisation aux endroits de contrôle définis (boulangeries ou restaurants) d'où nous devions envoyer un selfie. Le départ s'est effectué en 3 groupes espacés de 10'. A 8h10 mon Garmin me faisait encore quelques caprices, je me suis collé au petit train des autochtones pour sortir de la ville le temps de récupérer laborieusement la trace mais sans la cartographie, conscient alors qu'il me faudrait redoubler de vigilance pour ne pas m'égarer. Heureusement je commence à connaître un peu les routes du Sundgau et du Jura …
Avec un bon vent favorable les premiers kilomètres dans la plaine ont défilé rapidement. Après 40 bornes nous passions la frontière à Neuberg. J'ai dû lâcher mon petit groupe un peu plus loin pour satisfaire une envie pressante avant de retrouver le troupeau à la boulangerie de Sierentz pour le premier contrôle. Les vallonnements du Sundgau permettent une mise en action progressive avant de passer une nouvelle fois la frontière pour cette fois rentrer en Suisse à Miecourt.
Nous sommes dans le Pays d’Ajoie et les choses sérieuses débutent au petit village d'Assuel lorsqu’on aborde la terrible bosse de La Malcôte qui porte bien son nom. La pente demeure sévère pour rejoindre La Caquerelle ou je m'accorde une courte pause sandwich en regardant passer les copains alors que le soleil commence à taper sérieusement. La corniche du Jura permet un peu de répit et nous arrivons rapidement à Lajoux (km 132) pour le second contrôle. Nombreux sont ceux qui se pose sur la terrasse de la pizzeria, j’enchaine directement après avoir englouti une banane et quelques gâteries. Nous voilà dans les Franches Montagnes, régulièrement nous passons les bovi-stop pour s’enfoncer au cœur d’une campagne authentique, entre pâturages et grands sapins, navigant au milieu des troupeaux de vaches et des chevaux. Le parcours est très beau, la météo est parfaite, c’est un pur bonheur.
Sans regret nous évitons La Chaux de Fond par une superbe petite route jusqu’à un carrefour ou il ne reste que 3 km sur la grande route pour grimper jusqu’au col de la Vue des Alpes (km 172), troisième point de contrôle. Malheureusement le ciel s’est un peu couvert, et je dois même enfiler manchettes et coupe-vent pour aborder la longue descente de la Sagne et une ultime dégringolade en lacets joueurs sur le magnifique Val de Travers.
Un nouveau contrôle dont je ne saisis pas bien l’intérêt est fixé à Motiers (km 207). Bref, j’en profites pour recharger les bidons. Après quelques kilomètres de transition dans la vallée me voilà au pied du col des Etroits et je n’en menais pas large. De sourds grondements de tonnerre m’inquiètent, ce n’était pas vraiment prévu par la météo et j’avais fait l’impasse sur l’imperméable. Je gamberge un peu en imaginant le pire, le Poucet rincé avant d’aborder la nuit. Je croise le parcours du Swiss Canyon Trail juste avant le col, il faudra que je vienne le faire celui-là, car il manque à mon curriculum vitae et ce coin est vraiment très beau. En attendant me voilà à la douane de l’Auberson, on bascule sur les Fourgs, le toit du Haut Doubs. Encore un petit effort pour gérer la petite route forestière a travers les pistes de ski et il n’y a plus qu’à se laisser glisser sur Jougne par les Hôpitaux Vieux et les Hôpitaux Neufs.
Peu avant Vallorbe je mets le clignotant à droite et quitte le parcours. Le hameau des Piquets est à 500m … La petite route est en pleine réfection (au grand dam des habitants qui auraient préférés qu’on s’occupe du hameau), c’est l’occasion d’en mettre partout sur les roues et sur mes pompes. Mais bon, ce petit supplice valait amplement le plaisir de retrouver le petit chalet du bonheur (voir mes pérégrinations précédentes sur FB). Laurence et Fabrice m’attendaient … Quelques instants plus tard j’étais les pieds sous la table. Mes amis en étaient à leur troisième jour de jeune dépuratif mais Fabrice m’avait pourtant cuisiné un menu spécial cyclo fatigué : soupe maison avec plein de fromage, entrecôte, purée maison enrichie aux pois cassés, double flan. Et un grand café là-dessus, impossible de rêver mieux. Laurence m’explique qu’il a déjà plu aux Piquets et que je vais probablement échapper a la rincée, Fabrice glisse un sandwich beurre cacao et deux bananes dans ma sacoche. En 50’ chrono me voilà requinqué et paré pour la nuit. MERCI les amis.
Pour éviter le retour par la route défoncée j’ai pris par le petit pont de bois qui fait office de frontière, traversé la prairie devant la ferme de La Frasse et plongé sur Vallorbe afin de récupérer la trace au pied du col du Mont d’Orzières. Encore un qui n’est pas a prendre à la légère. Par bonheur j’ai pu basculer de jour et arriver pile poil au Pont alors que la nuit se posait sur le Lac de Joux. Il faut aller pointer à la gare du Sentier (km 267), tout au bout avant de revenir par l’autre rive. La route est mouillée dans le col de la Croix Landoz. La lune est belle, la nuit est claire, mais la température chute brusquement. Je me pose au sommet pour enfiler toutes les fringues pour la nuit avant la longue descente sur Mouthe. La suite est facile, relativement tout en descente, il faut juste rester attentif et gérer la fatigue.
Inutile d’aller au-delà du raisonnable, mon cerveau ne serait pas contre un petit break et un Sas de banque tout confort arrive juste à propos dans la traversée de Salins les Bains. Je m’assoupis environ 30’ et retrouve immédiatement un rythme bien plus alerte. La petite grimpette sous la lune pour sortir de la ville est superbe. Il faut déjà bifurquer sur la gauche pour glisser vers Myon (km 350) pour le sixième contrôle ou je retrouve Anne Laure et Frank qui semblent encore bien fringant. Le jour est levé lorsque je passe devant le château de Cléron avant de rejoindre la Vallée de la Loue et Ornans encore endormie. A cette heure matinale la remontée des gorges de Nouailles par Loods et Mouthier est un pur bonheur …
Il est un peu plus de 7h30 quand je fais l’ouverture du Vival à Arc sous Cicon. Il est temps de faire quelque chose qui ressemble a un petit déjeuner. Il n’y a rien qui ressemble a du café dans les rayons, je me rabats sur les viennoiseries et les bananes, avec un schweps pour faire glisser. Et je me pause sur les marches. Les premiers clients déboulent et me regardent amusés … Je dois avoir une de ces tronches !!! Ou alors est-ce l’odeur ??? Et voilà l’épicier qui rapplique …
- mais vous voulez que je vous fasse un café ?
- ah ben oui alors …
Le village se réveille et tout le monde vient chercher son pain, l’épicier est à l’ouvrage …
- grand café ou petit café ?
- ben grand café …
Je navigue un peu sur les réseaux en engloutissant mes viennoiseries pendant que mon épicier s’affaire à servir la foule
- Voilà vote café, désolé ça a été un peu long …
- Merci beaucoup, c’est vraiment gentil. Je vous dois combien ?
- Ben rien …
Ces impromptus d’humanité font la richesse des BRM et de l’aventure a vélo !!!Le contrôle suivant est fixé un peu plus loin à la boulangerie d’Orchamps Vennes, km 417. J’ai bien fait de ne pas attendre car la queue va jusque dans la rue … Le pointage via le téléphone m’évite de perdre beaucoup de temps. Il n’y a plus qu’a laisser glisser par le Cirque de Consolation et la Vallée du Dessoubre jusqu’à saint Hippolyte, puis de longer le Doubs pour rejoindre Pont de Roide. La suite est moins marrante, on contourne Montbeliard par les banlieues et les zones commerciales. Le seul intérêt est d’y trouver de quoi bequeter. Une assiette kebab et un coca feront le bonheur de mes papilles et de mon estomac.
Etupes est l’ultime taquet de la journée. Ce n’est pas bien long mais vraiment coriace, à l’heure de la digestion je le sens moyen. Bref ça nous dépose enfin sur l’Eurovélo 6 pour remonter plein nord. Et là la galère commence vraiment avec un diabolique vent contraire, aussi compliqué pour les gambettes que pour le mental. C’est là que les petits bobos se font sentir, sous les ischions, les pieds, les paumes … Juste après la sortie de la piste, juste avant Bernwiller je sens une poussette dans mon dos. C’est Michael Feldberg tout sourire qui conduit un petit groupe ou il y a également Stutz et Walter, qui m’invite a prendre les roues. D’habitude je ne peux pas les suivre, ils sont bien trop costauds pour moi. Mais quant ils sont fatigués, finalement ça peut le faire !!! Michael en avait sous la semelle est a fait un sacré boulot pour nous tirer face au vent. Ensuite quand on a bifurqué vers l’Est on s’est organisé du mieux possible pour gérer ce foutu vent de travers, pas plus confortable. La discipline allemande a fait merveille, pas de fanfaronnade dans la troupe, groupir jusqu’au bout. On ne peut pas dire que l’interminable approche de Fribourg m’a fait vibrer, mais l’ambiance dans ce petit groupe m’a vraiment beaucoup plu. Une bonne tape dans la pogne et les costauds étaient déjà attablés avec des bières … Je m’en suis tenu à un double coca car j’avais encore un peu de route pour rentrer à la maison.
Bon voilà, les brevets c’est dans la poche. Reste plus qu’a finaliser mon inscription. Le site de l’ACP est très bien fait mais le souci c’est qu’il faut passer par Paypal pour payer l’inscription. Et tout est fait visiblement pour que ça ne fonctionne pas sans passer par l’ouverture d’un compte. Ce n’est pas ce qu’on appelle du racket ?