Je fais pas de vélo
et j'ai même plus le temps de taper mes CR mais bon afin de donner peut être envie à certains de se lancer sur un 300 bornes bientôt...
Bon courage à ceux qui iront bout de ces lignes sans
Une fois n'est pas coutume, ce matin le portable sonne à 1h15 pour le départ de ce brevet prévu à 3h. Moins de 3 heures de sommeil pour un défi de 300 bornes, compte tenu de mon régime MC Do, de mon petit 50 bornes de lundi et de mon état de forme à la fin du dernier 200 bornes, je ne suis pas sur que ce soit très raisonnable. Mais bon l'envie est là, et je suis confiant car les jambes sur les 2 dernières sorties étaient bonnes. Trajet voiture classique (plus long car je pars de chez les beaux-parents), sauf cette chanson à la con qui va me revenir quand je serais dans le dur. Je me suis prévu une playlist sur le portable (3 albums d'Oasis pour oublier les difficultés) si je n'ai plus envie d'avancer.
Je me gare toujours au même endroit, au pied de la collégiale d'Auffay, 2h45 (les Jacquemarts sonnent). Je me place sous la protection du ciel car la route n'est pas vraiment sans danger pour les cyclos nocturnes. Une heureuse surprise m'attend sous le hall de la mairie (3 vélos couchés et 1 trike seront de la partie). Je vais pouvoir observer de prés ces engins qui m'intéressent depuis un moment. Je règle mon inscription et prend les infos du temps et des groupes prévus. Le président du club d'Auffay, Mr Legall (Cyclohn), m'informe que 2 groupes se profilent, selon moi le plus rapide devrait être celui des vélos couchés mais ils ne prévoient pas de rentrer avant 21 H. Le Club d'Auffay prévoit un tempo plus rapide du même ordre que sur le 200 bornes (c'est plus pour moi, et oui je n'envisage pas de rentrer trop tard). Je rejoins ma monture, feu avant, feu arrière, feux latéraux (et oui je matérialise la largeur du cintre avec 2 embouts lumineux) et lampe frontale…tout l'éclairage est prêt. Les vélos couchés sont prêt à partir, j'échange quelques mots, une fille et son trike (Cyclochica) c'est encore plus impressionnant que des mecs en vélo couché. Au total, 1 High racer (Normandie-bent), 2 Low racer, un trike et un High racer de conception perso avec transmission à l'avant (Jeanlou), et là je sais déjà que si un cycliste égaré est tombé sur mon blog, il pleure de n'avoir rien compris à la phrase qui précède.
Pour en revenir à l'éclairage, le mien est insuffisant pour voir mais pas pour être vu, je choisis donc de partir en groupe pour ne pas trop être dans le noir. Les vélos couchés s'élancent, je prends les roues, je suis le seul vélo droit dans ce groupe de 5, car le dernier vélo couché dans son camping-car prend le départ plus tard, apparemment il roule plus vite. Le départ se fait par le même itinéraire que pour le 150, jusqu'au bac de Duclair (1er bac à 5 h), 2 heures pour faire moins de 40 bornes, en principe on devrait attendre le bac. Le trike est quand même plus lourd à emmener et dans les montées notre cyclote se fait aider, son coach perso la guide dans les efforts pour gérer la distance, à vrai dire elle s'en sort bien.
J'évolue dans ce groupe, j'apprécie le plaisir de rouler de cette manière, la route doit s'offrir autrement dans cette position. Je discute plus avec le cyclo en High racer Baccheta (il semblerait qu'aux USA ce modèle fasse fureur chez les bentrider), le dernier bent un Low racer velokraft en carbone, évolue un peu à l'arrière du groupe, ma présence l'empêchait peut être de se positionner dans ce groupe de vélos couchés. Les descentes semblent plus confortables pour eux, les bouts droits sont pareils qu'en vélo droit (mais bon ce n'est pas un groupe de furieux), les montées je suis facile mais la présence du trike contribue à ralentir la progression. Mon cyclo en Baccheta prend des photos et des vidéos, je vais peut être pouvoir récupérer quelques images de moi…Le dernier vélo couché nous reprend avant Barentin, il n'est pas parti si tard que cela finalement. Il roule un bout en notre compagnie, il est à l'aise sur son engin, un drôle d'oiseau qui a fabriqué son bent et l'a équipé d'un GPS : de quoi aller loin ! Le personnage évolue en fait le plus souvent seul, heureux de rouler accompagné à l'occasion, mais appréciant la route en solitaire.
Le timing est tenu, à 4H30 nous sommes prêts à embarquer sur le bac, il est encore sur l'autre rive et ne démarre sa journée qu'à 5 H. Le flot de vélos droits, dont les lumières nous accompagnaient de loin en loin, nous a rejoint et la traversée se fera groupée. Duclair profite d'un arrosage matinal de ses fleurs par des cyclos à la vessie refroidie par l'attende dans le froid. Les vélos prennent du repos, les vélos couchés et le trike sont l'objet de toutes les attentions et les suspicions.
Les 300 bornes sont l'occasion de regrouper des cyclos qui ont en commun quelques belles expériences : des Paris-Brest-Paris achevés ou non en 2007, des Bordeaux-Paris, des Bordeaux-Madrid, un cyclo-campeur de renom (je vais bientôt vous dire de qui il s'agit)…l'occasion de glaner des infos sur les façons de se préparer pour un PBP (selon mon oiseau en vélo self made, il faut dormir la nuit et rouler le jour ni plus ni moins), il faut éviter le surentraînement : un cyclo d'Auffay s'est cassé les dents sur le PBP de 2007 malgré un très bon entraînement. Je retrouve mon bentrider en observation d'une dynamo intégrée au moyeu sur un vélo droit, il en connaît déjà toutes les caractéristiques techniques. Nous échangeons sur le vélo, nos expériences, on en arrive même à parler des Foot bike (un mec a fini PBP avec cet engin), il connaît pour en avoir eu un…je suis en train de discuter avec le Baron Rouge (c'est sur son site que j'ai découvert le Foot bike) alias Normandie-bent. Je le connais de façon partielle pour avoir visionné quelques unes de ses vidéos et pour m'être intéressé à sa participation à PBP 2007. On parle d'Hugues Rico et de sa participation à la RAS (les ricofans sont partout, il est 4h30 à Duclair et Hugues pédale avec nous en Normandie)
Traversée en bac sans encombres, à noter qu'en trike la montée à bord est raide, mais bon un cyclo bienveillant cela peut aider. Notre cyclote en trike a fini PBP 2007 en vélo couché classique (alors si le trike est le vélo bizarre, le vélo couché qu'il soit Low ou High est le classique, le vélo droit il est quoi ? ultra classique, conventionnel, dépassé, obsolète…) malgré la pluie elle en garde un très bon souvenir. Départ groupé à la sortie du bac, le trike est en tête, je décide de rejoindre la meute des vélos droits, je souhaite tenir l'horaire annoncé à ma chérie (17h30/18h30 a Auffay). Le temps de quelques tours de roues en compagnie du club de Buchy (reconnaissable à leur participante féminine en vélo rose) et tout le monde s'arrête pour mettre les habits de pluie, elle était prévue ce n'est donc pas une surprise.
Je repars dans les premiers, le trike et son coach sont devants, notre drôle d'oiseau couché s'est déjà envolé (personne ne le reverra), Normandie-bent est encore en train de s'habiller. Je fais le train, la pluie cela me connaît et je dois dire que je l'aime. Derrière personne ne semble m'envier la place d'ouvreur dans le vent et la pluie. Je reprends le trike et le Low-racer au pied d'une montée, Buchy prend les relais et se place en tête dans cette bosse. J'ai décidé d'essayer de suivre tout ce qui me double dans la mesure du possible, cette technique devrait me permettre si je ne me crame pas d'arriver dans les délais. Ils sont 3 devant dont la cyclote au vélo rose, et un cyclo dans ma roue et Normandie-bent. Un panneau indique Honfleur à 45 bornes, dommage ce n'est pas la route que nous allons prendre!
Les 3 de Buchy se rendent compte qu'ils ont oubliés l'un des leurs sur la route et décident de l'attendre. Je n'hésite pas et poursuis ma route, un cyclo hirsute me suit ainsi que Normandie-bent. Je discute toujours avec le bentrider, bien posé sur sa machine, il évolue tranquillement (il est facile sans aucun doute), il en profite pour finir de régler son compteur (à nous deux on y arrive) ce ne serait pas aussi aisé en vélo droit. Nous sommes en route pour le 1er contrôle. Nous traversons une commune qui sent la croquette pour chien, à la sortie une bosse nous sépare, Nb fait une pause technique je pense, mon cyclo hirsute s'envole (pas très loin) et je le garde à portée. Une pause pipi et me revoici devant. Nb nous repasse en chemin, il arrive à 8h40 au contrôle et nous à 9h05. Je pointe la carte à la boulangerie, une patte d'ours en plus et un morceau de mon sandwich pour patienter jusqu'au vrai repas que je prévois de prendre à Harfleur. Une réparation de selle pour un cyclo de Buchy, les gars d'Auffay vont boire un coup tandis que je repars, Nb est toujours là et nous allons faire un nouveau bout de route à deux.
Le prochain pointage est prévu à Cabourg, avant Honfleur et le cap des 200 kilomètres. Avec ses rétros latéraux, Nb peut anticiper les dépassements des véhicules, une petite accélération et il se replace devant pour libérer la route aux véhicules trop pressés. Il est toujours aussi facile. Je découvre grâce à lui un peu plus le monde du vélo couché, cette sortie fera à coup sur partie des beaux souvenirs de cyclo. Direction Lisieux, la basilique s'offre à nous avant de pénétrer dans la ville, cette partie depuis Orbec m'a semblé facile. Lisieux pause photo, et il faut sortir de la ville en évitant les pièges de la circulation. La sortie de Lisieux est marquée par une belle bosse, il fait chaud et au sommet nous en profitons pour enlever quelques épaisseurs. Un groupe nous reprend, le cyclo de Montville et les 2 mecs de Buchy (enfin je crois car je dois dire que je m'y perds un peu), nous les reprenons aussitôt puisqu'ils font une pause technique à leur tour. Le cyclo de Montville repart seul et nous reprend, il fait le tempo, je m'accroche puis laisse filer, je ne veux pas me mettre dans le rouge aussi loin de l'arrivée, je vais donc quitter là mon acolyte en vélo-couché (une dernière image et je les vois s'éloigner).
J'évolue seul en direction de Cabourg, les 2 de Buchy me reprennent aussi et me déposent. Je connais un vrai coup de moins bien avant Cabourg, le temps se gâte, une route propose Honfleur à droite avec vent favorable à coup sur, ou Cabourg à gauche avec vent dans le pif. Je dois dire que j'ai failli me laisser tenter mais bon il ne faut pas rigoler, un BRM c'est dans la tête quand les jambes sont plus là. Je serre les dents, la pluie s'invite, je baisse la tête pour arriver sur une belle descente vers Cabourg, le paysage de la côte Normande est magnifique. Je désespère d'arriver à quitter Honfleur à 13h pour un retour à 17h30.
Cabourg: 3 cyclos sont déjà installés sur un banc public, les 2 de Buchy et Nb, il repart tandis que je m'installe à peine. Un coca au 1er Kebab et de l'eau pour les bidons et une petite explication sur la sortie du jour (Auffay on ne connait pas à Cabourg). Je prends le soleil sur un banc, je quitte jambières et manchettes, le K-way n'est plus utile. Je finis mon sandwich, un peu de la patte d'ours et mon coca. Une pensée pour ma chérie, j'espère qu'elle a pu aller au zoo comme prévu, difficile d'avoir bonne conscience quand on part pour la journée en laissant toute sa petite famille. La prochaine étape est Honfleur, je pense déjà aux 100 derniers kilomètres qui s'annoncent après.
Ayant pris mon repas ici, je souhaite sortir de Honfleur vers 13h pour espérer toujours tenir le bon timing. Cabourg-Honfleur : la côte Normande avec les plaisirs des montées et descentes en bord de mer. Je suis reparti avec les 2 lascars de Buchy, je reste dans les roues jusqu'à Houlgate, c'est le Festival du Vent, que dire de plus ? Sortie d'Houlgate, une belle bosse pour me scotcher, en fait je déchausse de la pédale gauche, l'écart se fait et je reste à distance. Je les reprends à la faveur d'une pause dans un cimetière : sans doute pour remplir les bidons en eau fraîche, il est vrai que les montées successives nous réchauffent bien. Jusqu'à Honfleur je serais à nouveau seul, mes 2 compères ne me reprenant plus, à chaque bosse je m'attends à les voir revenir mais non, je dois dire que sur les deux un seul me semblait plus en forme que moi, le deuxième accroche son collègue à ce que je constate.
La partie Cabourg-Honfleur est superbe au niveau paysage mais le relief me fait mal aux pattes, je gère les bosses comme je peux mais le moral est là car personne ne revient plus ce qui est bon signe. Une carte postale de Normandie : un blockhaus sur lequel la nature a repris ses droits, des chevaux devants et Honfleur en arrière plan. Enfin Honfleur, je me suis promis un coca frais, malgré le jumelage avec la ville de sandwich je ne prévois pas d'en commander un. Un coca glacé en terrasse pour surveiller le paysage, il fait bon et les touristes se promènent. Deux mecs d'Auffay arrivent et cherchent un autre café pour se restaurer. Je m'informe de la direction à prendre (suivre Pont de Normandie) et je repars avant 14 heures, est ce que le 18h30 est toujours possible ?
Je sors d'Honfleur et je retrouve mon cyclo de Montville qui quitte la ville au même moment. Je prends sa roue d'abord discrètement puis dés qu'il m'aperçoit la conversation s'engage : nous avions échangés quelques mots au bac de Duclair et allons pouvoir poursuivre. Il a crevé 2 fois ce matin et a vu une des vélos couchés faire une chute après le bac alors qu'il pleuvait, j'espère que tout va bien. Mon cyclo mène bon train, il roule en UFOLEP et préfère à présent les longs brevets à la compétition. Je le félicite de son coup de pédale, il faut dire qu'il m'emmène facile (enfin pour lui) Il a la caisse et tape le cœur 30 pulsations en dessous de moi avec 30 ans de plus. Je garde sa roue aussi longtemps que je le peux, Normandie-bent l'a lâché en lui faisant forte impression, d'autant plus qu'il connaît bien l'itinéraire.
Avant le Pont de Tancarville, un cyclo-campeur avec vtt et remorque se joint à nous, il est parti de Bayeux avec sa remorque type BOB Yak et roule vraiment bien, nous avons en commun de faire tenir notre lampe avant Spanninga avec 2 serre-câbles (pas de collier adapté à notre taille de cintre). Il roule mieux que moi et je m'abrite dans sa roue. Il me souhaite bon courage, il a compris que la route promet d'être encore longue pour moi. Nous avons vent favorable ou latéral gauche depuis Honfleur, le Pont de Tancarville se présente, un mur pour moi, je décroche, à partir de là je ne vais plus vraiment faire illusion. Le péage me permet de reprendre les 2 autres, le temps de se séparer de notre cyclo voyageur et direction Bolbec.
Les difficultés du parcours ne me permettent pas d'accrocher mon cyclo de Montville, il fait pourtant beaucoup d'efforts pour que je puisse le reprendre. Je retiens quelques errances de parcours à l'approche de Bolbec (on croirait l'approche d'une grosse agglomération avec ronds-points et rocade pour éviter puis revenir dans la ville). Heureusement j'aperçois mon cyclo ce qui me guide dans la bonne direction. Gros coup de mou en sortant de Bolbec, une bosse, je m'arrête pour étudier le trajet restant et le fait de savoir que je dois encore parcourir 60 kilomètres ne me réjouis pas. Plus que la distance c'est le délai à tenir qui me coupe les jambes, je ne serais pas à l'heure. A partir de là et jusqu'à l'arrivée je ferais des décomptes de commune en commune, par section de 10 ou 15 bornes. Fauville-en-Caux dernier contrôle, bidon d'eau au café du coin et pointage, d'autres cyclos sont passés et eux ont pris du Perrier (je sais que c'est bon mais j'ai du mal avec les autres bulles que celles du coca) Un cyclo est au comptoir avec journal et bière, je doute qu'il soit sur un parcours de 300 bornes aujourd'hui. La pause est courte, je repars.
Il fait encore bon malgré la fin de journée qui se dessine, j'ai soif, les jambes tournent mais sans plus, je ferais une pause casse-croûte à la sortie de St Laurent en Caux, le cul sur un talus j'achève la patte d'ours, ma banane et une pommepote. Je repars pour le final du parcours, le trajet serpente sur des petites routes, je cherche un peu ma route, pause pipi, consultation de la carte, je sens qu'on est plus très loin. Quelques dernières bosses malgré tout pour réveiller le corps. Au pied d'une descente, gauche ou droite, pas de panneau…une habitante m'indique la voie à suivre. Enfin après la traversée de la nationale, et de nouveau quelques petites routes, j'aperçois la flèche de la collégiale d'Auffay, ma voiture est au pied: je suis sauvé.
Chassé croisé d'images et réflexions a posteriori :
J'ai l'image dans une descente d'avoir croisé 2 cyclos italiens dont une italienne en plein effort que j'ai trouvé charmante
J'ai vu des pommes au gout de poire (mais là je dois dire que je ne vois pas bien l'intérêt)
Je retiens que Deauville se déclare ville courtoise
Une pensée pour Wil à Honfleur alors qu'il me reste encore 100 bornes pour en finir là ou après Levallois-Honfleur on accusait le coup d'une belle sortie
Un moral en yoyo avec un seuil psychologique pour ne pas descendre en dessous de 20 km/h
J'ai l'image d'un gros cochon dans un pré et un peu plus loin d'un chien en liberté dont je me méfie sur le fait mais qui m'ignore royalement
La crainte des dépassements par les jeunes permis
A l'arrivée je m'interroge sur le fait que Normandie-bent ne soit pas encore arrivée mais un léger détour a prolongé son parcours
Cyclohn m'interroge sur ma participation ou non au 400 et 600 mais mon état physique ne m'invite pas à être ambitieux
La réflexion principale porte sur mon envie de me lançer dans la pratique du vélo couché dans la mesure ou rouler avec des pratiquants est vraiment enrichissant et si je peux ne serait ce que rouler au même ryhtme qu'actuellement (mais en réalité j'espére pouvoir rouler plus vite) avec plus de confort....je signe tout de suite.