Le premier brevet de l'année sonne l'heure de l'ouverture de la chasse aux qualifications via les fameux BRM 200, 300, 400 et 600km.
Pour les cueillir aux mieux, je me suis préparer de mon mieux, j'arrive donc à Ménigoutte avec les fameux 2000km (+600m de bonus).
Je rejoints mon compagnon de route, la veille, à Parthenay. Il m'explique qu'il a donné un seul coup de pédale depuis le 1er février; aujourd'hui, la veille de ce brevet. Une douleur au genou occasionnée au Judo l'éloigne des routes et sentiers depuis 6 semaines.
Dimanche 20 mars, levé des troupes à 5h30, une bonne bolée de pâte et c'est parti direction Ménigoute (Commune un peu perdue des Deux-Sèvres, 875hab, connue pour son Festival International du Film Ornithologique). Arrivé à 6h30 sur place, nous prenons notre carton auprès de Yvan (l'administrateur du forum de la longue distance), c'est sans doute la seule personnalité de Ménigoute connue hors du Poitou-Charentes.
Il ne nous faut pas les trente minutes d'attentes pour comprendre que la religion qui anime la Bretagne pour le Paris-Brest-Paris n'a pas encore évangélisée cette contrée lointaine. 19 partants au départ, soit la taille des groupes que nous avions l'habitude d'intégrer avec Emmanuel lors de nos BRM celtiques.
7h, les troupes impatientes d'en découdre (au moins moi) sont lancées. Il ne faut 1km pour comprendre que j'ai remonté ma roue avant dans le mauvais sens, je m'arrête et remonte la roue. Pendant ce temps, j'ai pris un courant d'air, Loïc Lamouller vient de me passer dans la petite côte, il passe tel en avion avec une cadence de pédalage très impressionnante. Il faut dire que le garçon n'est pas doté des mêmes capacités que la plupart des cyclos (ancien professionnel et fils du président de la FFCT).
Je recolle le groupe de 18-Loïc très rapidement. Le vent de dos nous pousse rapidement. Un arrêt « Prostate » se dessine au 40ème km, je m'exécute ; et en remontant sur mon cheval, je vois que ma poche contenant les clés (et la pharmacie) est grande ouverte; PANIQUE. Le groupe repart, et je fouille 3 fois mes poches, mon sac à dos, ma sacoche avant et arrière. Rien. Je remballe le tout, je remonte en selle, et je me lance à corps perdu pour reprendre le groupe. Sur la plaque, je suis au taqué (entre 175 et 180bpm) pendant 7km. Je demande à Yvan s’il peut téléphoner à Ménigoute, j'ai une fâcheuse habitude de laisser mes clés sur la portière. Il téléphonera au premier contrôle, rassuré, nous reprenons la route. En court de route, j'ai eu le temps de parler avec Yvan et un novice de ce genre d'épreuve (également marathonien). Le charme des BRM est en partie dans ces discutions.
Vers le 75 - 80ème km, on tourne à gauche pour aller vers Tusson et nous faisons la découverte de notre nouveau compagnon de route qui nous accompagnera jusque Ménigoute : le vent. A partir de là, les kilomètres nez dans le vent défilent. La route est vallonnée, ce qui me fait plaisir après un mois de platitude Saumuroise. Mon compagnon de route Emmanuel et le novice s'arrête en haut d'une crête, ils ne reviendront pas avant la pause déjeuner, soit 20km seul dans le vent.
Saint-Claud, 2nd pointage et 116km dans les guibolles. Manu arrivera 5minutes après nous. Il désire prendre son temps pour se reposer, il sent que le retour va être difficile. Nous laissons donc le groupe d’Yvan repartir. Un second groupe de 5 (quatre de Fontenay le Compte et le « novice ») arrive, on repartira avec eux.
Après avoir enfilé ma banane et ma boite de 500g de riz au lait, nous repartons après près d’une heure de pause. Le vent est désormais de pleine face. Le « novice » va nous suivre encore 15km. Mais il explose très vite, pourtant notre allure est très réduite, 22km/h. Je suis devant, je lève régulièrement le pied car je prends plusieurs longueurs sur mes compagnons. La route, comme le reste du circuit est parfaite sur cette section : petite route, pas de voiture, bon revêtement et quelques bosses. Bien que les kilomètres défilent doucement jusqu'au pointage de Civray, nous arrivons groupés dans l'espoir de trouver un bar. Rien, nous irons pointer au bureau de vote. En repartant, nous demandons notre route à une dame venant d'accomplir son devoir de citoyenne. Très vite, un attroupement de vieille dame (4 en tout) s'opère devant nous, ca braille dans tous les sens. Chacune ayant, à son humble avis, la meilleure route à nous proposer. Le point commun, elles nous montrent toutes la droite en pointant vers la gauche (sans doute à cause des élections).
Plus que 50km, les kilomètres défilent de moins en moins vite, les écarts sont de plus en plus importants dans les bosses (et même sur le plat). Nous nous hissons tout de même sur Ménigoute pour 17h15. Nous pensons au brave homme que nous avons laissé sur la route, il a dû en baver pour finir. Emmanuel est lui aussi rincé jusque la corde, mais sans entrainement, il a accomplit le principal : finir.
Sur Ménigoute, un autre BRMiste à un problème de clé de voiture. Son compagnon de route a fait demi-tour pour le retrouver (nous l'avons croisé à 25km du but) alors que son compagnon est arrivé à Ménigoute avec un bonus de 27km.
Content de nous, nous avons bouclés le 1er BRM de Ménigoute et nous avons rencontré notre père à tous : Yvan.
Un grand merci et peut-être à bientôt pour le 400km.