Salut,
Bien rentré de Colombie Britannique. De la Wonderful British Columbia, comme il est ecrit sur leurs plaques d'immatriculation.
Détail d'importance, le mot "britannique" et de là, à mon avis, cette pluie incessante qui nous a accompagnés durant la première partie.
Soleil splendide lors du contrôle des machines le dimanche matin.
Contrôle d'une rare sévérité, vérification du jeu éventuel de la direction, course des commandes de frein, état des patins, jeu éventuel des axes de roues.
Point de vue éclairage, obligation d'avoir une réserve, non pas des batteries, mais une deuxième source lumineuse à l'avant conne l'arrière.
On nous annonce un changement météo pour la fin de journée et deux jours de pluie pour le lundi et mardi. Bon, faudra prendre son mal en patience et rouler deux jours par temps pluvieux, ce n'est pas neuf.
Départ, moins de 10 minutes avant le départ, éclairs, tonnerre, trombes d'eau, c'est dans des conditions que nous partons. Il y aura une courte accalmie vers 0100 hr du matin. Je franchis le Km 100 à 0220 hr. Pour le reste ce sera pluie, pluie, encore et toujours, il va pleuvoir
22 heures sur les 24 qui suivront le départ.
Contrôle de Clearwater, Km 124 à 03.30 Hr.
Bleue River Km 231 à 09.13 Hr. Au moment de reprendre la route, toujours sous la pluie, c'est un violent orage qui s' installe, on perçoit distinctement le "Blitzz" de chaque éclair. On rentre se mettre a l'abri; Après une vingtaine de minutes, la foudre est passée, il faut quand même repartir bien que la pluie ne soit guère moins intense. Sentiment de temps perdu, pourquoi avoir attendu, le résultat est le même. Cette pluie ne va pas plus nous lâcher.
Contrôle de Valemount, Km 320 à 14.23 hr. Le tableau est pathétique, beaucoup de randonneurs se couvrent de couvertures mises à disposition, le temps de prendre un repas chaud. Lors de mon passage à la toilette, je me vois dans le miroir....j'y cois encore dur comme fer, mais ma tête en dit long....
Durant les 50 minutes d'arrêt, mes mains ne parviendront pas à sècher. Celà devient lourd de reprendre la route sous cette pluie battante, mais plus que 124 Km pour arriver à Jasper, prendre une douche et passer des habits secs, je serai sauvé..
20 Km plus loin, à Tête Jaune Cache nous quittons la highway 5, pour la 16 en direction de Jasper, allez plus que 103 Km. En principe, à partir d'ici, la circulation des véhicules commerciaux est limitée et soumise à autorisation, nous allons enfin êtrte quittes de ces énormes truck qui nous empoisonnent la vie.
Et bien non, tous ces camions ont l'autorisation. Ils transportent d'énormes tubes, 4 tubes par camion, on pourrais rouler à vélo dans ces tubes. Ils vont servir à la construction du fameux pipe-line à travers l'Alberta ( Cela fait controverse au Canada).
Cette highway est en fait, une simple route à deux voies, parfois trois ( deux dans le sens des montées). Sur le côté droit, il y a une large bande bitumée pour nous, elle est séparée de la bande de roulement par la "rumbler band" Largeur 30 a 40 cm, comme si une enorme chenille était venue gaufrer le bitume. Aucun véhicule ne s'y risque, mais nous les cyclos somme obligés de la franchir souvent pour éviter les paquets de gravillons, déchets de pneus avec fils métalliques, écrous, et toutes les autres joyeusetés qu'il faut absolument épargner à nos pneumatiques.
Lors du franchissement de la rumbler band, je ne vous explique pas, bonjour la selle, on comprend mieux la rigueur du contrôle avant départ.
Les camions, parlons-en, ils sont énormes, ils roulent à tombeau ouvert, ceux qui vous dépassent vous douchent par l'arrière inférieur. Ils soulevent de véritables douches qui vous retombent dessus, en sens inverse, il n'est pas rare d'en croiser deux de front, ils se dépassent entrte eux, les voitures ne s'y risquent pas. A chaque fois l'eau vous dégouline sur le visage et arrive sur vos lèvres avec un très désagéable goût de caoutchouc. Peut-être est-ce là, l'explication du mal de ventre le lendemain?
Sur PBP, en général, on partage les étapes en deux pour se ménager un arrêt dans telle ou telle localité, dans un bar ou autre établissement, le temps de se payer un stop à l'aise.
Ici, ces possibilités sont rarissimes. Lors de la première étape, accompagné de Deirdre Arscott, ma logeuse à Vancouver et Ron Himschoot, nous avons fait arrêt dans une station service à Barrière, idéalement située à mi-étape.
Pour Valemount-Jasper 124 Km, j'ai prevu de faire arrêt aux Km 40 et 80. Je vais faire arrêt à l'aire de repos de Mount Robson, il pleut pas mal. Le ciel est tellement bas qu'on a l'impression d'être dans les nuages. Je ne vois même pas qu'il ya un resto à 50 m d'ou je me trouve, ni un visitors centrum un peu plus loin. Lors de ma ballade touristique en sens inverse la semaine suivante, je m'apercevrai de mon erreur, Dans ce bistro et ce visitors centrum, il y a de vastes toilettes avec sèche-mains à air chaud...pulsé. J'aurais pu me sècher et réchauffer un peu..
Mais bon, je repars, arrêt aus environs du Km 80; le long du lac Moose, au milieu de nulle part, il pleut toujours. Lors des franchissement de ponts ( pour les trorrents nombreux dans le coin) , la largeur de la route est rétrécie, il y a deux énormes bandes de béton de chaque côté, c'est l'endroit idéal pour appuyer le vélo sans devoir le coucher dans le talus).
Je croise un train, je roule plus de 600m à du 22 pour en voir la fin!
A partir de ce moment, je sens le froid m'envahir de plus en plus, je roule à l'aise, en frappant des mains sur les cuisses, rien n' y fait. allez courage, plus que 40 Km et je serai au chaud.
On entre dans le parc de Jasper, les deux cyclos qui me précèdent y passent rapidement, lorsque je me présente au guichet, la dame me dit que c'est bon comme ça, normalement, nous devons monter le pass qui nous a été remis au départ, elle a compris notre état, merci madame.
Alors que j'estime être 20 Km du but, un panneau indique "Jaspêr 22 Km" Je ne peux m'empêcher de crier " Jasper tu recules" Et c'est le début d'un véritable calvaire, le froid me transperce jusqu'à la moëlle osseuse. Une petite montée, troisième plateau. Au dessus, je tente de remonter sur le 2e. Impossible, je n'ai plus de force dans le pouce, j'essaye de la main entière, mêm chose. Je suis obligé de m'arrêter, à l'aide des deux mains, je parviens quand même à actionner la commande, je lève le vélo pour tourner les pédales, pénible.
J'ai soif, suffisament de liquide dfans mes bidons, mais voilà, le liquide est tellement froid qu'il me glace encore un peu plus lorsque je l'avalle, je préfère avoir soif. L' idée d'arrêter me traverse l'esprit, ce n'est plus possible de continuer dans ces conditions. C'est la tombée de la nuit et la baisse de température qui l'accompagne qui oeuvrent.
Jasper, enfin, je me présente au contrôle à 21.15 Hr, légèrement en avance sur mon tableau de marche.
J'essaye d'enlever mes gants, mes mains tremblent dans tous les sens, plus j'essaye de maîtriser mes mouvements, plus je tremble, je n'y comprends rien, j'ai dféjà eu froid, mais comme çà, jamais.
C'est une dame, l'épouse de Couperthwaite Robert un, canadien, qui me retourne les gants sur les mains pour les enlever. Ma carte contrôle se trouve dans le sachet scapulaire plastifié de PBP. Ces dames doivent ouvrir mes vêtements pour aller y chercher la carte-contrôle et l'y replacer, j'en suis complètement incapablre. C'est alors que je m'entends prononcer la phrase tant redoutée ' I don't start tomorrow"
L'instinct de conservation vient de prendre le pas sur la volonté de continuer.
Quelques heures sur un (trop) mince tapis de mousse. Un essuie-mains en guise d'oreiller. Douleurs lombaires, crampes inter-costales vont m'empêcher de fermer l'oeil. Vers 4 hr, j'ai l'impression d'être le serul à "dormir" encore, le seul à abandonner. Le doute, le regret s'installe, et si je repartais quand même? Je me lève, à quoi bon rester là. Il y ancore de nombreux cyclos dans un second dortoir, celà m'apaise...
Avec des volontaires, on parle du problème des truck et de la rumbler band, il faut faire avec.
Si je reprends le collier, je dois absolument atteindre Golden, 320 Km, pour disposer d'un sac avec des habits secs. Mercredi je serai sauvé, il fera beau.
Mais voilà, il y a la pluie, le froid, les camions et la rumbler band, je doute de passer au travers de tout celà.
Vers 0700 Hr, les abandons arrivent au petit-dejeûner. Nous sommes nombreux, on se dirige vers les 50% d'abandons.
Deirdre qui vient de terminer le 1200 de la Cascade un mois plus tôt, 35 % d'abandons dûs aux conditions climatiques, abandonne égalerment.
Avec le sourire, elle m'explique " Claude, si tu a une crevaison dans l'obscurité et que tu ne sais pas réparer tellement tu as froid les mains, l'ours vient te manger!"
Elle est très zen, pour elle, c'est la perte du challenge Can-Am, un 1200 aux USA et un au Canada la même année. Elle a 7 (sept) PBP à son palmarès, excusez du peu.
Il faut rentrer sur Kamloops, à vélo? Que non, on arrivera après ceux qui continuent. Il y a un bus, mais il faut que les vélos soient dans des cartons ou un box. Vu le nombre de candidats +/- 30, peu de chance de trouver autant de cartons chez le vélociste local. Finalement, les organisateurs se chargerons du transport des vélos.
Nous reprenons le bus, 0530 Hr de route vers Kamloops, à la vitesse des camions, toujours sous la pluie battante et le ciel à raz de terre. Vêtements secs, mais pieds toujhours dans des chaussures trempées. Pas de regrets.
Arrivée à Kamloops sous le soleil, que c'est boooooon.
La majorité de ceux qui ont terminé étaient assistés, camping-car ou camionnette aménagée. Aux endroits de contrôle, vêtements secs. Il faut voir les assitant(e)s jouer du sèche-cheveux pour sècher les chaussures. Beaux ballets efficaces et bien rodés; Des regrets pour ceux qui ne peuvent en profiter.
La semaine suivante, volet touristique en faisant la rocky en sens inverse...en voiture. La, je constate que les fameux camions, une fois arrivés à Jasper, se dirigent vers Edmonton.
Les 250 Km entre Jasper et Lake Louise sont totalement interdits aux camions, il N'y a PAS cette fameuse rumbler band, uniquement des voitures de touristes et des caravanes. Que de regrets, mais il est trop tard.
Nous avons roulé dans les nuages et la pluie, nous n'avons rien vu, même pas pensé à sortir l'appareil photo. Et pourtant, le paysage est fantastiquement beau, jamais vu une nature aussi resplandissante.
Si nous avions pu rouler sous le soleil, ces décors nous auraient fait avaler les Km sans nous en rendre compte tellement c'est beau. Sans la pluie, les camions, celà n'aurait ete qu'un détail sans grande imprtance, mais voilà, comme disent les locaux " C'est çà les Rocheuses" Tout ou rien. Nous n'avons pas eu de chance.
Le mois dernier, il y a eu un 600 dans cette région, et 50 % d'abandons également, mais dûs à la chaleur.
Il faut oublier et préparer le suivant.
Cool Aroul @+ N3