DIAGONALE HENDAYE MENTON : 946 kms départ le dimanche 21 avril 2013 20h00, arrivée avant le jeudi 25 avril 2013 02h00, soit 78 heures
DEPARTEMENTS : Pyrénées-Atlantiques, Landes, Hautes-Pyrénées, Haute Garonne, Ariège, Aude, Hérault, Bouches-du-Rhône, Var, Alpes maritimes
CONTROLES : Hendaye, Orthez, Tarbes, Carbonne, Bram, Béziers, Aigues Mortes,
St-Cannat, Salernes, Menton
CARTES POSTALES : Bayonne, Nice
MACHINE : vélo horizontal, Löw racer Performer traction indirecte, équipé « randonneuse » avec pneus 35*406 AV/AR, mousse sur siège résine, guidon oscillant, 1 rétroviseur, 1 fanion, appuie tête incorporé à un coffre en résine de 60L, freins à disques AV/AR, dérailleurs à manettes tournantes, pédalier triple 50*40*30, cassette 9V 09/32 (particularité du vélo : se coupe en 2 morceaux, pratique pour le train)
Envoyer un dossier au mois de mars pour un départ dès le début de saison, une première pour moi. Investir dans les billets de train doit forcer à l’entrainement… mais plus la date annoncée approche et plus je doute d’être à la hauteur de l’évènement. L’hiver à duré trop longtemps pour tout le monde et ce ne sont pas les 5 longues sorties de 200 kms exécutées depuis janvier qui me rassurent. Mais je suis tout de même content d’être sorti par tout temps et d’avoir un minimum d’entrainement.
La préparation du vélo a elle aussi été longue à réaliser, la veille j’en suis encore à confectionner une boîte étanche pour dérouler la feuille de route. Bref ce n’est pas la grande motivation et je reste sur un échec lors de ma dernière tentative de diagonale. Et puis tout d’un coup je ressens un très fort déclic, je n’ai plus qu’une idée fixe : aller dans le sud de la France, y prendre un maximum de lumière, faire le parcours choisi, prendre mon temps et surtout ne pas forcer, l’horaire du train retour de Menton permet éventuellement 9h de retard.… alors en quelques heures je suis gonflé à bloc, et lorsque je suis dans cet état je ne doute plus, j’ai juste une forte envie d’aller jusqu’au bout, d’en prendre plein les yeux, faire une ‘ballade’ la plus dilettante possible et tenter d’éviter la galère. Je fini la journée de samedi avec un capital confiance presque excessif. Les prévisions météo sont bonnes, ni chaud ni froid un temps ‘normand’ dans le sud avec du soleil en plus !
Le vélo est donc découpé en 2 et installé dans une sacoche, le coffre est bidouillé pour devenir une valise et toc je suis prêt pour une autre aventure. Ma fille va m’accompagner en voiture à la gare le dimanche matin ce qui d’un point de vue pratique l’est ! Pas besoin de faire de la mécanique sur le trottoir … une photo pour immortaliser cet instant, un bisou et ses encouragements et le relâchement des vacances s’installe, … 10h de transport au total et me v’là sur le trottoir de la gare d’Hendaye à assembler les morceaux et toc je suis prêt pour poursuivre l’aventure. Je prends le temps de manger, le soleil a disparu pendant ce temps, place à de vilains nuages sombres …
20h00 : L’agent de police est très sympa, l’accès au commissariat ne l’est pas … j’arrive dans la cour par un sens interdit … heureusement j’ai vite mis pied à terre … coup de tampon et c’est parti … sortie plein sud … passage en Espagne !!! Heu …retour par le grand rond point au bout du pont et hop je chope la trace tant désirée …
Le départ est donc donné et voilà déjà la première difficulté, une jolie côte sortie d’Hendaye pour grimper à 135m, de quoi tester le bonhomme et la machine. Ensuite ce n’est que du billard toboggan jusqu’à Bayonne où je vais péter un câble. La poste repérée sur internet n’existe plus ! Bref la prochaine fois je téléphone aux postes pour confirmer leur présence. Bilan 20’ de retard après la boîte aux lettres d’un centre commercial qui m’a été indiquée par l’unique piéton/cycliste rencontré. Merci à lui !
Bon cette poussée d’adrénaline est révélatrice de quelque chose de pas bon, les jambes vont se crisper un peu, heureusement le plaisir va grimper avec la sensation de rouler facile maintenant que le terrain est plat le long de l’Adour.
A Peyrehorade j’ai carrément froid, le long du fleuve a été bien humide, pause longue et changement de vêtements pour passer la nuit au chaud
Ensuite c’est tout confort et la lune arrive parfois à éclairer les lieux, la douceur a vraiment laissée place à la fraicheur et je file cool avec très très peu de véhicule sur ce parcours.
Orthez : La première photo d’une pancarte, encore un exercice délicat. Résultat ‘flou artistique’. Je ne vais pas trainer et reprendre la route illico pour aller jusqu’à Tarbes.
Le relâchement est total, il semble même que je grignote du temps sur les prévisions … du tout bon pour atteindre le point du jour. Passage dans Pau sans encombre, désert.
Tarbes : La nuit s’est super bien passée, pas un moment de mou, aucun signe de sommeil, inutile de prendre le temps de le faire, je vais continuer l’improvisation après la photo traditionnelle. Après Soumoulou je dois encaisser une côte qui va me ridiculiser … pieds à terre, qu’est ce que je fous là, brève pause active à pousser 50m le vélo … et je repars frais comme un gardon ! Non mais c’est que le manque de préparation pourrait me jouer un mauvais tour. Heureusement cette diagonale est synonyme de ballade, le soleil joue maintenant avec les nuages et perd à tous les coups. Journée grise sans pluie, je connais bien !
Montée bucolique vers Lannemezan, changement de vêtements car je surchauffe maintenant.
La dame dans la voiture me fait un super geste du pouce devant le bonhomme en caleçon … J’étais persuadé d’être seul dans la nature ben non ! En tout cas en haut de cette bosse je vais prendre le petit déjeuner et les quelques clients ne comprennent pas la démarche : mais vous gagnez quoi ? Rien c’est quelque chose non ?
Je poursuis la route mais je ne dois pas me planter au démarrage sur gravillons devant ces spectateurs hébétés. Patinage de la roue avant tout de même, un peu compliquée la transmission de ce vélo ! Entre temps le vent s’est levé. Et bonne surprise il semble m’aider. Le paysage va défiler facile, toujours pas de signe de lassitude mentale, pas besoin de dormir, une journée cool comme les cyclotouristes les aiment.
Carbonne : La photo de la pancarte de jour est très simple, l’accès à la pancarte un peu moins
Un repas style part de pizza réchauffée et un café et zou vive les vacances. Le vent est devenu carrément fou, il pousse et aplanit un maximum de côtes. Je ne ressens aucune mauvaise sensation dans les montées, toujours pas de signe de fatigue, je respecte à la lettre les pauses tous les 14 kms depuis le départ, cela semble bien compenser le manque de puissance.
Bram : j’y suis avec le couché du soleil et n’ai pas l’envie de me coucher, je continue, le parcours est roulant et le plaisir est immense, et la nuit s’installe et je suis maintenant à Carcassonne, faim de loup, une énorme pizza en tête à tête avec la bicyclette dans le resto juste avant sa fermeture. Le patron me propose de rentrer le vélo. Ah oui bon ben Merci …
Et prenez tout votre temps ! Ah oui bon ben Merci …
J’ai pris tout le temps et nous nous sommes dit Merci.
Béziers : Ras, j’y suis en pleine nuit et je vais devoir faire fort car je ne trouve pas la pancarte à l’entrée … je vais faire 11 clichés tous aussi ratés les uns que les autres de monuments, je me dis que l’organisateur sera indulgent. Et puis à la sortie de la ville la pancarte est bien là. Encore du flou artistique, aucun progrès. Je reprends la route avec toujours le vent portant qui me facilite grandement la chose, l’énergie d’éployée pour avancer est ridicule. D’autant plus que je descends progressivement en altitude.
Maintenant que le jour est levé je vois parfaitement la Méditerranée, les gens partent au boulot et je double de prudence. Je ne ressens toujours pas le besoin de dormir.
Aigues Mortes : pour l’atteindre ce sera un brin compliqué, A Sète la trace m’emmène sur des routes interdites aux vélos. La piste cyclable est inévitable, finalement suivre la côte au plus proche est sympa pour le spectacle offert mais pas pour le désagrément de l’urbanisation et des travaux en cours. Le vent forcit de nouveau histoire de toujours m’aider.
Photo traditionnelle et là d’un coup d’un seul le cerveau me dit « hég, je suis morte » !
Ok, te fâches pas je vais te trouver un coin rien que pour toi.
Et ce sera chose faite, une route empruntée sur la droite 500m pour le calme et son ombre. Un petit repas pour déjeuner sorti du coffre et zou la bâche sur la mousse et dodo pour 2h30.
Au réveil le soleil a grimpé et je vais de nouveau m’alimenter, un petit brin de toilette et zou vive les vacances.
ST-Cannât : pour y aller le vent s’est permis de changer de sens mais pas méchant car seulement sur 20kms environ. En tout cas rien à voir avec le Mistral. La traversée d’Arles faite un peu n’importe comment, passage plein centre avec ses petites rues dans tous les sens, même des sans issus : bilan tourner à droite avec la chaine qui touche le pneu ce n’est pas top, donc une bonne partie à pied. Je suis très détendu et les gens sont super sympa à mon approche.
Je vais me gaver d’une fougasse et d’une bonne pâtisserie avant d’en sortir et reprendre la diagonale.
A Salon de Provence la circulation me dérange, un arrêt prolongé avec somme de 20’ va me permettre de bien me retaper. Et surtout cet arrêt a été stratégique car à partir de là les côtes vont s’enchainer. Mais alors énorme surprise, à la grimpette de St Cannât le vent la monte aussi et j’avale la côte sans difficulté.
Salernes sera atteinte après une longue chevauchée tranquille avec pleins de pauses à intervalles de 7 kms. Je n’ai pas mal aux jambes et pourtant chaque fois que je repars la fluidité revient. La nuit est bizarre, le ciel est noir, puis gris, puis turquoise, il tombe de légères gouttes qui me font du bien, le paysage est parfois éclairé par la lune qui est devenue énorme, les villages sont endormis, la nature rien que pour moi, et à Varages je vais de nouveau sombrer dans un sommeil de 20’ dans un magnifique arrêt bus bien protégé et chaud.
C’est fou ce qu’il peut se passer en 20’ : les routes sont détrempées, l’eau ruisselle encore dans les caniveaux. J’ai raté l’occasion de bâcher, je ne vais pas m’en plaindre.
Mais alors tout est pris au 1er degré, c’est un autre signe, rater l’orage sur la route après tant de vent portant ! Baraqua toujours là! Au petit jour je suis en mesure de faire la photo.
L’instant de vérité : ce tronçon jusqu’à Nice je le redoute … j’y ai recensé plus de 15 côtes qui se succèdent. Certes la feuille de route tient compte de tout cela mais combien d’heures vais-je devoir marcher ? Pousser le vélo dans les montées n’est pas un problème, mais alors quelle surprise de constater qu’elles ne sont pas si méchantes et que le plus petit braquet passe sans me faire surchauffer. Alors j’ai la banane, je contrôle à peine mes émotions.
Attention ceci est un signe : arrêt illico et dodo sur du béton pour 20’.
Le paysage est splendide, le soleil est là, la chaleur aussi et je bois et je grignote, etc.…
Les kilomètres défilent sous le soleil, je m’en protège du mieux possible.
La traversée de Grasse est super sympa, je file le long de la pente avec très peu de circulation ! Menton est à portée de roue, être très prudent, voilà ce qui m’obsède.
Et puis la Méditerranée est de nouveau là, splendide, et en même temps c’est de la descente vers le niveau zéro … trop bien ! Je ne sais pas exactement où je suis mais je passe devant une poste à moins de 50 kms de l’arrivée, j’y fais le nécessaire immédiatement pour ne pas avoir à revivre le cas Bayonne.
Me voilà sur la promenade des Anglais à rouler super zen à 5-10 kms/h, les enfants à bicyclette me dépassent ! Je suis super content et je prends la photo de la pancarte de Nice alors que je croyais y être … La piste piéton/roller/trottinette/vélo fait parfois figure d’anarchie et traverse régulièrement des accès voitures, mais je suis lent très lent, aucune envie d’accélérer, je ressens du bonheur tout simplement.
Des photos et la pose pour souvenir et je dois quitter Nice pour les 28 kms restants.
Quel pied cette diagonale. Je sais maintenant que j’ai choisi la corniche moyenne et que la montée vers la Turbie est imparable.
Instant tragique : la montée est engagée lentement, je mets le pied à terre dès que nécessaire, il fait chaud, je prends des photos pendant l’élévation … et puis une rafale de vent incroyable alors que je vais passer entre les rochers, je suis immédiatement propulsé à terre, je ne roule pas assez vite et je tombe lourdement sur le côté droit, immédiatement le bras droit qui vient d’heurter le haut trottoir me fait très mal, la jambe droite est coincée sous le vélo …
Instant d’humour : non je ne gène pas la circulation dans ce large virage, alors je sors l’appareil photo accroché au guidon et je me prends en situation
Instant de relaxation : le bras ne me fait plus mal du tout, la douleur est passée en quelques secondes ! Je m’extirpe de ce foutoir et je prends du recul, seconde photo puis je vais pousser le vélo dans la tourmente de vent et me dirige vers Eze que je rejoins à pied … ben je n’en mène pas large dans ce vent déchainé.
A la supérette je vais acheter une boisson à bulle et faire une longue pause pour bien me remettre de ces émotions, la diagonale revient à l’esprit et la banane est dans le cerveau, je suis très content d’être parvenu à la réaliser …
Complications :
Non ce n’est pas fini, à la reprise de la route je constate que la transmission est complètement déréglée, impossible de pédaler en étant tout à gauche car la chaine sort de la roulette brin mou et déraille. Lors de la chute le dérailleur a percuté le trottoir, la fourchette part à gauche. Bon la côte est pratiquement terminée, la Turbie sera atteinte en 30*11 un peu en force mais avec des cliquetis à chaque tour de pédale.
Dénouement :
Le vélo avance et c’est bien cela l’essentiel.
Reste 16 kms de descente. Une descente pour vélo couché extraordinaire
J’arrive à Menton fier et heureux.
Le représentant de l’ordre est très sympa et tamponne le carnet de route. Il m’apprend que le camping est fermé pour insalubrité et manque de moyens pour le mettre aux normes …
Je vais devoir improviser la nuit … mais ça je sais le faire
Retour en train sans aucune complication, les trains n’étant pas bondés.
Retour à la maison sans aucune complication, ma fille est passée devant la gare.
La notion de diagonale me plait vraiment, je pense poursuivre le challenge, alors je vais continuer l’entrainement pour d’autres aventures
A bientôt et merci d’avoir lu