Retour (à froid) sur ce 400 qu'on qualifiera d'humide
C'est tardivement que j'ai pris la décision de faire ce 400. Faut dire qu'avec mon vélo couché, les longues distances, du moins au delà de 300 km, me rendent interrogatif et 400 km c'est connu comme la distance révélatrice
Outre la distance, c'est une nuit sur le vélo, sans dormir bien sûr.
Alors quand la météo s'en mêle ...
Parce que on a été gâté sur ce brevet. A plusieurs titres il m'a rappelé le PBP 2007. D'abord parce qu'on empruntait le secteur mayennais dudit PBP (de Fougères à Villaines la Juhel) et puis la pluie, la pluie, la pluie et le vent toute la nuit!
Du monde au départ, près de 80 inscrits, ce qui est un score pour un 400. Faut dire que c'est le 1er 400 de la saison et au vu des conditions météo de l'hiver, les cyclos sont en forme assez tôt. Du coup tout ce que l'Ouest compte de randonneurs au long cours (ou presque) est là. J'y retrouve Jean Claude Chabirand, le président des RCA d'Angers mais pas vu Ufoot ni Stinger (on se retrouvera plus loin). Je suis visiblement le seul vélo couché et j'attire toujours l'attention des VD.
16h départ de Laval direction Vitré la météo est annoncée mauvaise mais jusque là ça va. Des nuées sont bien tombées par ci par là mais j'arrive après coup. Stinger et moi nous retrouvons et roulons de concert pendant un moment. En fait on pointera à Sens de Bretagne ensembles. Après, me méfiant de la dépense énergétique sur mon VC dans les montées, j'ai pris un rythme tranquillou et laissé partir mon compagnon de route. Je me retrouve seul, la route défile, ça fait près de 4h qu'on est parti et toujours pas mouillé. J'arrive à Fougères (km105) vers 20h30 et je m'y arrête à la terrasse d'un café pour ma pause souper d'avant nuit et me couvrir. J'enfile mon collant sur mon cuissard et passe ma veste de pluie. Pas seulement par prémonition, mais comme tout est mouillé autour...
Je poursuis ma route, toujours seul, la nuit tombe, la température est douce le vent est globalement de 3/4 AR et il ne pleut toujours pas, du moins je n'ai pas (encore) été arrosé... ça m'enhardis et je me dis qu'avec un peu de chance je pourrai traverser la nuit sans l'être.
Et puis ce qui devait arriver... d'abord quelques gouttes sur les lunettes
"c'était trop beau" et petit à petit ça s'intensifie. Il pleut franchement et assez vite je suis bien mouillé. De nuit ça n'arrange pas la visibilité mais heureusement mon nouveau phare Lumotec m'apporte un confort visuel inconnu jusque là. On est bien loin de l'halogène qui était encore la norme en 2007
Même sous une pluie battante de nuit il éclaire parfaitement la route, m'évitant une fatigue supplémentaire. Je ne m'en passerai plus
Je passe rapidement (façon de parler) sur la liaison Gorron, Lassay les Châteaux, Javron les Chapelles, Villaines la Juhel: 70km sous la pluie et vent de travers. Un passage bien vallonné de plus. A Villaines contrôle/pointage assuré par l'organisateur. Il y a du café chaud et des parts de brioche mais je préfère d'abord avaler mes 500g de riz au lait. En moins de 5' je me refroidis et je suis pris de forts tremblements. J'ai au moins 2h de retard sur mon plan de route et j'essaye de ne pas penser aux quelques 220km qui restent à faire d'autant que la fatigue est maintenant bien présente.
Bref tout va bien. je sais maintenant que c'est à la volonté que j'irai au bout. Je me fais violence pour repartir mais rapidement dès que je pédale ça irait plutôt mieux.
La route jusqu'à Sillé le Guillaume (km217) est très accidentée et particulièrement éprouvante. En plus aux abord de la rocade, lors d'un changement de plateau, la chaîne saute. Je la remet en place mais dans la foulée mon dérailleur Métronic déconne et refuse de passer autre chose que les 2 dernières vitesses (les 25 et 28 dents) Il en sera ainsi jusqu'à l'arrivée, avec les 2 plateaux ça me fera 4 vitesses
Au sortir de Sillé, je rejoins un groupe de cyclos qui s'était trompé et je roule désormais avec un gars du club de Laval Nord. Ça fait du bien après 130 km seul. On arrive à Ste Suzanne (km244) pause casse-croûte. On est un certain nombre à avoir la même idée, mieux mon compagnon du moment était venu en éclaireur et s'était "arrangé" avec un commerçant local pour qu'il nous laisse un coin abrité sous une tonnelle avec table et bancs près des toilettes communaux. Ce peu d'abri a vite été pris d'assaut par une armée de cyclos. Irréel à 5h du mat. Les mines marquées montraient bien la difficulté du brevet. J'y retrouverais Stinger.
A partir de là le gros du dénivelé est passé, tout au moins les plus difficiles montées. Mieux on entre dans mon coin et je connais toutes les routes pour les emprunter à longueur d'année.
La descente jusqu'à Chateauneuf sur Sarthe (km303) se fera avec le lever du jour, ça fait du bien et achève de me réveiller mais toujours pas de
mais par contre la pluie a cessé
On bifurque de nouveau vers l'Ouest, vent de face, direction Le Lion d'Angers puis Vern d'Anjou en empruntant des routes importantes à forte circulation, toutes droites mais au bel enrobé, heureusement car les bagnoles qui vous doublent pleine balle, le dimanche matin ça craint!
Le ciel est encore bien menaçant
A Vern d'Anjou (km331) nouvelle pause, je pointe dans la boulangerie et achète 2 pains au chocolat que je déguste dans le café à côté avec un bon Perrier.
Je repars plein nord dorénavant jusqu'à Laval. Le vent redevient plutôt favorable et la pluie menace moins, mieux un petit soleil fait une apparition. C'est le début du séchage...
Je passe Segré puis à proximité de Château-Gontier. Je roule comme un automate mais à Marigné-Peuton (km366) crevaison. Le village est en travaux depuis longtemps et sa traversée est pleine de trous
Réparation, 1/2h de perdue. A peine reparti que le ciel se charge à nouveau. Je prend une belle saucée et me re-voila trempé
J'aurais encore droit une autre fois avant Laval
Depuis bien longtemps je suis en mode éco mais ces routes, que je connais pourtant bien, faites uniquement de montées et de descentes finissent de m'achever et j'en termine vers 14h30 plein d'interrogations quant à ma capacité de faire un 600 avec ce vélo couché de près de 20kg
Quelques 8 jours plus tard je serai moins affirmatif et si, à chaud , j'en étais à me demander si je n'allais pas remonter mon VD, aujourd'hui la perspective des douleurs fessières me ferait plutôt re-changer d'avis. Bref je gamberge...