Bonjour Frédérique,
Très heureux d'apprendre de ta part que tu es bien arrivé à bon port.
Comme promis je t'envoie les photos.
Mon résumé ci-dessous:
Le BRM 200 du CDC-DIEPPOIS « côte à côte »
D’humeur joyeuse je chantonnais intérieurement « à bicyclette – de bon matin ……… » Mais c’est en voiture que j’avais décidé pour me ménager de faire le trajet Pavilly – Dieppe.
Les fenêtres baissées par cette fin de nuit étoilée, à 5h00, tout était calme, paisible et sentait bon l’air frais, sans véhicules alentours, pressés par la vie quotidienne et ses obligations. De plus comme c’était un dimanche tout avait une autre saveur. Les gens ne seraient pas stressés, ils apprécieraient leur petit déjeuner, comme moi-même je l’avais fais, et ensuite iraient peut être d’un pas nonchalant courir les marchés de produits du terroir ou chiner dans les foires à tout. Chacun sa petite passion, son hobbie, le notre, c’était la course cyclotouriste, la découverte de paysages en vélo, c’était de rouler en groupe, de se faire de nouvelles connaissances, de pousser nos machines et nos corps vers de nouveaux records personnels, sans pour autant tomber dans l’exagération.
Dieppe était une très belle vie avec son chemin tout le long de la mer, son ponton qui par grand vent et belles marées nous trempaient des pieds à la tête, c’était si amusant. La mer c’est tellement reposant aussi, le cri des mouettes et les œufs de mouettes spécialités Dieppoises en chocolat, un délice. En parlant de délice un excellent café m’attendait à l’annexe de la Mairie de Dieppe, et les nombreux bénévoles du CDD Dieppois étaient venus en nombre, le sourire accueillant, la part de quatre quart toute prête pour nous donner juste avant le départ, le gout du beurre et du gâteau qui rempli en même temps l’estomac et ravi les papilles. Vous me direz qu’une part de quatre quart, ça se trouve tous les jours, mais offert avec le cœur, et la bonne humeur, il revêt les jours de BRM200 une toute autre saveur.
J’en étais là de mes pensées vagabondes lorsque je fus attiré comme un aimant par une vision peu commune en cet endroit et surtout à laquelle je ne m’attendais pas. Tout juste le temps pour moi de faire un petit salut à Christine et Théo qui venaient d’arriver, que je ne pouvais plus détacher mes yeux de la superbe qui me submergeait telle une lame de fond. Rien n’avait plus d’importance, elle m’emmenait avant même que je n’ais pu l’approcher vers le monde de l’enfance, lorsque toujours innocent je croyais fermement qu’un vieillard bien sympathique venait visiter chaque maison, non pas sur son vélo, mais sur un traineau, pour apporter aux enfants sages (il n’a pas dû connaitre toute mon histoire ) le cadeau tellement attendu. J’en avais rêvé. Elle était là.
Mais elle n’était pas seule. Accompagnée. Et oui c’est toujours comme ça. Mais bien accompagné, et de cela j’allais en prendre conscience un peu plus tard. Son compagnon Frédérique dit Patritotte était afféré à ses cotés et semblait vouloir en découdre avec quelques soucis d’avant départ. Curieux, mais également désireux de venir apporter mon petit grain de sel et non de sable je m’approchais et fut très bien accueilli. C’est que moi aussi je la connaissais. Je savais comment elle fonctionnait. Cette trottinette. Elle lui appartenait. Il en était l’heureux propriétaire, était champion en la matière, champion de France de Trottinette mais avait pour le moment besoin de vérifier si c’était sa pompe qui était défectueuse ou si c’était un peu plus grave. Pour moi ni une ni deux, il me fallait agir, c’est que minot moi j’en avais changé des roues de trottinette. Allez hop , ce n’était pas la pompe, la roue une fois réparée tout était à nouveau merveilleux. Belle rencontre. Belle bécane et sympathique nouvel ami. Ami avec lequel j’allais faire une partie de la route de ce BRM200 !!!!!!
Au moment du départ, Patritotte me regarde, il se passe encore quelque chose. Les lutins seraient –ils espiègles ce matin. La lampe ne veut pas s’allumer mais je suis bien inspiré en ce moment, il faut croire que des ailes me poussent quand le printemps se réveille, j’appuis sur un bouton, clac ça marche. Évidemment une petite pensée taquine me vient « les visiteurs – allumé – éteint « mais il est plus que temps de se remettre les idées bien en place. Charles est avec nous. Il est parti à 3h30 de Rouen, un très bel échauffement, il est courageux. Il se sent aussi libre que l’air. Et j’aime à rouler avec lui, rien ne peut signaler le moindre souci.
Nous partons en retard, Frédérique et moi - ce n’est pas dans mes habitudes. Nous sommes d’ordinaire, nous tous les cyclotouristes très disciplinés. Heure de départ- heure d’arrivée- rouler en peloton c’est bien le but de l’opération, mais là je devais aussi en pratiquer une sur la trottinette et c’est ainsi que nous sommes partis à 2 – sans stress et sans avoir dans l’idée qu’il fallait se forcer à rattraper le groupe, on roule à son rythme et comme on le peut. Ça parait tellement naturel que nul ne se poserait la question.
Une douce pente de 8 km nous amène à notre premier contrôle à Frenoy - Folny et c’est dans une boucherie que nous devons demander notre tampon qui validera cette étape. D’humeur bien guillerette décidemment je pense à dire aux bouchers que nous allons en avaler des cotes ( non pas de bœuf, de porc ) mais celles qui nous attendent en pays de Bray. Ceci étant bien gourmand, l’idée même de belles pièces de viandes me fais déjà saliver. Attention quand même il s’agit de s’élancer, c’est la première étape, j’ai déjà le bedon rempli – en avant toute !
Charles vient de nous rejoindre et nous roulons avec la sensation que le mot liberté se décline au présent. Nous laissons notre ami Frédérique et sa trottinette pour ne pas le forcer dans son rythme – il est évident que nous ne pouvons avoir le même. Surtout dans le vallonnement de la Boutonnière. Je pense au nom des villages que nous traversons – des endroits dits « tel ou tel » et je me demande bien pourquoi ce vallonnement me fait penser à une couturière qui a du bien marquer les habitants……..allons franchement ce n’est pas le moment……
A Abbeville, la pause café tant attendue. Charles en a grand besoin parce que parti à 3h30 du matin, ça laisse le ventre déjà presque vide. On le rempli mais le carburant descend plus ou moins vite. Il faut donc se ressourcer régulièrement,.
Nous repartons vers Bray les Mareuil et nous avons une pensée pour les oiseaux qui se dirigent à 5km de là dans le village d’où est originaire Charles en Picardie : Hallencourt.
Arrivés à Bray les Mareuil pas un commerce d’ouvert, ville fantôme un dimanche, c’est un peu désolant mais nous rencontrons une charmante dame qui devrait nous venir en aide. Il faut valider notre second passage. Mais c’est sans compter le fait que le dimanche c’est un jour sacré. A part nous personne n’a envie de partir en petites ou grandes foulées. Le repos c’est obligatoire. Et comme c’est à la femme du Maire que nous parlons et qui s’empresse pour nous être agréable de demander ce petit coup de main, nous espérons bien repartir avec le fameux sésame. Rien n’y fait. Désolée pour nous, elle pourra nous servir de témoin. C’est qu’un dimanche, voir deux cyclistes débonnaires, c’est pas commun. Alors elle s’en souviendra. Monsieur Le Maire peut être aussi, on a du le déranger durant son repos dominical……..
Nous repartons donc, mi figue mi raisin. Il y a de l’immobilisme que même un titan ne pourrait pas faire bouger, la preuve en est. Un simple tampon c’était toute une affaire. À ce rythme là on peut penser que les choses vont mollo tranquillos. C’est peut être ça le secret de la longévité……..à méditer……
Le vent défavorable et le relief du paysage nous creusent l’estomac. C’est pas forcément des plus agréables comme sensation, surtout quand on veut attaquer les montagnes russes du pays de Bray : une seule solution : la pause déjeuner à Oisemont.
Nous quittons ensuite la Picardie à Senarpont. La vallée de la Bresle fait office de frontière avec la Seine Maritime. Au revoir chers picards, bonjour les Normands.
La longue pente qui nous ramène dans le pays de Bray par Campneuseville à raison de mes jambes. Néanmoins comme je ne suis pas du genre à abandonner je continue de pédaler et je suis à la peine,, laissant à mon ami Charles le soin de continuer à son rythme pour ne pas le casser ( son rythme ) – après c’est plus difficile pour les deux. Je vois Charles se dévêtir. J’ai surement une hallucination. Non il fait un soleil de plomb et non seulement j’ai les jambes en guimauves mais chaud de partout. Charles enlève les vêtements devenus inutiles. Et va pouvoir poursuivre allégrement notre périple- je vous rassure, il ne s’élance pas torse nu. J’en suis là de mes divagations dues à la chaleur, et à la douleur, lorsque bêtement je me dis qu’un GPS ça peut m’aider à concentrer mon cerveau sur autre chose et me voilà dérivant vers un raccourci, la tête baissé comme « Poulidor « il ne manquerait que les vas y Poulidor vas y !!!!!!!!!!! Pour que je me sente requinquer, mais point de chants de sirène mais un retour à la réalité. Voilà Christine qui conduit son peloton en tête de 5 Dieppois, car en cyclisme pour ne pas oublier un nom on utilise le nom de la ville. Faut pas non plus trop nous en demander quand on roule, on est tous copains, mais on limite les formalités protocolaires. Il n’y a pas de « Monsieur de ….ou quoi que ce soit d’autres- pas de CV – de costumes qui marquent des différences – pas de prise de tête …..).
J’en profite maintenant que mes esprits sont clairs pour faire des photos du groupe en le remontant, uniquement pour le plaisir ensuite de les transmettre et de garder un souvenir. Tiens je n’ais plus mal aux jambes. Je vérifie. Elles sont toujours en mouvement. Ouf !!!!
A Buchy après une multitude de côtes, devenues tout de même difficiles par les kilomètres accomplis, un 200BRM ce n’est pas forcément une promenade de tout repos, surtout quand le vent nous faisait face.
Nous nous attablons enfin à la terrasse d’un café, j’aime Buchy et son marché, ses petites maisons à colombages et son coté rassurant, les bruits environnants, les gens vaquant à leur occupation, et aux transmissions des petits potins ragots de campagne. C’est que c’est un sport départemental, mais c’est aussi ça la convivialité, se tenir au courant de ce qui se passe, de ce qui se fait, de ce qui se dit.
Après une boisson rafraichissante. Je retrouve Charles avec lequel je partage mes carrés de chocolats aussi mou que mes guiboles mais à la saveur citron gingembre , de quoi le rendre tout de même bien savoureux.
Les 40 derniers kilomètres nous semblent bien faciles, c’est qu’en fin de parcours, on se dit que finalement c’était trop court , le vent nous pousse maintenant, et nous atteignons presque les 30 km/heure. Je pense à tous ces petits vieux que parfois, pressé dans ma voiture je pense à doubler, finalement ils aiment peut être rouler au même rythme qu’un peloton du BRM200- c’est une idée qu’il faudra que je garde. Elle est rafraichissante. Nous sommes dans la vallée de la Varenne….
Nous retrouvons notre point de départ et Christine qui toujours en tête du début à la fin à su mener bon train, et ramener à bon port (de Dieppe ) toute sa petite équipe.
Patrick, le cyclo-rêveur