Bonjour,
Vous trouverez ci-dessous mon CR de l'Hannibal Ride que j'ai pu diffuser sur mon compte FB.
Quand est annoncé l’Hannibal rider, la promesse d’une grande aventure se profile. Ne pouvant participer à la date (recalée) d’août 2022, je me suis élancé en avant première le lundi 11 juillet sur ce parcours de 2500km (et 40,000m de D+), le premier de cette distance pour un club FFVélo, en l’occurrence AC Pavilly.
Le parcours est à diviser en quatre quarts : le premier et le dernier, une approche plus ou moins facile des Alpes (et retour) par les petites routes avec de nombreux points d’intérêts. Les second et troisième quarts, la moitié du parcours (1350km) c’est de la moyenne ou haute montagne avec quelque chose comme 30,000m de D+.
Pour ceux tentés par l’aventure, conscient d’en prendre plein les yeux et plein les jambes, il est toujours possible de s’inscrire ICI
C’est envisageable pour des randonneurs endurants mais pas forcément rapide. Une « solide expérience » de la randonnée longue-distance est sans doute nécessaire afin de gérer tout ça au mieux. Il est largement possible de mettre moins de 10 jours sans se mettre en danger.
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Vélo : mon Origine Graxx, transmission mini en 31/34. Plus petit ne me sert à rien. Pour les pneus, Panaracer GravelKing en 35mm. Ça passe avec plus petit mais ça va encore plus taper dans les chemins (ce n’est pas de la voie verte). Plus gros pourquoi pas ? à condition de ne pas les traîner sur la route.
Couchage : en dur tous les soirs, hôtel ou dortoir de randonneur (ma préférence en randonnée). Le but est bien de randonner, pas de me vautrer en pleine nuit dans un fossé de col. Le duvet n’a pas servi.
Météo : très chaude avec toute la période de canicule les 9 premiers jours. Gris les deux derniers et donc agréable. J’ai du faire des arrêts voir des siestes les après-midi, me baigner, boire des litres dont des sodas bien frais (boulangerie ou au « Vival »), rouler la plupart du temps en light mais c’est passé (sandales Shimano sans chaussette, pas de gant, maillot ouvert).
Ravitaillement : à la volée en journée et le soir soit un resto soit des « barquettes » dans la chambre ou en demi-pension dans les gîtes de randonneurs : www.gites-refuges.com
Chemin : c'est souvent de la mauvaise piste, pas de la voie verte.
Matériel : la liste est à la fin des photos.
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Pour ceux désirant se lancer, n’hésitez pas à me solliciter.
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Stéphanie, une bénévole m’accueille le lundi matin et je pars à 7h10.
Journée 1 et Journée 2 : sur ces deux premières journées faciles avec 595km (et 5900m de D+), je suis très anxieux et je doute fortement. Bien qu’avançant un peu mieux que mon plan de route en douze jours (pour presque 13 jours de délai), j’ai déjà bien chaud et je ressens que je n’ai pas vraiment fait de vélo depuis fin avril (et Cap ou pas Cap), le petit vent me freine plus qu’il ne me rafraîchi. Malgré cela, je me re-concentre, pense « petite victoire » et avance sans me griller pour la suite.
Avec du recul, ce fut la seconde journée la plus difficile de cette randonnée. La sieste de 13h45 m’ayant fait le plus grand bien au bord d’un ruisseau.
Journée 3 : je me réveille en plein nuit pour aller au WC. A 3h15 je suis sur le vélo. Je pars pour faire la Bresse à la fraîche. Après un premier quart facile, la partie centrale de la balade commence à Balanod au Nord de Saint-Amour. Ça va tabasser sur 1300km. La sacoche est pleine de victuaille, je pousse jusqu’au Bouchoux où j’enfile deux sodas et deux boîtes de fruits au sirop.
Le parcours passe à Châtillon-Michaille, j’avais prévu de dormir là ce soir, j’y suis juste après 13h ! Je suis énervé, j’ai bâché un trail en juin juste ici. Je repars, mange deux barquettes de taboulé au col du Richemond avant de monter au Grand-Colombier. Heureusement que je mange et bois bien depuis le début (des litres) car la montée est vraiment difficile.
Au col, je bois deux bouteilles d’un litre de soda à la cabane et regarde les derniers kilomètres de l’étape du jour avec le gérant. Je n’ai pas vu l’attaque du Danois mais la vue sur le lac du Bourget vaut la peine.
Je réserve ma chambre sur Annecy … je pousse jusque là-bas. 270Km pour 5200m de D+. Je dévalise la Monoprix en arrivant en ville. Beaucoup de monde profitent des bords du lac.
Je me sens bien mieux que la veille, rassuré.
Journée 4 : départ à 4h30. Je peine un peu en début de parcours à cause des efforts de la veille mais les pensées négatives ont disparu. M’importe désormais que de la jouer fine, c’est à dire faire juste ce qu’il faut pour ne pas enchaîner les deux grosses sections Gravel en Italie (Col de Finestre + Route de l’Assietta suivi après 10km de vallée du Col du Sommelier) sur la même journée un peu plus loin.
Le premier col sera le plus difficile, mais pour un 14 juillet, rien n’est plus beau que de monter au plateau des Glières et rendre hommage à ceux qui sont morts pour que nous puissions vivre libre. A cet endroit, je constate que les soutiens du candidat « pétainiste » n’ont pas osé coller son immonde portrait sur tous les poteaux et autres coffrets électriques.
Sur cette journée, fut au programme le Col des Glières, les Aravis, les Saisies (par Crest-Voland), le Cormet de Roseland par le difficile col des Pré et enfin le début de l’Iseran jusque Val d’Isère (et sa forte circulation). Rien ne sert d’aller plus loin si je souhaite dormir entre les deux gros morceaux italiens, je me contente des 180km et 5540m de D+. Dans le Col du Pré, je discute avec un cyclo intéressé par mes traversées de France. Je le retrouve plus loin avec sa compagne faisant le Tour du Mont-Blanc alors que je fais une grosse pause afin de faire descendre la température à Bourg-St-Maurice.
Aperçu depuis Tournus en fin de seconde journée, la plus belle vue sur le Mont-Blanc était à Hauteluce.
Depuis ce matin, la circulation est plus dense sur les grands cols, entre voitures et motos.
Journée 5 : Après ma nuit dans la station cossue de Val d’Isère, je termine l’Iseran. Dans la descente, c’est le seul moment de la randonnée où je m’habille un peu. Dans cette traversée du Parc de la Vanoise, de nombreuses marmottes et un chamois bordent le bord de la route.
Collation peu avant 8h à Lanslevillard, le col du Mont-Cenis n’est qu’une formalité. La rencontre de la grand-mère tenant le premier établissement vaut bien un arrêt. Le tour du lac du Mont-Cenis par la piste est bien sympa mais la montée à l’ancien fort de la Variselle s’apparente plus à du VTT. Je pointe 50m sous le fort et reprend mon chemin.
Côté Italien, ce col semble aussi facile à aborder, sans forte rupture de pente. C’est bien possible qu’Hannibal et sa horde d’éléphant soit passé par là.
Le premier épouvantail de la randonnée est au-dessus de Susa (en Italie), c’est le Col de Finestre. Attaqué à 11h30, le bas dans le village est très raide puis deux sections régulières de 8-9km à 9,5 % de moyenne. Première partie sur route et en forêt avec des lacets très serrés (11 au km7) puis une seconde partie sur une piste blanche au soleil. A la jonction des deux, une source pour faire le plein. C’est une partie très plaisante.
Petite descente et arrêt buvette avant la piste de l’Assietta. Une piste oscillant entre 2100 et 2400m d’altitude sur 25km. Les vues sont superbes mais j’ai l’impression d’être par moment sur Paris-Roubaix, ça tape fort dans les bras et le dos (douleur au dos en milieu de randonnée) et les nombreuses motos d’aventure dégagent un gros panache de poussière. Parmi les motos, deux français qui font la piste en mobylette.
La descente vers Oulx n’est pas plus affreuse. Je me trouve un hôtel et mange une pizza juste en face. Un bon bout de fait, 166km et 4620m de D+
Journée 6 : le bout de vallée jusqu’au pied du Sommelier me permet de remonter ma selle et re-lubrifier ma chaîne pleine de poussière. Au pied du col, je passe au pied du tunnel ferroviaire qui passe sous la montagne depuis 1871, belle prouesse.
Le début sur la route est très raide et dès les premiers bouts de piste, je dois regonfler car mon pneu arrière perd de la pression sur chaque cailloux. A peine plus loin, un vététiste italien rentre à pied. Le début est laborieux et la piste est moins bonne qu’hier dans le Finestre. Après un barrage hydro-électrique, le paysage s’ouvre et mérite les efforts consentis. A un moment, il y a un cirque où dégringole des cascades, c’est très beau. Au milieu, un refuge. Pour sortir du cirque, une succession de lacets et un peu plus loin sur la piste, le chemin se dégrade pour les 6 derniers kilomètres après une légère descente. C’est un chantier, j’appréhende la descente. Je mange mon paquet de noix de cajou et une barre que je trimbale depuis le début … et la montée se fait. Il commence à y avoir des motos.
J’atteins le sommet vers 10h et vais à pied jusqu’à la frontière franco-italienne. Le glacier a presque disparu. Hannibal et ses éléphants n’ont pas du passer par là.
Je mange ma boite de lentille et m’engage dans la descente à vitesse réduite, ça tape très fort sur le haut, je dois faire des pointes à 15km/h.
Par conscience professionnelle, je fais le tour du lac par l’autre rive. La vue est plus dégagée mais la traversée du barrage est privée (mais qu’importe).
Revenu en bas à Bardonnechia (jour de marché) peu avant midi, je mange une pizza au resto. Le reste de la journée est une randonnée du dimanche : Col de l’Échelle, la frontière au niveau de la vallée étroite est curieuse, elle n’est pas sur la ligne de partage des eaux (en effet, vallée française que depuis 1947). La vallée Clarée et son torrent cristallin me ramène à Briançon.
Ne reste que le col et la descente du Lautaret, qui malgré son vent de face salvateur n’est qu’une formalité.
J’arrive peu après 17h à Mizoën, je m’affale à la terrasse du bar / épicerie, mange un magnum aux amandes et sirote des Perrier menthe. Après une baignade avec des randonneuses dans une fontaine, je profite du gîte étape où je discute avec deux randonneurs suisses qui font le tour du Massif des Écrins. Que j’aime ces gîtes étapes pour randonneurs. (gîte à recommander).
Le soir, je saigne du nez. Espérons que cela ne soit rien.
Journée 7 : départ pour le plateau d’Emparis, dernière grosse section gravel de la randonnée. Le bas est aussi raide sur la route que sur le chemin et j’ai déjà chaud à 5h. A la faveur d’un virage à gauche, j’entre sur le plateau d’estive et le frais me gagne. Quel bonheur de pédaler à la fraîche face aux glaciers des Écrins … au pointage du refuge du Fay, café et chocolat chaud. La piste est facile, ça roule comme sur du billard.
Les deux villages dans la vallée du Fernand sont typiques de l’Oisans, c’est autre chose que le Disney-land de l’Alpes-d’Huez. Je rejoins le pied de la montée aux 21 virages par le sauvage col de Sarenne, la piste gravel du col du Cluy et les vertigineux balcons d’Auris.
A Bourg d’Oisans, je me goinfre en discutant avec des finlandais venus en vacances faire de la montagne.
Le pied de la montée vers Villard-Notre-Dame est superbe, une route creusée à même la montagne. Au village, malgré la restriction d’eau, la fontaine coule et je mets la tête dans le bassin. La fin du col du Solude est une piste très facile. Au pied de la descente, je prends une collation avec les deux jambes immergées jusqu’aux parties (trop) sensibles, pas à l’eau mais aux frottements induis.
La montée d’Ornan est une formalité. Moins que le Parquetout et ses 5km à 12 % (après 2km de mises en jambe), c’est pour cela que je m’accorde une pause sandwich auparavant à Enraigues.
Arrivée à 16h à Corps sur la route empruntée par Napoléon après sa fuite de l’île l’Elbe, pause fraîcheur avec une glace, deux cannettes et une bouteille de St-Yorre. J’en profite pour réserver (difficilement) mon hébergement pour le soir.
Il me reste le Col du Noyer afin de basculer dans le Dévoluy. J’ai un coup de chaud au pied du col, heureusement que j’ai quémandé de l’eau comme depuis le début de la randonnée chez des gens. Je mange une boite de fruit au sirop et un paquet de noix de cajous. Cela me suffit à me hisser en haut. 18h passé, je profite de la terrasse de la buvette, la randonnée est (presque) gagnée. Reste 6 jours pour 1000 bornes et le gros du D+ est fait.
Je rejoins St-Disdier et son gîte de randonneur. Après une soirée à échanger avec mes congénères, je m’affale dans le canapé du gîte pour y passer la nuit sans les déranger demain avec mon réveil à 4h. C’est la première fois que je dors avant 22h cette semaine, peut-être le contre-coup des 5000m de D+ dans la chaleur. (gîte à recommander).
Journée 8 : seconde semaine de randonnée, des altitudes plus basses et des températures au-dessus de 40°c.
La première partie est facile puisqu’en descente vers le Lac du Sautet. A 7h, je déjeune des sardines à Clelles où je ne devais dormir que ce soir (hôtel à la sortie). Par le facile col du Ménée, je bascule dans le Diois où je remange à Châtillon.
Le col du Rousset est long mais facile, je grimpe sans soucis sur la citadelle du Vercors. Je valide ainsi mon troisième et dernier BPF de la randonnée, j’étais passé de nuit en 2020 sur le Mille du Sud.
A Vassieux-en-Vercors, ce n’est ni le paysage ni l’excellente boulangerie qui me marque mais la pancarte « Compagnon de la Libération » sous celle de la commune. Des français ont été pourchassé par d’autres français à l’été 1944. Pas besoin de rappeler que des partis politiques fondés ou défendant « l’héritage » de la collaboration se sont présentés aux dernières élections.
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La route est la même à contre-sens que celle du Mille du Sud 2020, la descente du Col de la Machine par la Combe Laval mérite toujours le détour.
En-bas, c’est la fournaise. Je me baigne une heure dans un lavoir en discutant avec un peintre aménageant la structure béton. Le reste de l’après-midi n’est que repos, canette glacée et gestion de l’avance pour n’être que ce soir à Annonay après 230km.
Journée 9 : Il fait chaud dès 5h dans Annonay, mais une fois au col de Charousse à 1241m, je bascule sur l’autre versant du massif du Pilat (rien à voir avec la dune qui brûle) et la fraîcheur coté Haute-Loire est très appréciable. D’ailleurs, les forêts de sapins laissent place à des parcelles agricoles et au loin, les puys du Velay. Jusque Firminy, c’est très agréable cette fraîcheur.
Je m’engage ensuite dans les gorges de la Loire en deux parties, avant et après la plaine du Forez. J’ai chaud dans la seconde partie, il est midi et la météo annonce 40°c.
Ne voulant pas me tuer sur un vélo, je fais une pause de 13h45 à 16h45 à discuter en terrasse à Renaisson sur la côte Roannaise, j’ai déjà déjeuner ici en avril. Il ne reste plus qu’une quarantaine de kilomètre vallonné jusque Lapalisse.
J’ai 210km ce soir, la canicule sera passée demain matin. Ayant insisté sur le fait que j’étais affamé, la tenancière de l’hôtel me sert un saladier de paella pour dîner, j’engloutis tout.
Ancienne halte sur la N7, Lapalisse est un peu décrépi. Son château qui était auparavant la cause de fort bouchon sur la route des vacances est désormais la seule attraction de la commune avec la fête bien-annuelle du « bouchon de Lapalisse ».
Journée 10 et Journée 11 : Il ne reste plus que 534km afin de rentrer à la maison par un temps plus frais. C’est là que tu vois si il te reste quelques choses dans les jambes ou pas.
C’est une route globalement facile avec la Loire en fil conducteur le premier jour et la traversée du bassin parisien le second jour. Je fais le nécessaire pour être à Beaugency (282km) le mercredi et m’offre un bon resto (Henri II) à défaut de pause dégustation à Sancerre et Chavignol. Il pleut quelques gouttes aujourd'hui, la météo devient agréable à la pratique du vélo.
Le dernier jour, je gère simplement pour être entre 18 et 19h à Pavilly comme échangé le matin avec les bénévoles du club : sieste, bar … seront au programme du jour.
Au bac de la Bouille à 16h37, la navette arrive en même temps que moi. Le terrain est connu. Arrêt bar / boulangerie devant l’abbaye de St-Martin-de-Boscherville.
Les bénévoles de l’AC Pavilly m’accueillent … eux qui ne pensaient pas forcement que des téméraires allaient se lancer sur les traces des éléphants d’Hannibal. Merci à eux.