Semaine Fédérale de Loudéac

Rentré de la Semaine Fédérale de Loudéac, il est traditionnel de donner ses impressions. Je m’y risque donc, et n’engage que moi, participant qui fréquente cette manifestation depuis 1968, pas tous les ans, bien sûr.

Personnellement j’ai beaucoup apprécié l’ambiance générale détendue et les parcours très soignés, parfaitement fléchés et dont les carrefours et endroits dangereux étaient gardés et signalés de mieux en mieux. Pas faciles bien sûr, quelques très méchants talus, mais la Bretagne n’est pas plate, c’est connu depuis longtemps. Mention très bien aux deux parcours plus longs qui ont permis de voir la mer à Saint-Brieuc et à Pléneuf-Val-André. Bien enfin, les deux cols costarmoricains, même s’ils sont disqualifiés par le club des 100 cols avec la mention infamante : « Col créé de toute pièce, sans référence locale ».

Les villages traversés étaient presque toujours décorés, mais on n’y voyait que peu de monde, en dehors des nombreux commerces locaux ouverts et accueillants. Désintérêt ou absence de communication ? Rien à voir avec l’enthousiasme populaire que soulève en Bretagne le passage tous les quatre ans de Paris-Brest. Un peu dommage, mais pas bien grave.

Les points d’accueil étaient tâtonnants au début, puis ils se sont mis au diapason. Ils offraient systématiquement un plat chaud de raviolis, de poisson ou de tartiflette dans un récipient en bois ressemblant à une haute boîte à camembert. Bière et cidre coulaient, à deux euros le verre, plus un euro de consigne. Pas toujours mais souvent, un vaste emplacement ombragé pour s’asseoir et y manger tranquillement était proposé. Pas d’attente pour être servi et beaucoup de gentillesse de la part des bénévoles, en tee-shirt bleu-vert.

Venons-en à la logistique proprement dite, encore une fois telle que je l’ai vécue.

L’hébergement collectif à l’AFPA de Loudéac était parfait avec des chambres individuelles dotées d’un lavabo. Douches et sanitaires communs juste à côté. A quatre kilomètres du village fédéral dans un joli parc bien calme, c’était le top, le meilleur que j’ai connu sur une dizaine de Semaines Fédérales récentes.

La restauration collective laissait à désirer, surtout au début, avec le pain rationné au petit déjeuner, des produits de qualité mais en quantités insuffisantes, et surtout avec trop peu de sucres lents le soir. Servi en self, sans boisson, sans fromage et dans un plateau plastique, le dîner ne valait pas les quinze euros facturés. La prestation s’est un peu améliorée au fil du temps. Je ne sais pas pour le repas de clôture, ni pour le pique-nique, où je ne vais plus.

Le retrait des dossiers le jour de l’arrivée était, paraît-il, fluide, pour qui arrivait tôt ou tard, mais pour le flux massif du samedi après-midi, ce fut un échec complet. Les numéros posés sur les tables étaient masqués par la foule. Quand on arrivait enfin à accéder, c’était pour s’apercevoir que l’on n’était pas devant le guichet de son numéro et qu’il fallait tout recommencer. Zéro pointé et très mauvais démarrage, pour tous les cyclos en vacances que nous étions.

Le traitement informatisé des paiements par puce - le porte-monnaie électronique qu’on appelle aussi « cashless » - a plutôt bien fonctionné tout au long de la semaine dans tous les points d’accueil et au village fédéral. Malheureusement un bug, que les tests ont laissé passer, a nui à ce qui aurait dû être une belle réussite, et surchargé inutilement l’organisation qui a dû re-créditer ce qui avait été débité à tort lors du second soir.

Pour ce qui est du village fédéral lui-même, établi sur l’hippodrome de Calouët, il était semblable à celui de chaque année. Je n’ai donc pas, à la différence d'autres pour qui c’était plus une découverte, été choqué par son côté tristounet ou ringard. Mais on peut certainement faire bien mieux.

Avant de conclure, et pour revenir aux participants eux-mêmes, j’ai deux remarques à formuler.

Un point m’a choqué, c’est l’invasion des vélos électriques, avec des pilotes qui étaient loin d’avoir été atteints par la limite d’âge. Le chiffre d’un tiers des participants a été avancé et il ne me surprendrait pas qu’il soit confirmé. A ce propos, la société Duret-Geliano exposait un vélo électrique dont le moteur dans la boîte de pédalier, ainsi que la batterie dans le tube de selle, étaient absolument invisibles. Le poids en était de 9,5 kg et le prix, bien visible lui, de 19500 euros. Il semble évident que nous retrouverons des exemplaires de ce genre de machine, aussi discrètement électrifiée, en 2023 sur l’organisation quadriennale que vous savez. Comment les détecter, avec quels moyens humains et techniques, alors que des organismes beaucoup plus importants n’y parviennent pas ? C’est une dérive difficile à combattre, dont la FFCT n’a que faire, sauf à encourager encore davantage la pratique du VAE.

Enfin deuxième point, à l’opposé du premier, j’ai assisté lors du petit-déjeuner du samedi à l’arrivée des quatre premiers du BRM 600. Ils sont arrivés, bien anonymes pourtant, en 25h30, sur un parcours venteux et bosselé qui les a conduits en deux boucles de 300 km, l’une à Vitré et l’autre à Lannion. Parmi eux figuraient Patricia Roussel et son compagnon Patrick Dupouy, deux sportifs de haut niveau, modestes et sympas, qui viseront un prochain PBP en moins de cinquante heures. Bravo à tous les 71 participants de ce difficile brevet.

Finalement ce fut une bien belle semaine avec une météo parfaite et une excellente ambiance qu’ont su créer les 7800 participants et surtout les 1500 bénévoles (chiffres approximatifs). Merci à eux et à tous les organisateurs qui se sont investis pour faire connaître leur belle région.

Beau résumé de cette semaine fédérale, des cyclos de mon club participaient, je demanderais leur avis, le tien est surement très juste malgré quelques désagréments les points positifs l'emportent.
Je n'ai jamais été attiré par ces grosses manifestations, je crains la foule, (hormis le PBP bien sur)
Merci Alain.

Merci Alain pour ce ressenti très complet de la S.F. que tu m'avais envoyé en substance en privé. Comme Michel, je ne suis pas fan de ces manifestations où la foule est omniprésente. J'ai fait une seule Semaine Fédérale complète, celle de Cognac en 2019 , et je n'en garde pas un souvenir impérissable. Plus plusieurs jours sur plusieurs S.F. (Châteauroux, Niort, Nantes, ...). C'est sympa, mais ce n'est pas vraiment ma tasse de thé. Et désormais, ces fameux "vélos électrifiés" m'agacent de plus en plus, surtout ceux chevauchés par des personnes en bonne santé qui viennent là pour frimer. J'y viendrai peut-être, mais il faudra vraiment que j'y sois obligé par les ans ou par un état de santé suffisamment dégradé.

A propos des VAE, j'ai un copain en pleine santé de mon âge, il a acheté un vélo de route et un VTT électrique et pas n'importe lesquels, sur Strava il me grille sur tout les segments, je fais pas la course mais ca m'agace vraiment. 
Sa raison, j'ai plus envie de forcer 

Merci pour ce compte-rendu assez complet de cette semaine fédérale. J'ai un copain qui a fait le BRM600. Je n'ai pas encore eu son retour en détail mais je sais qu'il l'a trouvé assez dur.
Concernant les VAE, je connais deux personnes qui en possèdent. Ils ont des problèmes de santé et leur but est juste de pouvoir continuer à rouler avec leur copains. C'est important pour eux et je le comprends.
Par contre, si les gens sont en bonne santé, je trouve cela grotesque si c'est juste pour mettre la pige à leurs copains. Et j'ai la même crainte qu'Alain, on va en voir de plus en plus dans les épreuves et notamment dans les épreuves de premier plan. Le PBP, avec son meilleur temps connu de tous, et attirant de plus en plus de monde, attirera inévitablement des personnages en quête de record. Dans quel intérêt? ...
Pour ma part, je continuerai à rouler tranquille en profitant des paysages.

Carril a écrit:

... Le PBP, avec son meilleur temps connu de tous, et attirant de plus en plus de monde, attirera inévitablement des personnages en quête de record ...

Le meilleur temps sur PBP ne concerne que 4 ou 5 cyclos par édition. Je pense que ce n'est pas parmi ceux-là qu'il faudra chercher les possesseurs de vélos équipés de moteurs, mais parmi ceux, beaucoup plus nombreux, qui n'ont pas les moyens physiques de rouler fort et qui voudront épater leurs copains ! ! Il y aurait beaucoup moins de tricheurs si seulement les meilleurs trichaient !

Un peu hors-sujet mais juste pour dire que les tricheurs sont déjà présents sur PBP: F206 disqualifié à l'arrivée en 2019 avec son vélomobile électrifié.
Jean Munoz licencié à l'époque au vélo club Max Barel à VENISSIEUX.

La triche est aussi vieille que Paris-Brest. En 1891 Emile MARTI de Lyon, arrivé quatrième, a été disqualifié pour avoir fait une partie du trajet en train. Tandis qu’il avançait sur les rails, il se faisait remplacer sur la route par un sosie, son frère en l’occurrence.

Salut les copains,

Pas de SF pour moi cette année, pourtant "local de l'étape", ni sur le vélo ni en tant que bénévole (ce qui m'aurait plus, et aurait été le juste retour des choses car j'ai participé à certaines SF par le passé) car pas de vacances cet été,il y a beaucoup de chantier à assurer et les collègues prenant des vacances avec famille/enfant l'été les semaines de travail font systématiquement  6 jours. J'espère pouvoir prendre un peu de repos début septembre.
Des amis ayant participé ont apprécié les "talus" costarmoricains.

Mon papa natif de 1951 est passé au VAE en début d'année.
Randonneur confirmé à ses belles heures, l'usure de son métier dans le bâtiment a eu raison de sa forme de "jeune homme" et il doit surveiller les montées en régime intempestive de son cœur (il a un médicament pour la régulation du rythme cardiaque).
Du coup avec son vélo traditionnel, soit il se trainait soit il rentrait cuit avec le risque de mettre son cœur dans le rouge.
Comme il souhaitait continuer une activité au grand air, le VAE s'est imposé à lui.
Autre avantage: désormais on peux à nouveau rouler ensemble ce qui n'était pas arriver depuis plus de 5 ans et comme mon frère à repris le vélo nous avons pu faire une sortie à 3 début Aout, c'était tellement plaisant.
En gros tout ça pour dire que même si papa à l’air en pleine forme de prime abord, il doit faire attention à sa santé et le VAE lui permet de faire une activité tout en étant prudent. De plus le fait de faire cette activité repousse le effets de l'âge.
Mais bon papa n'est pas un frimeur, c'est un monsieur discret.

Les potentiels tricheurs sur PBP l'an prochain seront faciles à repérer : grande gueule assurée ! et ils ne seront peut-être pas si bien préparé que ça car ils imagineront que le VAE fera le boulot pour eux, or PBP c'est 50% les jambes et 75% la tête alors ces tricheurs ne m'inquiètent pas. De plus il leur faudra mettre une logistique bien rodée pour les recharges de batteries.

A+

Orangina 56, je comprends tout à fait la position de ton papa vis-à-vis du V.A.E. . Il a un passé de grand randonneur émérite, mais il souffre des conséquences d'une profession exigeante. Qu'il se fasse "aider électriquement" pour ne pas mettre sa santé en jeu, pour continuer à profiter des joies du vélo sans trop souffrir et pour accompagner ses 2 fils me semble tout à fait normal. Mais ce qui m'énerve beaucoup (comme pas mal d'autres...), c'est de voir des gens jeunes ou en pleine santé utiliser des V.A.E. . Je n'étais pas à Loudéac, mais plusieurs cyclos présents ont été choqués par la forte proportion de ces engins.

lmvv a écrit:

Orangina 56, je comprends tout à fait la position de ton papa vis-à-vis du V.A.E. . Il a un passé de grand randonneur émérite, mais il souffre des conséquences d'une profession exigeante. Qu'il se fasse "aider électriquement" pour ne pas mettre sa santé en jeu, pour continuer à profiter des joies du vélo sans trop souffrir et pour accompagner ses 2 fils me semble tout à fait normal. Mais ce qui m'énerve beaucoup (comme pas mal d'autres...), c'est de voir des gens jeunes ou en pleine santé utiliser des V.A.E. . Je n'étais pas à Loudéac, mais plusieurs cyclos présents ont été choqués par la forte proportion de ces engins.

Oui nous sommes totalement d'accord.
J'ai échangé avec des camarades de club ce matin qui étaient à Loudéac et ils ont fait le même constat.
En chantier dans le Béarn le week-end du 15 Aout, ma randonneuse était du voyage dans le camion et j'ai pu rouler un peu le dimanche matin avant le boulot (le moyeu dynamo a ses avantages): j'ai effectivement croisé des cyclos un peu trop assistés à mon goût alors que je transpirais dans les montées

Je comprends que des cyclos diminués physiquement puissent continuer la pratique du vélo sur VAE, malheureusement trop de cyclos en pleine forme achètent ces engins, un copain s'est payé un Pinarello plus de 6000 € pour faire le kéké sur Strava, cuila viendra plus jamais boire le café à la maison

Bonjour,

Je suis en vacances dans le Massif Central. La semaine dernière, je faisais du trail entre le Lac Pavin et Besse ... je me suis fait doubler par 5 VTT électrique. En soit, cela ne me pose pas de problème. Dans les 5 VTT électrique, 2 adolescents. Il y a un loueur de VTT électrique pour enfant sur Besse ... ... voilà comment nous fabriquons les malades de demain.

Sinon, pour répondre à Alain, les brevets de distances (sauf brevet fédéraux de 100km) de la FFvélo / FFCT sont réservés aux vélos musculaires (Diagonale et Brevets fédéraux). Pour les BRM, c'est l'ACP qui est maître du réglement et c'est aussi réservé au vélo musculaire.

Concernant les VAE très performants sur le Paris-Brest-Paris 2023, je suppose que le contrôle des cycles par l'Audax Club Parisien sera maintenu ? en cas de doute sur les VAE, le comité d'organisation du Paris-Brest-Paris Randonneur 2023 peut solliciter la FFvélo / FFCT pour voir ce qui est possible. A ce jour, je n'ai pas connaissance d'une demande de l'Audax Club Parisien vers la Fédération.

Concernant le BRM sur la semaine fédérale, nous avons lancé le mouvement l'an passé avec des BRM300, 600 et RM1500 avec une participation moindre (une vingtaine sur le RM1500)

Bonne soirée,
Stéphane

J'ai oublié de mentionner que la convention entre l'Audax Club Parisien et la Fédérétion française de cyclotourisme pour le Paris-Brest-Paris Randonneur de 2023 fut signé lors de la cérémonie d'ouverture de la semaine fédérale de Loudéac.