Je vais donc à mon tour vous "raconter" rapidement mon PBP avec Pierrot, MON AMI.
Après un bon plat de nouilles dans un resto tout près avec nos enfants et notre assistance(J Pierre et Christian) Nous rejoingnons la longue ligne des cyclos du 90 h.
Pointage au départ à 22 h 30 après une longue attente dans le stade dans une ambiance encore bon-enfant . Plusieurs "HOLLAS" pour patienter.
Je me pique pour mon insuline basale juste avant le contrôle puis nous montons sur les vélos pour aller au départ. La pluie arrive et tout le monde bâche en catastrophe. Mes filles et mon épouse "coco" sont là pour les derniers encouragements.
Enfin nous sommes lachés.
Les premiers kilomètres en ville se font à bonne allure puis la nuit nous happe soudain. Nous roulons très bien, Pierrot et moi, et remontons progressivement vers la tête du groupe.
Mais rapidement la pluie redouble et aux abords de Mortagne la visibilité nocturne devient réduite, surtout pour ceux comme nous qui portons des lunettes. Par moment, je pense que nous sommes fous de rouler dans ces conditions surtout dans les descentes, dans les bois.
Nous arrivons à Mortagne où JP et Ch nous attendent avant le ravito. Nous prenons un bol de céréales et nous nous changeons. Nous mettons également des protèges chaussures.
Nous repartons assez vite et nous continuons à bonne allure nous semble-t-il. Pourtant, plus nous avançons dans la journée plus nous nous apperçevons que nous sommes en retard sur le temps de Pierrot en 2003 et il nous faut nous résoudre à dormir à Loudéac plutôt que à Carhaix. Nous avons fait pourtant 24 de moyenne.
Peu après Tintinniac, Nous nous arrêtons car Pierrot me dit avoir du mal à fixer la route. Il me rassure en disant que cela va passer, que ça lui est déjà arrivé. Effectivement, après avoir rouler quelques km plus lentement, il reprend le rythme et nous arrivons à Loudéac mais il fait déjà nuit. Sur le tarmac Pierrot s'aperçoit que nous avons oublié d'appeler JP et Ch pour qu'il nous attendent et qu'il a laissé son carnet de route dans le fourgon.
Nous parvenons à les joindre et c'est Ch qui vient. Ils sont au Camping où tout est installé pour une bonne nuit. Je décide d'attendre à l'entrée vélo mais Ch ne pouvant approcher avec le fourgon va arriver par une autre entrée. Fianalement je les rejoint aprè une 3/4 d'heures d'attente. J'arrive auprès de Ch et Pierrot. Ce dernier est dans une couverture de survie et il tremble. Il m'annonce qu'il ne repartira pas, ce qui m'assomme un peu.
Arrivé à la sortie Ch me dit qu'il ne sait pas où est le fourgon.
Là, je pète les plomb et je leur dit que je repart et que je les retrouverais à Carhaix ou à Brest. Je part et je fait 2 km pour prendre conscience que je suis en train de faire n'importe quoi. Il pleut, je n'ai ren mangé et je n'ai rien ni dans mes bidons ni dans ma sacoche hormis ma carte bleue. Je fais demi tour et reviens au contrôle où ils ne sont plus là. J'appelle ma petite femme et je lui fait part de mon état dépressif et de mon souhait d'abandonner. J'ai vraiment honte de ce que je viens de faire, de traiter ainsi mes copains. Elle me dit que je ferais mieux de dormir et de voir ça demain.
Je joint Ch et lui dit que je l'attends. Peu après, il arrive. Je me confond en excuses et je rejoins le fourgon où je retrouve Pierrot qui me demande ce qui m'arrive. Je lui dit que je suis nul et que j'arrête. Il me regarde les yeux rouges de fatigue , de maladie, de fièvre et de souffrance (il a une blessure aux fesses qui se complique de part un staphilocoque) et il me dit. "Tu n'a pas le droit de dire ça, Le Paris Brest Paris, ON va le finir."
Je monte dans le fourgon et Ch me sort le dessin et le petit mot que m'a fait l'une de mes filles . "Regardes, pour elles, tu ne peux pas t'arrêter maintenant."
J'ai envie de pleurer!!
Je mange et je vais dormir dans la tente.
Deux heures plus tard, je me lève et je reveille Pierrot pour lui dire que je repart.
Je retrouve le parcours et je m'enfonce seul dans la nuit. A partir de là, je ne suis plus que moi, tout seul avec mon vélo; mes jambes qui tournent à merveille. Vers six heures, je commence à bailler. Je m'arrête dans un café où une dizaine de cyclos dorment sur les tables. Je ne m'assois pas.
Que dire du reste. plein d'annecdotes de moments sympas et d'autres moins mais à chaque étapes mes trois compères que j'appelle 15 km avant d'arriver et qui sont au petit soin pour moi; JP qui m'attend au contrôle et me prépare à manger, Ch qui s'occupe des bidons et du ravitaillement et Pierrot que je vois souffrir autant de son mal que d'avoir abandonné, mais qui ne dit rien et qui se charge d'entretenir mon vélo avec toute l'affection qu'il a pour moi. Je me sens bien,même si jai mal aux fesses.
Et je repart. Loudeac retour, j'arrive avant la pluie et je dort 3 heures. Fougères. Vilaines la Juhel et Mortagne que j'atteint le Jeudi à 21 heures le pneu à plat. J'apprend que seulement 1570 cyclos sont passés avant moi. Je prend une douche, froide , je mange je me couche pour me reveillé 2 heures plus tard. Je me lève aussitôt car je ne veux pas que les muscles se raidissent en essayant de dormir à tout prix. Je repart, les jambes sont là toujours là, je leur parle, les rassure en leur disant qu'il ne reste que 143 km, c'est pile poils la sortie du dimanche précédent. Du gâteau.
Mais... Mais au bout de 2 km, ma chaine se coince entre le petit plateau et le cadre. Je parviens à la sortir et je repart pour à peine une borne où je crève. je répare. Le pneu n'a pas été vérifié et je trouve une limaille pointue. Je peste de n'avoir pas vérifié moi même. Je change le pneu mais au moment de replacer la roue je m'aperçois que j'ai perdu l'axe; je le retrouve après 20 mn mais il n'y a pas le bouchon et le ressort. Ne trouvant rien en pleine nuit dans l'herbe haute du bas coté, j'appelle Pierrot pour qu'il m'amène ma roue de rechange.
Il arrive au bout de 3/4 d'eures avec JP. Je remonte la roue et je repart Mais je n'ai plus qu'un 12/22 derrière. Les montées vont être plus dures.
J'arrive à Dreux vers 7 heures et à 500 m du contrôle dans un petit raidillon ma chaine se coinçe de nouveau. J'arrive à pied et je vais pointer laissant le vélo à JP. Quand je revient au fourgon la chaine est toujours bloquée. Il faudra une bonne demi heure avant de la sortir. Je remet la première roue car les vitesses passent mal avec celle-ci. Je prend le temps de bien la règler et je repart. J'ai bien perdu deux heures dans cette histoire mais je suis largement dans les temps.
Je roule bien jusqu'au moment où j'entend un claquement dans la roue arrière. Je m'arrête : un rayon a laché. Je repart prudement. Je m'aperçoit rapidement que la roue est très voilée et qu'elle touche les freins. Je ne pense même pas à débloquer légérement le règlage. je n'ai plus qu'une obsession. Ne pas casser un autre rayon.
Je ralentit l'allure et je devient très prudent en ville évitant les trous et autres plaques. Je crois que malgré tout je suis encore lucide. Dans les derniers km, je parviens à prendre un groupe et je me mets dans les roues , je me laisse porté jusqu' à Saint Quentin où il manque des flèches. Mais je connais et je me dirige seul suivit d'un dannois. Les autres prennent une autre route.
J'arrive enfin sur la place où l'émotion et les cris d'encouragements me secouent. J'entend mes compères qui sont heureux et J Phillipe, un copain du Club qui m'a suivi dans les premiers brevets et dans mes sorties le dimanche.
Je franchis la ligne et je m'effondre en larmes. Je l'ai fait. J'embrasse longement Pierrot qui me dit . On remet ça en 2011! j'acquiesse.
Je suis très heureux. Simplement heureux ..... d'avoir un ami comme ça!