Il est 20h, nous sommes parfaitement dans le timing prévu, il fait encore jour et je pense que nous pouvons progresser encore un moment. Mais Luc avise la dernière gargote a la sortie de Menton ... Il a besoin de remplir son estomac le champion. Pour ma part j'avais prévu suffisamment de bouffe dans ma sacoche de guidon pour être autonome et perdre les moins de temps possible en mangeant à vélo. Je patiente donc assis sur le trottoir avec deux tranches de cakes salés en répondant aux sms des copains, en attendant que le gourmand engloutisse sa pizza ...
La nuit est tombée lorsque nous repartons, le parcours longe la côte sur une centaine de kilométres. Hormis les 20 kilométres sur la royale piste cyclable du coté de San Rémo, le profil n'est pas aussi plat que ce que j'avais imaginé ... Avec la lune miroitant sur la houle en contrebasl'animation permanente des villes traversées, ces quelques heures sur la Riviera resteront l'un des meilleurs moments du 1000 du Sud. Vraiment magique ...
C'est par là que nous tomberons sur le jeune Sebastien, 27 ans et toutes ses dents, avec qui nous ferons quelques kilométres. La jeunot est visiblement costaud, une bonne jambe de plus que nous. Mais il découvre la longue distance : c'est son premier 1000. Gonflé le gamin !!!! Sebastien est bien sur équipé d'un GPS (nous apprendrons plus tard qu'il l'avait acheté quelques jours plus tôt, sans en maitriser le maniement) .... Luc et comme moi. Quand on est avec un gars équipé d'un GPS on suit .... et c'est là qu'on se paume !!! Oh, pas méchant, à peine quelques km .... un nom de village non mentionné sur le Road Book reveillera ma vigilance.
Nous ferons une nouvelle pause bouffe à Pietra Ligure, kilométre 126, juste avant de quitter la côte pour attaquer les premiers reliefs italiens .... Je suis un peu saturé par mon cake salé , et pendant que Sebastien somnole sur un banc, je me laisse tenté par une pizza 4 fromages comme mon copain Luc .... Sympa la gargotte, mais bien luisante la pizza ... elle me restera sur l'estomac toute la nuit. Quant à Luc, il est toujours aussi impressionnant quand il s'agit de descendre une pizza ...
Des que nous reprenons la route, la pente se fait severe et nous attaquons une longue ascension ... Luc est bien plus à l'aise que moi en montée, c'est une vraie moulinette et il caracole en tête. Nous perdons Sebastien dans l'affaire ... Regroupement en haut sans surprise Sophie et Bernard nous attendent pour un contrôle secret ...
Sébastien arrive peu après et j'imagine qu'il a du se pauser un moment ... Et nous les vieux on déguerpi fissa après un bol de soupe, because ça caille grave par la haut ...
Quelques péripéties encore dans la descente ou un nom de village bizarre me fera rebroussser chemin sur quelques kilométres avant qu'un copain allemand me remette sur la bonne trace (donc dans l'autre sens). Je retrouve mon Luc pantois, planté au carrfeour precedant le raidar suivant ... C'était en quelque sorte la nuit du raidard spaghetti ... Une étape trés difficile, ou nous appercevront des grappes de randonneurs endormis ici ou là, et qui nous amenera à Sasselo pour le 3ème contrôle avec une heure et demi de retard sur mes prévisions ...
Un bon petit déj s'impose pourtant ...
Tiens voila Urban qui déboule ....
Et la mama locale, comme dans les films ...
Quelques kilomètres de vallée et les affaires reprennent de plus belle
Les fontaines sont rares mais Luc est un as pour aller à la chasse a la canette directement chez l'habitant, avec un naturel déconcertant ... Il suffit de dire que je vais être à sec, et dans les 5 minutes il a flairé le bon plan. On venait tout juste de rempli nos bidons lorsque l'on tombe sur le 3ème contrôle secret !!!!
Papou et Mimi avaient pourtant prévus les jerrycans. On se contentera d'une petite soupe ...
Ça chauffe ....
Du coté de Narzole je crois ...
Urban est attablé à une terrasse avec une bière et nous explique que la panacotta est à mourir ... Notre ami allemand est un bulldozer sur le vélo, il nous double et redouble régulièrement en prenant tout son temps pour s'empiffrer sur les terrasses. Ça laisse rêveur quand on est obligé de calculer au plus juste pour être dans les délais ....
Une fontaine plus tard ...
Une longue et ennuyeuse portion de plaine avec beaucoup de circulation nous conduit en direction du Col Agnel ... Heureusement que nous étions à deux et que nous avons pu nous relayer.
Passage à Sampeyre pour le 4ème contrôle, ou nous perdons pas mal de temps en voulant rentrer dans le village. En fait les commerces se trouvent sur la route principale en direction du Col ... Luc étant plus à l'aise que moi en montée, nous décidons de rouler chacun a son rythme et de nous retrouver à Embrun pour dormir. Nous sommes très en retard, je contacte avec difficulté l'hôtel réservé pour convenir d'un accès tardif a notre chambre ....
L'approche du Col Agnel n'est pas aussi facile que ce que j'avais pu lire, on encontre régulièrement quelques sévères pourcentages ....
Et le temps me parait bien long jusqu'au vilage de Chianale, que je dépasse alors que la nuit s'apprete à tomber. Le temps est gris, il y a beaucoup de vent, il fait froid .... On entre alors dans une autre dimension.
Les 9 derniers kilométres sont terribles, je crois bien que je n'ai jamais rien fait d'aussi difficile. Mon 34 x 32 m'avait jusqu'alors permis de passer partout relativement souple ... Là, c'est debout sur les pédales en tirant comme un damné que je me suis issé en haut du Monstre. Tiraillé par une petite voix dans l'oreille gauche qui me sussurait “déclipse, pause le pied” et par son écho dans l'oreille droite qui m'invectivait “non, surtout pas , ne fait pas ça” ....
Dans Agnel tous les kilométres sont marqués sur le bitume ... entre deux traits ça dure une eternité. Souvent je me suis dit qu'ils avaient du oublier une marque ... Eh non !!! La marque arrive toujours ... Dans les rampes les plus sevères, avec le vent violent pleine poire, je vois encore mon compeur indiquer un ridicule 4km/h. Terrible, vraiment terrible ...
En haut, c'était la fête à Eole mais pas à Poucet ... impossible de trouver un petit coin pour s'abriter et enfiler les fringues. Pour le coup, là j'aurais vraiment apprécié un contrôle secret !!! Bref, heureusement que j'avais de quoi dans la sacoche, j'ai tout enfilé pour la descente ....
Les marmotes étaient couchées depuis bien longtemps, mais cette descente interminable à laminé mes cervicales ... Je suis arrivé complétement démoli en bas et les derniers kilométres pour aller jusqu'à Embrun ont été bien laborieux. J'y ai néanmoins retrouvé comme prévu mon compère Luc et nous avons pu profité d'une douche et d'un vrai lit pour une courte nuit fort réparatrice
J'avais rêvé d'une bonne pizza en terrasse à Embrun, mais nous sommes arrivés bien trop tard, sur le coup de minuit et demi, et tout était bien fermé. Après une bonne douche, nous avons donc fait la fête au demi cake salé qui restait au fond de ma sacoche avant de sombrer profondément jusqu'au petit matin ...
Réveil à 5h30 pour un départ à 6h , comme prévu dans mon plan de route. On a tapé dans les heures de sommeil pour se recaler sur le timing, avec dans l'idée profiter du soleil levant sur la petite route en balcon qui surplombe le lac de Serre Ponçon. Je pensais bien aussi qu'on y trouverait un contrôle secret pour un petit café ....
Avant de quitter Embrun, nous allons vite avaler un grand noir et faire tamponner nos cartons dans le premier troquet qui ouvre ses portes ...
Stutz un randonneur germanique au sourire malicieux débarque aussi, un peu en vrac ... on se croisera souvent par la suite ...
On fait tranquillement chauffer les moteurs en grimpant sur la petite D9 en direction de St Appolonaire et Chorges .... Le bitume est tout bariolé de messages d'encouragement aux Embrumann qui sont passés par là quelques semaines plus tôt ...
La nuit m'a fait le plus grand bien. Même si je peine toujours a suivre la moulinette à Luc, les sensations du matin sont excellentes et je respire du bonheur de profiter de ces instants magiques. Une belle journée s'annonce ....
C'est sans réelle surprise que nous trouvons Jim au détour d'un virage pour le quatrième contrôle secret ... Le pauvre est frigorifié, mais sa bonne humeur nous motive encore plus !!!! Luc et Jim ont plein d'aventures a se raconter ...
A vrai dire Luc est intarissable. Il ne paie pas de mine et fait toujours preuve d'humilité ... Ce gars là a plongé dans l'ultra version course à pied très jeune, il a connu le haut niveau, bataillé avec les plus grands champions, courus toutes les plus belles courses ... C'est une malle a souvenirs et je me régales aux récits des ses exploits aux quatre coins du monde ....
Chorges, à l'heure de la boulangerie ... On retrouve notre ami Stutz, et Luc a trouvé un concurrent à sa hauteur question bouffe. Je suis largement dépassé, c'est dire !!!!
A l'heure de repartir Stutz se rend compte qu'une de ses pédales est en train de se barrer. Ni une ni deux, le Luc interpelle le premier artisan qui passe, lui emprunte un marteau et bidouille le truc en trois coups de cuillères à pots ....
On enchaîne avec le tranquille Col de Manse qui surplombe la cuvette de Gap ....
Le ciel est lumineux mais je trouve le vent bien frisquet. Je remet l'opération débâchage à plus tard ....
Nous empruntons la Route Napoléon pendant un moment, ce qui nous permet de remonter un peu la moyenne, avant de bifurquer par une toute petite route en direction du petit village d'Ambel, qui domine le Lac du Sautet, pour le 6ème contrôle ...
Le Col du Festre est un incontournable du 1000 du Sud. Nous l'avons escaladé par son versant facile, avec le vent dans le dos, pendant que mon ultra compagnon me relatait ses aventures à la Sakura Michi … Je nai pas vu le temps passer …
A quelques encablures du Col, voici l'un des champions italiens ...
La récompense se trouve a la Maison du Col du Festre ou l'accueil est toujours aussi sympathique … Comme à chacun des mes passages par ici, l'assiette devoluarde et ses oreilles d'ânes réjouit mes papilles.
Et je n'ai eu aucun mal a convertir Luc à la spécialité locale .... Par chance le soleil s'est mis à chauffer exactement à l'heure de notre passage et nous avons pu profiter de la terrasse ....
La descente sur Veyne est très rapide et nous poursuivons sur de bucoliques petites routes estampillées "Boucles du Buech" ...
C'est au Col de la Croix que nous trouvons Bruno et Maria pour un 5ème Contrôle Secret ...
Cette section est facile, on déroule ....
Voici le jovial Matthias, un jeune allemand que j'avais rencontré sur les brevets à Fribourg, avec sa dégaine pas possible et un coup de pédale monstrueux !!!!
Dans le Col St Jean ....
Il faut appuyer sur les pédales en bas pour lutter contre le vent en direction de Sédéron pour le 7ème et dernier contrôle ....
Il est 18h, nous sommes toujours dans les clous et pointons dans la première épicerie qui se présente. J'en profites pour engloutir un Yop et remplir mes bidons de St Yorre … je n'en peux plus de la poudre énergétique.
Un petit vent frais fait rapidment baisser la température …..
Nous filons bon train sur un profil descendant en direction de Banon, avec le majestueux Ventoux en toile de fond ...
Je l'avais déjà constaté sur le PBP, je ne sais pas si cela est du a la qualité de l'équipement ou au fait que j'ai du la reculer pour pouvoir accrocher ma sacoche Carradice sous les rails, mais je trouve la selle Prologo Zero du Merckx peu confortable …. D'habitude je suis plutôt du genre "blindé du cul", mais là je suis entamé sur les haut des ischios depuis un bon moment. Je soigne ça en alternant les couches de Cetavlon ou de Nok …. Obligé de lever le popotin de plus en plus souvent de la selle et je roule crispé, et cette mauvaise position entraine de vilaines douleurs au niveau des cervicales …. Bref je ne sais plus comment me poser sur le biclou. Alors que la nuit vient de tomber, c'est avec soulagement que nous posons pied à Forcalquier au premier restau qui se présente … Nous trouvons là le duo franco anglais formé de Marc et Richard qui en termine avec le menu maison qui semble les ravir ....
Nous commandons donc deux assiettes de pâtes au basilic … Bonne pioche, la patronne est sympa et la pâtes délicieuse ….
Il reste un peu plus de 100 bornes et nous repartons remontés comme des coucous sur le coup de 22h … le Road Book à Sophie est très précis, mais avec la fatigue et l'obscurité, nos deux petits cerveaux bien entamés ne sont pas de trop pour rester sur le bon tracé ….
J'essuie un gros cou de bambou du coté de Ste Croix et je m'appuie sur les quelques gouttes qui viennent refroidir l'ambiance pour pretexter une pause habillement … Luc est toujours imperturbable, insensible au sommeil et aux kilomètres qui s'accumulent. Sans lui j'aurais probablement sombré sur un banc …. Derrière lui je trouverai les ressources pour en finir et nous arriverons ensemble à Carcés sur le coup de 3h15, un peu dans l’indifférence générale … Quelques finishers, essentiellement allemands sont attablés et on attaqués la réhydratation. Matthias nous fait marrer en racontant le guet apent dans un village en fête ou ses bidons ont été rempli de pastis …. Papou toujours aussi disponible nous amène une bonne assiette de pâtes ….
Je trouve ce 4ème 1000 du Sud plutôt pas mal géré, probablement le plus conforme à mes attentes. J'ai particulièrement apprécié la compagnie de Luc et la balade nocturne sur la Riviera … Mais je dois pourtant reconnaître que je n'ai pas ressenti l'émotion qui m'avait submergé lors de ma première participation avec Bridou et l'épisode du marcassin (euh, c'est sans regret qu'on en a pas vu cette année) ou bien encore en 2013 lorsque Jim et moi avions fini pile poil dans le délais … L'usure du temps ???
Après une douche un brin glaciale on file se vautrer sur les matelas dans le Dojo ...
Samedi matin à l'heure du petit déjeuné, quelques uns arrivent pendant que d'autres emmergent …. Ca papotte, chacun raconte ses péripéties, c'est un moment de partage très agréable, quand notre corps renvoie l'euphorie des endorphines …
Merci à Sophie et a toute la petite équipe de Provence randonneurs ...
Malgré la fatigue accumulée, les sourires qui illuminent les visages des finishers matinaux font plaisir à voir ....
André, Eric, Sylvain ...
Sébastien le plus jeune et Hugh le plus ancien ... génial ...
Je crois que c'est lui (Fridtjof Hardwardt ??? ) qui a bouclé la balade sur single speed ...
Luc et Robert ...
Jim et Marc ....
André ....
l'excellent Mathias ...
Sehiry le jeune ukrainien ...
Notre ami Stutz avec les cheveux en bataille ....
Déja blindé le môme, avec sa belle tenue qui fait baver Luc. Et beau gosse en plus ... Bravo Sebastien ....
Il est temps de ranger le barda ....
Il est midi, on peut se lâche un peu sur les terrasses de Carcès ....
Salut les amis ...
Coup de bol, le mistral me poussera jusqu'à la gare des Arcs ou j'ai largement le temps de me m'envoyer une bonne glace avant de grimper dans le train. Je pensais tomber comme un sac …. Même pas, impossible de fermer l'oeil. Echanges de SMS avec Pierre de Chrono Compétition et Danièle qui doit récuperer du matos à la Salle des Fêtes de Kintzheim avant 19h …. Mon esprit est déjà au Trail du Haut Koenigsbourg …
Il est un peu plus de minuit lorsque que je débarque à la Gare de Selestat …. Quelques heures de sommeil et Dimanche matin à 6h je suis en poste au carrefour du Hasenclaver pour scanner les dossards du THK 84 et 54 km … Un peu en vrac, un peu froid, mais encore une belle journée de sport !!!!!