Mon 1er PBP, grâce à vous

Un grand merci à vous car vous m’avez permis d’aller pointer dans mon ancien lycée ! La dernière fois c’était pour le Bac, il y a au moins 40 ans …
La lecture du forum m’a permis de bien préparer mon vélo (zéro pépin) et (un peu moins bien) le bonhomme ; les contraintes familiales et professionnelles perturbant la préparation. Avec trop peu de kilomètres dans les pattes, je suis au départ à Rambouillet, impressionné par le nombre de vélos.
La première étape jusqu’à Loudéac se passe bien. Merci aux 5 versaillais qui m’ont tiré jusqu’à Mortagne. Je les ai perdus dans la nuit sur le parking et la suite ce fera plutôt en mode solo, pour autant que l’on se sente seul sur les routes de PBP. Toujours accompagné du petit vent de face et au hasard des groupes doublant-doublé, je progresse de contrôle en contrôle pour arriver à 18h30 à Loudéac. Une nuit à l’hôtel où ma femme m’attend et départ à 1h pour l’aller-retour à Brest.
Cette journée sera plus dure … Je ne pensais pas mettre autant de temps. Pause à Sizun pour le petit dej. Là je rentre en pays connu, la ferme de mes grands-parents est à 5km du parcours mais je ne ferai pas le détour ! Grand plaisir de passer le pont Albert Louppe et de faire la remontée vers la place de Strasbourg. Je pointe dans mon lycée qui n’a pas beaucoup changé ; si,de nom, lycée Vauban ça fait plus chic que lycée technique de Kerichen.
A Landerneau, un cyclo expérimenté (7 PBP et demi, il vient de pointer à Brest) me donne ce conseil : «  pour réussir PBP, il faut une bonne préparation et un peu de chance ». Comme pour moi c’est l’inverse, je ne peux compter que sur ma bonne dose de chance ! Deuxième arrêt à Sizun pour le plaisir et un peu de repos avant le Roch Trevezel. La suite sera longue, longue, mais jamais désagréable. Les jambes tournent bien à défaut de faire avancer rapidement le vélo. Je multiplie les arrêts, le temps s’écoule, les kilomètres aussi mais plus lentement. 23h Loudéac. Pour rentrer dans les délais, il va falloir se lever tôt et ne pas trop dormir la nuit suivante !
Je suis sur le vélo à 4h30 et la mise en route est laborieuse. Il me faudra attendre le lever du jour et Tinténiac pour retrouver le plaisir d’être sur le vélo. Ah, la côte de Bécherel … Je prends mon temps et le petit-dej au contrôle (malgré la sono à fond). J’arrive à Fougères pour le déjeuner et à Villaines la Juhel pour le diner. Gros accueil et une petite main pour porter mon plateau repas. Les bénévoles et les spectateurs de ce PBP sont formidables. Que d’émotion ! Il fait beau, l’ambiance est géniale, que ce soit les cyclistes ou les spectateurs, tout serait pour le mieux si la moyenne ne s’obstinait pas à rester sous les 20km/h.
J’ai prévu de quoi dormir le moment venu donc je roule. Tranquillement. Arriverai-je à Mamers ? A Mortagne ? Dreux serait l’idéal mais c’est un peu loin. 23h je suis à Courgains. Coup de fil à ma femme pour la prévenir que ce sera une nuit sur le vélo. A Mamers je m’équipe pour la nuit. A 2h je suis à Mortagne. Ah la petite côte pour accéder au contrôle…  Je n’éprouve pas l’envie de dormir mais à l’intérieur après un thé et un pain aux raisins, je sens que je pourrais m’endormir. Je préfère repartir, la fatigue et les douleurs s’installant, je veux limiter au maximum la longueur de la dernière étape. Les collines du Perche ne sont pas déplaisantes à parcourir, surtout à la montée, ça réchauffe car l’humidité rend les descentes moins agréables. Arrêt féérique à Neuilly sur Eure. J’ai pas vraiment besoin de m’arrêter mais tous ces vélos, la boulangerie et le café ouvert à 4h du matin … PBP c’est vraiment génial !
Au moment où je photographie un cycliste qui dort dans le café, assis sur sa chaise et enveloppé dans sa couverture de survie, je reçois un texto du copain avec qui je devais faire ce PBP. Des problèmes de dos en ont décidé autrement. Il m’imagine déjà près de Dreux … Et oui, la fatigue ….
Arrêt aussi à Senonches, pour le plaisir d’être dans cette ambiance. Après c’est tout plat, nous annonce un bénévole. Ah, dommage, je commençais à apprécier l’enchainement continuel des montées et des descentes. Je prends la roue de groupe TGV. Un peu trop rapide mais tellement grisant et puis 40 km c’est court. Enfin pas si court que ça, alors je décroche … L’aube arrive, je n’ai pas sommeil mais la lucidité s’émousse. Fais gaffe, ne prend pas de risques, reste vigilant. Je cherche à deviner les premières lueurs de Dreux, tiens Vernouillet, cool.
7h je suis au contrôle. J’ai 6h30 pour faire 45km, ça devrait le faire. Comme je suis bien entamé, je décide de dormir 2h. J’ai du mal à marcher jusqu’au dortoir, je n’arrive pas à recharger mon gps, je fais le mauvais choix de matelas ; à côté de l’équipe de secours qui, désœuvrée, papote sans discontinuer. Je dors pourtant une heure et me réveille inquiet de me perdre si le gps ne fonctionne pas et s’il n’y a plus assez de cyclistes pour confirmer que je suis sur le parcours.
8h je me lève, déjeune et à 9h je suis sur le vélo. Il commence déjà à faire chaud, j’enlève les manches et les jambes. Après la première côte, j’enlève le reste pour rouler en mode été. S’il n’y avait pas le malocu, la vie serait belle. J’ai mis 7km pour réussir à poser les fesses sur la selle… Le plus douloureux étant de s’assoir et se relever. Une fois posées, ç’est supportable.
Un carrefour sans fléchage et hors de la trace … Une automobiliste confirme la route, «  il y a une flèche sur ma maison ! ». Le changement de trace entendu au départ concernait donc cette dernière étape. La suite est plutôt plaisante, la route est plate (ou presque), pas de vent, le soleil … Seul point noir le revêtement plus granuleux par endroit, en particulier dans la traversée des villages.
Rambouillet,11h30, ça se termine. Si je sprint, je pourrais être sous les 88h. Mais je n’ai plus les jambes et j’ai peur de me vautrer sur les pavés ou le sable de la cour de la Bergerie Nationale. Bah, il faudra rajouter 1 minute et 7 secondes.
Je me pose à l’ombre, envoie des SMS à ceux qui m’ont soutenu. Je suis content d’être arrivé et prend conscience que j’ai vraiment de la chance de ne pas avoir besoin de dormir. Ce n’est pas sur mes qualités de cycliste que j’ai réussi. Ma préparation était vraiment trop légère. Ah oui, il faut aller pointer. Ah oui, il offre le repas.
Bilan : Si tout va bien, dans 4 ans je suis au départ ! PBP c’est trop d’émotions, trop génial.
Lundi dernier bilan médical : la peau des ischions infectée, des fourmillements dans les pieds (mais pas de troubles neurologiques ou vasculaires), une tendinite à l’avant-bras droit (faut-il passer au changement de vitesses électrique ?) et 12/7 de tension. Je ne suis pas plus fatigué qu’après un 600.
L’euphorie retombe doucement. Comme la retraite est dans quelques mois, le programme des longues distances va s’affiner : Diagonale, Réconciliation, …. à voir. Pour l’instant il faut préparer les randonneuses pour trois semaines de cyclo-camping en Sardaigne !

Super compte-rendu, très agréable à lire, ça me remet dans l'ambiance de ce PBP 2019.
Bonne route et bonne préparation pour la prochaine édition.

Beau cr fachoux!! On sent que tu y as trouvé l essence même du pbp ! Bonne recup et surtout bon cyclocamping !!!
Cath

Sympa ce CR ! On a du se retrouver en même temps à Dreux et pas loin l'un de l'autre dans la partie finale. 
Tu n'as pas trouvé qu'il faisait horriblement froid à l'arrivée à Dreux ?

Bravo !  Je suis bien d'accord PBP c'est trop génial et moi aussi après ma 6ème participation cette année, je pense à 2023...je ne m'en lasse pas.

Renarde a écrit:

Sympa ce CR ! On a du se retrouver en même temps à Dreux et pas loin l'un de l'autre dans la partie finale. 
Tu n'as pas trouvé qu'il faisait horriblement froid à l'arrivée à Dreux ?

Non, pas senti le froid à Dreux. J'avais juste terriblement envie de dormir
J'ai pris mon temps à Dreux, 1h de sommeil et 1h de petit-dej ! Départ vers 9h30.
Sinon on a des progressions assez similaires! Mais, inexpérimenté dans la longue distance, j'ai apprécié d'être seul pour choisir le rythme de progression (vitesse sur le vélo et nombre d'arrêts) .

Fâchoux a écrit:

Renarde a écrit:

Sympa ce CR ! On a du se retrouver en même temps à Dreux et pas loin l'un de l'autre dans la partie finale. 
Tu n'as pas trouvé qu'il faisait horriblement froid à l'arrivée à Dreux ?

Non, pas senti le froid à Dreux. J'avais juste terriblement envie de dormir
J'ai pris mon temps à Dreux, 1h de sommeil et 1h de petit-dej ! Départ vers 9h30.
Sinon on a des progressions assez similaires! Mais, inexpérimenté dans la longue distance, j'ai apprécié d'être seul pour choisir le rythme de progression (vitesse sur le vélo et nombre d'arrêts) .

Tu as bien fait ! J'ai aussi apprécié d'être seule, les deux fois. Par contre j'ai fait au moins 60 km avec quelqu'un du forum, dans le secteur entre Villaine et Mamers mais je ne sais pas qui c'est

Fâchoux a écrit:

La première étape jusqu’à Loudéac se passe bien. Merci aux 5 versaillais qui m’ont tiré jusqu’à Mortagne. Je les ai perdus dans la nuit sur le parking et la suite ce fera plutôt en mode solo, pour autant que l’on se sente seul sur les routes de PBP. 

5 versaillais ? de l'amicale cyclotouriste versaillaise ? dont un costaud barbu ? Si c'est eux j'ai fait tout un 400 avec eux, ils sont archi sympa.

tpig92 a écrit:

5 versaillais ? de l'amicale cyclotouriste versaillaise ? dont un costaud barbu ? Si c'est eux j'ai fait tout un 400 avec eux, ils sont archi sympa.

Oui, je pense que ce sont bien eux. Je ne connais pas le nom du club, ils portaient des maillots PBP!
Très sympas en effet, j'aurais bien continué plus longtemps avec eux mais je les ai perdu sur le parking de Mortagne ...
D'ailleurs, pas facile de rouler en groupe durant la première nuit! A chaque regroupement, chaque traversée de village, les uns et les autres s’appelaient pour se regrouper. C'était assez rigolo. Sans signe distinctif, pas simple de reconnaitre les siens, tout le monde ou presque avait le gilet fluo PBP ...

A peine arrivé, tu es au départ de la prochaine édition!
        La retraite aidant, tu vas bénéficier d'une préparation plus consistante, et l'appétit venant en mangeant...  
        Tu es tombé dans la marmite de PBP, comme chacun(e) de nous qui y mettons les pieds. Et on ne sait jamais quand on en sortira!

Sympa ton CR ;-)

Je me demande comment vous faites pour accepter les douleurs dues à la position si longtemps alors qu'il existe des vélocouchés

sebastien a écrit:

Sympa ton CR ;-)

Je me demande comment vous faites pour accepter les douleurs dues à la position si longtemps alors qu'il existe des vélocouchés

Surement parce qu'ils n'ont jamais essayé 

sebastien a écrit:

Je me demande comment vous faites pour accepter les douleurs dues à la position si longtemps alors qu'il existe des vélocouchés

Le malocu n'est pas le but recherché, juste un dommage collatéral...
Quant au VC, je ne suis toujours pas convaincu(l)... Par la gestuelle, par la gestion des montées ....
Pourtant j'ai roulé avec un copain, fan de VC. Impressionnant dans les descentes mais moins probant dans les côtes.
Et le Pelso de Véloblan est plutôt sympa. Je l'ai côtoyé l'an dernier lors du 400 de Feurs et du 600 de Bellerive.
Un jour peut être ...

On peut penser tout ce que l'on veut de ce que l'on "voit" mais à partir du moment où on essaye pas (un vrai vélocouché, pas une enclume), on ne peut absolument pas se rendre compte du plaisir, du confort et de la facilité à avancer, même dans les côtes. Combien de vélodroits ai-je doublé au train ou côtoyer à même allure après 400 bornes* dans les côtes (dans la plus belle étape entre Carhaix et Loudéac notamment, ou encore dans le Perche).. moulinant efficacement ; me concentrant uniquement sur mon pédalage et le paysage et non pas sur mon fessier, mon cou ou mes poignets...


Quand tu parles de la gestuelle, c'est vrai qu'il y en a à vélocouché qui "ne donnent pas envie" car ils sont mal installés, le vélo n'est pas ergonomique, les bagages mal positionnés etc.. je me fais exactement la même réflexion pour vous à vélodroit (et j'ai pratiqué, je pratique un peu, donc je peux comparer) : comment pouvez vous vous tordre et vous contraindre autant juste par habitude (parfois de la souffrance).. le poids de la tradition ? La peur du regard ? de rouler plus à sa main (les pelotons de vélocouchés sont rares ;-) sans l'aide d'un peloton ?

Quoi qu'on en dise, le vélodroit avec le poids sur le cul (et les frottements inhumains que sa engendre) et les poignets, le cou cassé (souvent) même bien réglé, même sur mesure... reste un engin de torture (plus ou moins bien assimilé par l'être humain).

Je ne cherche pas à convaincre que le vélocouché est la solution mais juste à proposer autre chose pour ne plus lire ces comptes rendu où la souffrance est souvent présente sur les LD ;-)

Comme tu dis, le Pelso (avec lequel je roule aussi - il y en avait 5 sur PBP, tous rentrés en forme et avec le sourire (53h-68h-77h-82h-87h) est sans doute ce qui se fait de mieux aujourd'hui avec une position permettant confort, aérodynamisme et performance !

Aller, pour le plaisir :-)

Sympa ton récit et bravo pour ton PBP !