A mon tour de faire un compte rendu (bref) de mon premier PBP. Je l'ai abordé assez confiant, car d'une part ce n'était pas ma première épreuve à enchainer des journées à 300+ km (LEL, 2 diagonales), d'autre part des copains m'avaient prévenu "tu verras ce n'est pas difficile". Première conséquence de cette "décontraction", je ne teste mon vélo que le matin même du départ. Horreur, les vitesses ne passent pas! Je ne comprends pas je n'ai pas touché à mon vélo depuis le retour de la Via Podiensis. Je pressens que le câble de dérailleur est fatigué, mais à l'examen je vois surtout que la patte de dérailleur est tordue (comment ? mystère !). Je la redresse approximativement avec une pince (vive l'acier), les vitesses passent mais ce n'est pas fameux, elles sautent encore régulièrement. Tant pis je pars comme ça.
J'avais décidé de rouler le PBP avec mon copain Franck, débutant également, nous avons à peu près le même rythme. Il partait 1h15 après moi, il faut donc qu'il me rattrappe. J'étais pour ma part dans la même vague de départ que Clémence, à 17h30, on part donc ensemble sur un rythme tranquille, se laissant rapidement distancer par le gros de la vague. Un peu avant Mortagne on rattrape Anais partie juste avant nous. Arrêt rapide à Mortagne, mais au moment de partir gros cafouillage, je ne vois plus les filles et crois qu'elles sont parties, je fonce les rattraper, jusqu'à un coup de fil qui m'apprend qu'elles sont derrière et elles m'attendaient pour partir. Bref, on reste dans la plus grande décontraction ! A Villaines notre petit groupe se retrouve, rejoint par Franck. Anais part la première, nous repartons à 3, avec Clémence et Franck. Nous allons bien, il ne fait pas froid, l'ambiance est extraordinaire mais Clémence a un coup de fatigue un peu avant le Ribay. Franck et moi la laissons pour filer vers Fougères qu'on atteint au petit matin, puis Tinténiac en milieu de journée. Nos arrêts sont longs, bien plus longs que les 30mn que j'avais prévues. A l'entrée de Médreac, je donne du dérailleur arrière et... plus rien ! Je comprends immediatement que le câble est cassé (mais pourquoi ne l'ai je pas changé alors que j'avais des doutes ?!). Franck a un câble, on le change mais, problème, la manette ne fonctionne pas. Une heure perdue à chercher, à téléphoner à Clémence et à un vélociste pour comprendre que la butée de dérailleur est restée coincée dans la cocotte, impossible de l'enlever sans outil. Il faut rejoindre Quédillac en single speed pour faire réparer. Bref avec tout ça c'est une grosse heure et demi de perdue, mais au moins mes vitesses passent bien désormais. On fonce à Loudéac qu'on atteint vers 18h. Au restaurant, je réalise que je ne suis plus très loin des barrières horaires, et il faudra bien s'arrêter dormir. On décide de dormir 3h à Loudéac, ce qui devrait nous requinquer et devrait nous permettre d'ëtre plus effciaces et de redresser la situation. Mais le dodo ne dure que 2h, car Franck s'est gouré sur l'heure de réveil ! A 22h nous voila donc de nouveau sur la route de nuit, il ne fait pas froid, au début tout va bien. Mais vers 4h, dans la montée vers le Roch Trevezel, la fatigue est telle que ma vue se trouble complètement. Trop dangereux, je stoppe là, et comme des dizaines de cyclos je me jette dans le fossé pour une microsieste. Franck continue, mais tombe rapidement sur Clémence dans le même état que moi. La micro sieste s'avère insuffisante car les troubles de vision reprennent 1h après, je devrai à nouveau m’arrêter ça ne cessera qu’avec le retour de la lumière… Je double Franck et Clémence sans m'en rendre compte. J’arrive enfin à Brest vers 8h, j’y retrouve tous les copains: Fabien, JB, Nicolas M., JF, Eli et Vincent, Manu et bien sûr Franck, Clémence et Anais, alors on prend notre temps pour papoter. Franck s’offre une sieste de 30mn, on repart à 10h30.
Le trajet Brest Caraix est nouveau, magnifique avec des passages bien raides, j'ai adoré ! C'est le seul tronçon où j'ai vu des étrangers s'arrêter pour prendre des photos (églises, paysages champêtres et même des vaches). On cotoie les tandems des 2 filles et celui d'Eli et Vincent, escortés par Manu. On roule bien avec Franck, même rythme, on essaye d’être efficaces aux arrêts, moins dilettantes qu'à l'aller et peu à peu on se met à l’abri des barrières horaires. De nouveau Loudeac, on s’offre 3h de dodo qui me seront très profitables. Derrière nous les copines semblent batailler avec les barrières horaires… De plus en plus de monde pour nous encourager, c’est super sympa. A Villaines la Juhel c’en est même émouvant ! A Mortagne au Perche, en début de nuit, on s’offre 1h de dodo avant d’affronter les 120 derniers km. Au moment de repartir, on voit arriver Clémence, qui n’a pas dormi plus de 3h au total. Elle est épuisée, on l’encourage à dormir une heure ou deux mais elle veut repartir avec nous. Évidemment ça ne passe pas, elle finit par dormir sur le bas côté et on repart. On sort du Perche, cela devient enfin plat et roulant on file vers Dreux. Clémence m’appelle au téléphone, elle n’en peut plus et ne supporte plus la nuit, trop difficile! Je l’encourage en lui disant que le jour ne vas pas tarder et ça va devenir roulant. Le temps du coup de fil, Franck s'endort pour une sieste d'un demi heure j'en profite aussi. A Dreux on s'autorise une grosse pause pour arriver en forme (on a le temps) et nous retrouvons Manu, Eli et son tandem. On va les suivre jusqu’à Rambouillet où le tandem est filmé par des motos, ambiance Tour de France !
Puis c’est l’arrivée, je boucle en 88h, ravi! Franck en 87h du fait de son départ plus tardif. Une heure après arrive Clémence, largement dans les temps (89h), quelle guerrière ! D’autres copains ont eu moins de chance, certaines déceptions sont très lourdes..
J'ai adoré cette expérience, mais pas si facile que cela. La gestion des délais et en particulier des barrières horaires nécessitait une certain attention. De fait j'ai plus souffert du manque de sommeil que de fatigue physique. D'après Strava, sur les 88h, j'ai fait 33h de pauses et arrêts, or je n'ai pas dormi plus de 8 ou 9h au total, j'ai donc une grosse marge d'amélioration sur les pauses. Pas grave, juste une frustration car j'aurais aimé pouvoir m'arrêter plus aux bords de route pour échanger avec ces adorables supporters qui nous encourageaient. Je ferai mieux la prochaine fois, et peut être pourrais-je intégrer le club Adrian Hands des jouisseurs du PBP (temps supérieur à 8h55, j'ai roulé à côté du très sympathique Ian Hands qui m'a expliqué le concept). Ravi de mon expérience, et bravo à l'ACP pour la superbe organisation!