Orage, oh des espoirs !
Vendredi 1er juin, 22h30, je me gare sur le parking de la clinique Chénieux dans ma Twingo-camping-car aménagée spécialement pour cette nuitée. Bizarrement je trouve mon logement plus exigu que lors des précédents bivouacs en ce même lieu, pour les BRM 200 et 300 de Jéjé. Il faut dire que passer d'un Trafic à une Twingo, c'est faire un pas de géant dans l'univers du minimalisme ! Je prépare mes affaires pour le lendemain, lis un peu puis j'éteins la lumière vers minuit.
5h00, mon réveil me tire des bras de Morphée après une excellente nuit dans mon lit bas de plafond (je parle bien de mon lit et pas de moi !). Je m'habille, descends ma machine du porte-vélo et commence à l'équiper (là je parle bien du vélo !) alors que deux cyclos d'AURILLAC viennent me demander si je suis Jéjé, l'organisateur. Nous discutons un peu puis ils rejoignent le point de rendez-vous, il est 5h30. Une fois mes sacoches (de vélo) remplies, je me fais chauffer mon repas qui est composé de fajitas et de riz, de brioche et de jus de fruits (ne cherchez pas à comprendre mes menus, je suis un grand spécialiste de la diététique ;-)). Brossage de dents, vérification du paquetage, fermeture de la Twingo et je rejoins le point de départ.
Une grande majorité des concurrents est déjà présente, Jérôme distribue les cartes de route et donne les dernières consignes puis nous partons à 6h00. La traversée de Limoges se fait sous la direction de notre gentil organisateur puis des groupes se forment au gré du rythme de chacun.
Je me retrouve avec cinq cyclos dont Jérôme qui a prévu de faire le parcours avec Didier (de SAINT-JUNIEN) et Alain (de PANAZOL). Alain (de POITIERS) et Eric (de FLEURY-LES-AUBRAIS) complètent le groupe qui avance d'un bon rythme. Enfin pour moi c'est un bon rythme, supérieur en tous cas à celui que j'adopte en règle générale (plutôt 24km/h). Je me dis que je risque de payer ces efforts plus tard mais ça avance assez facilement alors je reste avec ce sympathique groupe.
Dans une descente, mon gabarit assez lourd aidant, je prends un peu d'avance puis lorsque je me retourne je ne vois qu'Alain et Eric… Bizarre. Je lève le pied en attendant Jérôme et ses comparses qui n'apparaissent toujours pas ; je me résous alors à rejoindre Alain et Eric qui ont pris un peu d'avance. Nous poursuivons notre route à trois en nous demandant où sont passés les 87.
A MEZIERES-SUR-ISSOIRE, nous faisons une erreur (malgré nos trois GPS !)
qui nous rallonge de 2 bons kilomètres puis nous poursuivons jusqu'à L'ISLE-JOURDAIN où se déroule un rallye. Jamais je n'avais doublé autant de Ferrari, Porsche… avec mon vélo (j'avoue, elles étaient garées en attendant leur départ…). Après un pointage à la boulangerie (chausson aux pommes et Coca), nous reprenons notre route.
Peu avant VIVONNE, mes compagnons s'arrêtent faire une petite pause vidange alors que je continue en pédalant très cool. Dans le village un marché est installé et bloque le parcours. Je décide de le contourner mais il est plus étendu que je le pensais et je me retrouve sur les hauteurs de la ville. Après un petit passage de gravel, je retrouve le tracé du BRM. Je me demande où sont mes acolytes puis dans une longue ligne droite j'aperçois au loin leurs maillots. J'enclenche alors une poursuite sur quasiment dix kilomètres ; je les rejoins enfin à COULOMBIERS et j'en ai plein les pattes ! Misère, encore des efforts que je vais payer plus tard, je suis certainement un peu masochiste.
Eric semble pressé de trouver de quoi se ravitailler, nous faisons chou blanc à COULOMBIERS et nous finissons par trouver notre bonheur à la supérette d'AYRON. Une fois nos emplettes faites, nous allons nous installer dans un parc pour nous restaurer. Notre halte dure un peu mais nous ne sommes pas particulièrement pressés.
Nous repartons pour une étape énorme de 11,5 kilomètres pendant laquelle le sac de selle d'Eric a tenté de se faire la malle. Nous arrivons au contrôle de THENEZAY à 13h40. Nous poursuivons ensuite notre route sans souci particulier. Nous pointons dans un salon de coiffure à NUEIL-LES-AUBIERS, anecdote assez marrante car on ne peut pas dire que la pilosité de notre crâne soit très développée.
Peu après VIHIERS, j'oriente par erreur notre groupe vers VALANJOU (j'étais persuadé qu'il fallait y passer). En haut d'une grosse bosse, Alain jette un coup d’œil à son GPS et s'aperçoit que nous ne sommes plus sur la trace. Zut, j'ai confondu avec le BRM 400 d'Angers qui passait, lui, à VALANJOU. Déjà la seconde erreur de parcours alors que mon GPS est allumé en permanence… Il faut dire que quand je roule je ne garde pas les yeux rivés sur ma potence mais j'observe beaucoup les paysages.
A une vingtaine de kilomètres d'ANGERS, je sens que le coup de barre auquel je m'attendais commence à me prendre. Les routes me sont familières et me motivent pour appuyer sur les pédales mais à l'entrée d'ANGERS je commence réellement à piocher. L'arrivée au vélodrome est un réel plaisir pour plusieurs raisons ; je vais pouvoir me reposer un peu, me doucher et me changer mais surtout j'y retrouve mes parents qui tiennent le contrôle avec trois autres RCA (Patrick, Loïc et Jean-Philippe). Ma sœur passera également me faire un petit coucou pendant cette halte. C'est l'avantage d'être le local de l'étape ! J'avais vendu un arrêt de 30 minutes à mes compagnons de route mais finalement nous repartons du contrôle après une heure d'arrêt (peu après 20h).
Au moment de reprendre le vélo je ne me sens nauséeux, le sandwich aux rillettes n'est pas bien passé. Tellement mal passé que 5 minutes plus tard il décide de faire le chemin inverse pour atterrir sur un trottoir de ma ville natale. Je propose à Alain et Eric de poursuivre leur route sans moi mais ils décident de repartir plus tranquille (mille mercis). Au bout de quelques minutes, je vais beaucoup mieux et nous accélérons le rythme.
Alain prend la tête des opérations et fait la totalité des bords de Loire en tête, vent de face, à 32km de moyenne pendant 15 bornes (c'est sûr, il est costaud le néophyte sur BRM).
Alors que nous traversons la Loire, je demande à Alain et Eric de filer car je les ralentis tout en risquant de me mettre dans le rouge foncé si je tente de les suivre. Je les regarde s'éloigner petit à petit tout en roulant le plus souple possible. Après une vingtaine de kilomètres, je retrouve Eric qui vient de s'arrêter pour manger un morceau.
Je poursuis ma route puis, peu de temps après j’aperçois une baraque à frites sur le bord de la Loire. Il est 22h00, je me dis que c'est certainement un des derniers commerces qui me permettra de me mettre quelque chose dans le ventre. Le patron, un vrai Chtimi, allait fermer sa boutique mais très aimablement redémarre friteuse et grill pour me concocter mon repas (panini steack haché sauce au poivre et frites). Eric passe et s'arrête deux minutes avec moi ; il m'explique que son riz au lait a suivi le même chemin que mon sandwich aux rillettes et qu'il est moyennement bien puis reprend la route. Je profite du quart d'heure de préparation de mon repas pour donner des nouvelles à mes proches par téléphone. Je réussi à manger un tiers de mon repas ; ce n'est pas beaucoup mais je ne veux pas prendre le risque de ne rien garder si je mange trop. Merci biloute, ce repas aura remis du carburant dans la machine.
Je repars tranquillement après 45 minutes de pause et la route se passe plutôt bien, les jambes, sans être exceptionnelles, tournent correctement. Peu avant ROIFFE, un renardeau affolé par mon arrivée zigzague devant moi dans la lumière de mon phare pendant près de 50m… rencontre surprenante et agréable. Je pointe à ROIFFE à 23h50 puis je me dirige vers LOUDUN où je retrouve Eric qui vient de s'installer à la
terrasse d'une crêperie. Nous prenons une consommation puis repartons ensemble. Toujours distrait je prends une mauvaise direction qui nous oblige à revenir sur nos pas.
Nous roulons correctement jusqu'à ROSSAY où je repère un cimetière qui nous permettra de faire le plein d'eau. Ensuite nous repartons mais nous ne parvenons pas à rouler de concert alors nous gérons chacun de notre côté en nous rattrapant régulièrement l'un et l'autre. A ORCHES, mes yeux commencent à se fermer donc je décide de m'arrêter camper sous le porche de l'église. Bonne route Eric !
Je m'installe confortablement (sur-sac étanche, matelas autogonflant, sac à viande et oreiller gonflable) et me sers de mon vélo pour étendre tous mes vêtements... quel campement ! Je dors environ deux heures sur mes 2h30 d'arrêt et repars pas complètement reposé en direction de CHATELLERAULT que j'atteindrai à 5h15. Que cette portion fut désagréable, avec un vent défavorable et non négligeable.
A la sortie de CHATELLERAULT, encore une fois je ne regarde pas mon GPS et je suis la direction LE BLANC, prenant par la même occasion une très belle côte. En haut de celle-ci je jette un coup d’œil à mon GPS pour me rendre compte de l'erreur… Quel idiot ! Je roule tranquillement jusqu'à PLEUMARTIN (6h45) où je prends deux pains au chocolat et un Oasis à la boulangerie. Je reçois un coup de téléphone de LMVV qui souhaite savoir comment s'est passée la nuit. Je décide ensuite de dormir un peu dans un abri de bus. Cet arrêt de 30 minutes m'a bien reposé, je me sens mieux pour rejoindre les routes de mon département d'adoption (depuis bientôt 18 ans).
La pluie se met à tomber et m'arrosera pendant une bonne demi-heure. Je pointe au BLANC à 8h30 puis la chaleur écrasante commence à me faire souffrir. A la sortie de SAINT-BENOIT-DU-SAULT, j'arrête un cycliste que je croise pour lui demander où je peux trouver un cimetière pour me ravitailler en eau. Il m'en indique un sur ma route au niveau de LA CHATRE-LANGLIN.
J'y arrive à 11h00 et je m'installe tranquillement dans un abri qui le jouxte. Je décide de refaire correctement tout mon paquetage, de me doucher intégralement, de me badigeonner de crème solaire, de passer un long coup de téléphone à ma femme pour prendre des nouvelles de mes enfants qui sont en compétition de VTT. L'appétit semble revenir normalement donc je me fais un vrai repas (sandwiches, mini-saucissons, noix de cajou, riz au lait, coca...). Une fois mon ventre enfin bien rempli, je me rhabille en ne gardant que le minimum vu la chaleur (maillot et cuissard courts et sandales) puis je m'allonge dans l'herbe à l'ombre d'un arbre. A ce moment je reçois un texto ; c'est Alain (qui a bouclé l'épreuve) qui prend et donne des nouvelles. Félicitations à ce costaud ! Nous parlons 10 minutes puis je plonge dans les bras de Morphée un quart d'heure.
Je quitte mon petit paradis à 12h20, moment choisi par LMVV pour venir aux nouvelles. Après ce coup de téléphone, sur la route qui me mène à RHODES, je vois le ciel devenir menaçant. Je m'arrête prendre en photo le panneau d'AZERABLE à 12h45 alors que des gouttes de pluie commencent à tomber. 100m plus loin, une petite épicerie est ouverte ; j'y pointe et achète deux canettes pour me désaltérer. Il fait encore très chaud et l'orage est tout proche.
Lorsque je repars de ce contrôle, il est 13h00 et l'orage éclate ; des trombes d'eau et un vent très violent plein Sud (donc pleine face) pendant 1h30. C'est peut-être étonnant mais je jubile ; la température a chuté et je revis (je supporte assez mal la chaleur).
Les jambes semblent tourner toutes seules et les kilomètres défilent. Sur cette dernière étape je ferais deux arrêts d'un quart d'heure chacun, à LA SOUTERRAINE et AMBAZAC, pour manger et boire. A la sortie d'AMBAZAC je reprends un très violent orage jusqu'à l'entrée de Limoges… j'adore !
Je pose mon vélo contre la Twingo à 16h45. Je range tout mon bazar, prend une petite douche, mets des vêtements propres (et secs), accroche le vélo sur la voiture et… me brosse les dents (j'attendais ça depuis hier soir déjà). Je vais ensuite prendre des nouvelles du duo d'AURILLAC auprès de leur accompagnatrice qui est garée non loin de moi dans son camping-car. Nous discutons un bon moment ensemble ; elle est un peu inquiète car son mari n'est pas en grande forme et il a perdu de vue son fils qui ne répond pas au téléphone... affaire à suivre.
Je vais ensuite chez Jérôme. Sa fille, Orane, m'accueille et m'annonce qu'il vient d'arriver. Jéjé me rejoint dans son garage, il semble très fatigué mais il a su puiser dans ses ressources pour mener à bien ce BRM… Félicitations !
Je le quitte à 17h30 pour me rendre, comme après chaque brevet limougeaud, au Burger King afin de refaire mes niveaux (je vous avais prévenu, je suis un spécialiste de la diététique sportive) puis je rentre dans mes pénates retrouver ma femme et mes garçons.
Au final, ce 600 fut difficile (manque flagrant d'entraînement, rythme trop élevé pour moi sur les 300 premiers kilomètres, la chaleur et les difficultés à m'alimenter) mais également, et c'est ce que j'en retiendrai, un vrai plaisir par ses rencontres (Alain et Eric notamment), ma première nuit en bivouac sur un BRM, les paysages rencontrés, la réussite de cette épreuve mais aussi les orages rencontrés sur les 80 derniers kilomètres !
Olivier CHABIRAND
Randonneurs Cyclos de l’Anjou