Jamais 2 sans 3 dit-on !
Samedi dernier, c'était donc la 3ème fois que je parcourais ce beau parcours dessiné par Popiette.
La première fois, c'était en juillet 2017 et ce fut mon entrée dans la cour des grands : premier BRM 400 validé et même premier BRM supérieur à 200 validé !
J'avais roulé les 80 premiers kilomètres dans un petit groupe de 4 que j'avais laissé filer dans la côte de Commes après Port en Bessin. J'avais donc terminé le 320 derniers km tout seul.
La seconde fois, c'était fin mars et je l'ai racontée dans ce fil. Je suis parti de la maison et j'ai roulé tout seul avec une belle météo printanière.
La troisième fois, c'était donc samedi dernier, toujours avec une belle météo malgré les prévisions pas très optimistes et dans un groupe de 6 à 7 de bout en bout... ou presque, car les 25 km ont été faits à 2.
Le trajet est connu et reconnu, mais Popiette a pris la peine de dessiner quelques variantes pour agrémenter ce BRM 2019. Il ne roulera pas avec nous et c'est donc moi qui ouvre la route pour sortir de Montebourg/Saint Floxel. Je ne mènerai pas longtemps la danse car ça pousse derrière (
et pas que le vent). A peine en vue de Fontenay sur Mer ça part devant.
J'essaie de maintenir l'allure car j'ai une mission à remplir : prendre une photo de groupe devant un monument et je pensais la faire à Utah Beach.
Là, à la grande surprise de Bubu24 et de moi-même, le groupe continue à rouler sans se soucier du pointage. Nous ne sommes donc que 2 cyclos à faire le crochet pour aller déchiffrer le nom du Roosevelt. Tant pis pour la photo de groupe, de toute façon il ne faisait pas encore assez jour car il est à peine 5h50.
On rattrape un groupe qui me semble plus convenir à mon allure habituelle. On roulera d'ailleurs ce BRM tous ensemble. Le reste de la troupe s'est envolée dans la montée vers Sainte Marie du Mont.
La photo de groupe sera finalement faite à Omaha Beach, mais par un curieux hasard, on aurait pu la faire à l'écluse de la Barquette car le premier groupe nous double pendant notre pause technique... Ils n'étaient pas censés être loin devant nous les costauds ?
La traversée de Carentan est rapide et le vent continue à nous pousser. Nous bifurquons bientôt à Vierville sur Mer pour longer Omaha la sanglante.
Le groupe ne le sait pas encore, mais ils vont constater que j'ai adapté mon matériel pour mieux profiter des descentes : je suis plus lourd et je prends de la vitesse. Je jouerai (
parfois inconsciemment) à ce petit jeu dans presque toutes les descentes du parcours : même en queue de peloton en haut de la bosse, il est rare que je ne sois pas le premier en bas.
Ca me laisse l'occasion de prendre une photo du groupe qui essaie de me rattraper avant le pointage d'OmahaLes nuages gris et noirs sont devant nous, le ciel bleu derrière nous : il est urgent de ne pas se précipiter dans la gueule du loup ! On s'arrête au pointage et on mitraille pour la presse et la postérité. On remonte à Saint Laurent sur Mer et on s'appuie sur le vent pour enchaîner vers Port en Bessin, puis la montée de Commes et enfin la montée d'Arromanches. Petit arrêt photo pour que le groupe se reconstitue et pour admirer le paysage sous ce beau soleil. Le panorama nous rassure sur les conditions météorologiques à venir.
Le vent reste notre allié sur la suite du parcours et on enlève le faux-plat montant entre Asnelles et Ver sur Mer en une bouchée de minutes. Sur la route de Courseulles mon compteur semble bloqué à 35/37 km/h... Oups !
Il va falloir lever le pied si l'on veut tenir sur la distance !
Le passage au pied de la croix de Lorraine permet de ralentir l'allure en zig-zaguant sur le port.
On apprécie la délicate attention de Popiette qui nous fait éviter un bout de route droit et vent dans le dos (
mais un peu passant) pour faire un crochet par Reviers, son petit centre typique, son cimetière canadien et sa montée en sortie de village.
Après cet épisode de fractionnée, c'est du tout plat et encore du vent arrière qui pédale à notre place avec le soleil qui a séché la route.
Nous arrivons au café Gondrée vers 10h28. Photos de rigueur :
Nous profitons des toilettes publiques pour remplir les bidons. Notre groupe repart juste après 2 cyclos qui sont arrivés juste après nous, dont 1 jeune qui fête ses 19 ans ce jour-là.
Laissant Pegasus Bridge dans notre dos après une pause de 15 minutes, nous pédalons vers Caen qui sera vite atteint puisque nous serons à Eterville vers 11h30.
Nous avons tourné à droite mais le vent ne nous semble pas si gênant pour notre progression. Certes, il ne pousse plus dans le dos, mais il n'est pas face à nous.
Néanmoins tout le monde se projette vers la pause prévue à Aunay sur Odon qui sera atteint vers 12h35. Arrêt à la boulangerie, prise de position sur la terrasse du café pendant que le marché est en train de plier bagages. On déjeune.
Déjeuner en terrasse Mais lorsqu'on veut partir, voilà que les nuages noirs qui menaçaient mettent en route leur artillerie. Nous nous réfugions bien vite à l'abri de ces projectiles humides et froids. Une fois l'attaque terminée, les combattants reprennent leurs armes et partent à l'assaut des 230 km restants et du vent de face.
Le soleil revenu et réchauffé par les montées, tout le monde profite de la pause devant le cimetière de Tilly sur Seulles pour enlever veste, coupe-vent, couche en trop...
A Saint Paul du Vernay, une petite frayeur qui aurait pu mal finir : des roues se touchent et un cyclo tombe au sol. Plus de peur que de mal, pas de bobo pour le cyclo ni pour le vélo. Ouf ! On peut repartir avec une vigilance accrue : on vient juste de passer la moitié du parcours... il en reste donc encore autant à faire devant les roues !
Tout le monde va bien. Pendant cette partie, nous jouons au chat et à la souris avec Joël qui roule en solitaire. Il monte mieux que nous mais nous le rattrapons à la faveur de ses arrêts. Puis nous le perdons de vue mais continuons notre chemin avec le vent qui ralentit un peu notre allure. Surtout sur la partie entre Saint Jean de Daye et Saint Pellerin. L'arrivée à Brévands est toujours agréable avec cette allée bordée d'arbres.
Après le pointage devant le monument à 17h00, nous rallions Carentan où nous avons prévu un arrêt pour nous ravitailler. Un des membres du groupe est attendu à Sainte Mère Eglise et nous fausse donc compagnie.
Un saut à la boulangerie et un stop au café des sportifs. Avec une assemblée un peu plus nombreuse, l'ambiance,
déjà typique, aurait pu être exceptionnelle.
Le café des sportifs Avant que nous ne repartions Joël nous rejoint mais quand il faut repartir son pneu est crevé et ce n'est pas la première fois !
Réparation à Carentan Nous reprenons la route et filons vers Sainte Mère Eglise. C'est juste avant de sortir du bourg que je me rappelle qu'on devait y récupérer un cyclo. J'ai bien cru apercevoir un vélo qui pourrait correspondre sur la place de l'église. Demi-tour droite ! on retourne chercher notre camarade... qui s'est envolé ! Soit ce n'était pas son vélo, soit j'ai déjà des hallucinations...
Tant pis, nous reprenons la route d'Orglandes pour aller pointer au cimetière allemand. Le groupe voulait suivre la trace et il a fallu insister pour qu'on aille jusqu'au lieu du pointage qu'on atteint vers 19h50. Non mais !
Cimetière allemand d'Orglandes Prochain objectif : Portbail en passant pas Saint Sauveur le Vicomte. Il paraît que la route de la forêt est moins monotone que la grand'route. C'est ce qu'on va voir !
L'heure est agréable, les haies empêchent le vent de trop nous importuner et l'on prévoit une halte à Portbail pour casser la croûte avant la nuit. On touchait au but, on voyait presque le panneau d'entrée dans Portbail... mais Joël a crevé de nouveau ! Arrêt de rigueur et la réparation ne laissera pas le temps au soleil de descendre en dessous de l'horizon.
Crevaison avant Portbail Nous profitons donc du coucher de soleil à Portbail et rentrons nous réchauffer, rassasier, changer dans un café restaurant. Des assiettes de pâtes sont commandées pendant que j'allège ma sacoche de selle d'une salade mexicaine sur la place.
Couche de soleil à Portbail. C'est encore et toujours marée basse ! Avant de repartir, chacun met ses habits pour la nuit qui s'annonce fraîche car le ciel est bien dégagé. Quelques appréhensions concernant la durée des batteries et l'autonomie des phares... mais nous sommes au moins deux dans le groupe avec des dynamos dans le moyeu et des phares qui éclairent fort. Pas trop d'appréhension à avoir.
Nous partons donc dans la nuit tombante vers les majeures difficultés de ce parcours : monter à Bricquebec et Brix, ainsi que la montagne du Roule et ses lacets.
Peu de péripétie sur cette partie, mis à part des crampes aux mollets qui faisaient mine d'arriver juste avant les montées. J'augmente donc la fréquence de l'hydratation et j'évite de forcer en laissant ma place à l'avant pour fermer la marche. Arrêt à Brix pour grignoter, étirer les muscles... On continue vers Cherbourg et la descente de la Glacerie toujours aussi grisante.
Puis la montée de montagne, la cerise sur le gâteau de ce BRM : arrivée à l'entrée du fort du Roule à 00h48 avec les lumières de la ville à nos pieds. Le vent est tombé et ne nous a pas embêtés dans cette partie plus vallonnée depuis Portbail.
Cherbourg by night On redescend de notre piédestal et on enquille la fameuse piste cyclable. J'ai dû me louper un peu dans la navigation mais nous attrapons tout de même la route du val de Saire sans trop de détours. Yapluka !
Prochaine étape : Barfleur et son petit port. Mais les yeux papillonnent et veulent se fermer. Les discussions sont plus rares lorsqu'on a 350 km dans les pattes.
J'ai du mal à rester éveiller et préviens le groupe : je fais un arrêt dodo à Barfleur ! J'avise un banc devant la pizzeria qui m'avait ravitaillé lors de mon dernier parcours et je m'allonge.
Joël est aux petits soins car il étend sa couverture de survie sur moi alors que je ne pensais pas rester trop longtemps et me laisser réveiller par le froid.
J'entends vaguement que ça parlemente... ça hésite entre rester avec moi, ne pas me laisser tout seul et finir le brevet sans moi. Certain(s) évoquent même l'idée de terminer le brevet et de venir me chercher en voiture !
NON ! Il est 3h du matin, il reste donc 5h de délais et 25 km à parcourir... Même en dormant 3h, je devrais réussir ce brevet. Je suis fatigué, mais pas encore mort !
Au final, c'est Joël qui me réveille 40 minutes plus tard
: le groupe est parti et il est resté pour faire un court somme lui aussi.
On reprend la route tous les deux et on avance à notre rythme sans forcer mais sans trop nous arrêter non plus. Quand on voit les panneaux "Montebourg", on n'a pas vraiment le courage de passer par Crasville comme le suggère Popiette sur la feuille de route : on reste sur la grand'route déserte à cette heure matinale, qui n'est pas exempte de montée non plus, mais peut-être moins casse-patte.
Je laisse Joël faire la pancarte à Montebourg : il l'a bien méritée ! Lorsqu'on arrive nous sommes étonnés de tomber au milieu d'un banquet gaulois !
Nous apprenons que notre groupe est arrivé à 5h et il est 5h20 lorsque nous posons nos vélos. Nous les dérangeons donc en plein gueuleton et ne nous faisons pas prier pour les accompagner !
C'est le ventre calé par les gaufres et sous les premières lueurs de l'aube que nous allons nous coucher après une bonne douche qui détend.
2h de sommeil
et nous revoilà d'attaque pour le petit-déjeuner et le retour à la maison sous le soleil.
Voilà une bonne chose de faite !
Merci encore à Popiette et son père pour leur accueil et leur disponibilité !