BRM 400 KM -ANGERS –
404km – moy roulée 17.2-– temps d’arrêt 3H30 dénivelé 3800 mètres
A Michel
Me voilà en ce samedi, en route pour mon BRM 400, que je n’ai pu reporter dans le temps, et qu’il me faudra réussir quoiqu’il arrive. En hommage à Mon oncle dont les obsèques ont lieu, pendant que je roule, avec Serge (Rouedevélo) vers ce brevet… Il était venu me voir sur le PBP en 2011…
On roule et mes larmes coulent..La fatigue engrangée depuis ce début de mois si compliqué, ne me permettent pas d’être sereine dans la réussite de ce 400. Serge est à met coté, présence discrète mais au combien précieuse….. A Angers Cricri me donnera lui aussi des mots de réconforts ainsi que Kipousse, Pierrot à l'arrivée, discrètement mais tellement touchants merci infiniments mes Amis !!
Le top départ est donné ! l’organisation est vraiment au top. Contrôle des vélos, chasuble, récupération du carton déjà préparé, et c’est dans un bon ordre. Les forts devant, les plus lents derrières qu’à 15h les clics clacs des cales se font entendrent, dans ce vent violent que l’on va prendre de face ou ¾ face jusqu’à la tombée de la nuit… C’est dire si la lutte est engagée dès le début.
Serge prend le brevet en main et me promet de le finir dans les délais, pour que je puisse tenir ma promesse… Le parcours est très vallonné. Très vite on se retrouve à 4, puis à deux. Les kilomètres défilent autant que mes jambes et mon physique me le permettent. Je ne suis pas encore dedans… Tout se bouscule dans mon cœur, mais j’ai un Rêve… et pour cela il faut que j’aille au bout, sinon la sentence sera 2 x 600 et je ne suis pas en mesure moralement d’y penser et d’y croire,
1er contrôle : Riaillé 64 km : on a qu ½ heure d’avance sur l’heure de fin de contrôle ! on s’octroie une boisson au bar et tamponne les cartons. Des membres de l’organisation sont là, pour faire des photos et nous encouragent, c’est super chouette, je ne me sens pas « abandonner » ca redonne de la motivation pour tous ces bénévoles qui se sont décarcassé à préparer le parcours avec des détails sans précédents, de contrôle en contrôle !! jamais vue cela sur les organisations précédents. Bravo !!!
Direction la Roche Bernard km 148 ! autant dire que le contrôle est « loin » dans ma tête.
Il faut donc s’installer dans le rythme du brevet, Serge tente bien d’imprimer un rythme plus important sur les descentes et le plat, mais je n’arrive pas à augmenter la cadence pour que l’on puisse se mettre « à l’abri » avec un temps d’avance plus conséquent sur les fermetures des contrôles. La nuit nous enveloppe doucement de son manteau et le vent tombe enfin. Habillage, éclairage, ravito (tant bien que mal pour moi) je n’arrive pas à m’alimenter, je n’ai pas faim, mal au cœur, au ventre, en fait c’est le juste retour d’un stress trop intense.. Serge m’oblige à m’alimenter en m’offrant des noix de cajoux car tout ce que j’ai dans la sacoche ne me dit rien et pourtant salée /sucrée que j’aime habituellement…
Les km s’égrènent dans la nuit d’un ciel si étoilé et je cherche l’Etoile de Michel.. Celle qui me guidera au bout de cette nuit si spéciale. Ma juju m’envoi des textos d’encouragements avec des photos de toute ma ptite famille si précieuse à mon cœur. Alors je m’accroche tant bien que mal….
La Roche Bernard, enfin ! on y retrouve Sébastien qui nous a dépassé de sa fougue et de sa jeunesse quelques kms avant…. On échange quelques minutes et il est temps pour lui de repartir !
Le café est super accueillant ! mais il ne faut pas s’y attarder , on pédale après le temps et nous repartons dans la nuit froide, il ne pleut pas et heureusement ! Direction Guer km 205. Je ne le sais pas , mais cette portion « la Roche-Bernard/ Guer » est un enfer, bosses après bosses, aucun répit n’est possible, la moyenne chute dangereusement, la fatigue m’envahie. Serge m’oblige à des arrêts pour m’alimenter (bientôt il va devoir sortir le tube de gavage si ça continue !!). je parle peu, je me demande ce que je fais là ? Pourquoi cette souffrance ? dans quel but ? . j’ai les réponses mais cela ne me suffit pas à déclencher « ma bulle » dans laquelle je peux me plonger, qui me donne une force insoupçonné et me permet « le dépassement de soi » Non pour le moment je ne fais que subir subir ce 400 de m………….. je suis dans la colère de cette impuissance à lutter, dans la Colère de cette Vie qui nous donne ces moments de chagrins et d’impuissances…
Guer , ce sera photo au panneau, pour ne pas perdre de temps, j’ai froid, je claque des dents, arrêts pour changement de vêtements. Serge me passe un maillot sec et couvre tête, avec ordre de ne pas dire non…. Il a raison et je le sais…
Direction Romillé : 249 km, le ragoût de bosses est loin d’être terminé, c’est sans fin et le sommeil si absent pour moi, sur les 400 précédent, vient frapper à mes yeux.. Je lutte autant que je peux mais je commence à zigzaguer et fermer les yeux.. La cote de Monterfil aura raison de ma volonté ! Je pose pied à terre et réclame de pouvoir fermer les yeux 5 mn, je m’écroule sur le banc de l’église, Mais serge a une bâche et gentiment me la propose, me l’installe sur le sol en tout petit gravillon qui me fait un « lit » très confortable, et je m’endors « baché » et au chaud pour un sommeil rapide de 20 mn !
20 mn plus tard il me réveille « t’as un vélo dans la tête » « tu te lèves et on part » « allez hop » je le suis sachant au fond de moi qu’il a raison.. le jour s’est levé et les étoiles ont fait la place au soleil levant. La nature est belle, il faut profiter de tous ces instants de Vie ! il reste encore 20 km avant le contrôle de Romillé, plus question d’arrêts, il n’y aura pas de café, plus le temps, pointage à la boulangerie, avec comme ptit dej juste un pain au chocolat et on repart.. Le contre la montre est engagé, il n’y aura plus de contrôle dans les bars/boulangerie ou autre, il faut gagner chaque minute .. ce sera dorénavant photo « pancarte » et rien d’autres . le parcours me fait passer à 3km de chez moi.. ne pas y penser, non se dire juste « on rentre les 260 km sont passés il faut juste tenir et tenir.
Le temps passe trop vite, mon vélo fait des siennes, je ne peux plus passer les plateaux ! je reste sur celui du milieu, cotes et descentes se feront comme je peux, à la puissance de mes cuisses ou en position de « recherche de vitesse » pour les descentes … Serge me parle d’un futur 2 x 600 .. tellement on est short ! et là ca y est .. la « bulle » s’ouvre , je m’y plonge, à cœur perdu, ! je me referme dans ma « bulle » et c’est parti , j’enquille comme je peux, d’un commun accord je laisse Serge à ses micros pauses, il me rattrape dans les descentes de toute façon. On file sous la pluie qui s’est invitée. Rien ne nous sera épargné, le vent que certains disent avoir senti dans le dos , ben mon dos, il doit pas être du même côté qu’eux !!! Serge reste dans la vision de mon rétro, le bougre il doit se demander ce qui m’a enfin fait réagir et d’où je sors cette énergie soudaine. ?
Il reste 60 km que l’on va faire la tête dans le guidon et les fessiers bien calés au fond du siège.
Nos téléphones se mettent à sonner à 17h54 (facile avec le portable de retrouver les appels et horaires) c’est Jean Claude, l’organisateur qui s’inquiète de savoir où on est ? comme les 2 phones sonnent à suivre on a compris que c’était eux, mais on est dans Angers en train de sprinter pour arriver alors on s’arrête pas et on file à pleine pédale vers l’arrivée !
Ca y est le Vélodrome est là devant moi, c’est fini !, on a fini le 400 , il est validé, il est Beau, il est Magnifique ! Il est pour Toi Michel !