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| Deux mois après... | |
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+7admin veloblan Ced40 Ironted lmvv Portocéan Egareg 11 participants | Auteur | Message |
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Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Deux mois après... Mer 16 Oct - 13:58 | |
| Ce qui est bien avec Paris-Brest-Paris, c'est qu'il s'agit d'un met qui se déguste dans la durée : j'ai commencé à m'y intéresser il y a 4 ans, en 2015, et la rédaction d'une espèce de compte-rendu m'aura quasiment pris 2 mois ! C'est qu'on ne sait pas trop par quel bout le prendre, sous quel angle raconter sans tomber dans les clichés, sans répéter ceux que les plus rapides ont déjà écrit... Tant pis ! Ceux qui ont un peu de temps devant eux pourront tenter de relever le défi de lire mon récit de PBP en 4 randonnées. Bon courage !
Dernière édition par Egareg le Mer 16 Oct - 14:12, édité 1 fois |
| | | Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Re: Deux mois après... Mer 16 Oct - 13:59 | |
| You know the day destroys the night Night divides the day Tried to run Tried to hide Break on through to the other side
J'avais de temps en temps cette musique en tête... plutôt pendant les phases nocturnes et je changeais la dernière phrase par " Wake up too to the other side". Finalement, une fois de retour et (re)posé, ça pourrait retranscrire un peu mon PBP. Ce sont bien les nuits qui ont découpé ce PBP en différentes randonnées, j'ai bien essayé de courir, de pédaler, j'ai essayé de me cacher dans les groupes qui passaient à portée de roue, de me cacher dans ma bulle et je me suis évadé de l'autre côté. Du côté de la vraiment longue distance, celle où tu enchaînes les grosses journées à pédaler, celle où tu alternes entre les moments où tu fais le job pour grapiller kilomètre après kilomètre et les moments où tu relèves la tête et tu graves les lumières, les senteurs, les ambiances et les rencontres dans tes souvenirs. Je me suis dit un jour "pourquoi pas PBP ?" et je suis donc allé voir de quoi il retourne exactement. Malheureusement, je serai incapable de vous en faire une description exhaustive ! Loin de moi l'idée de me plier au relativisme, mais il me semble bien qu'il y a quasiment autant de PBP que de participants. D'aucuns y viennent " faire un temps" au risque de trop tirer sur la machine ( tant le cyclo que le vélo), d'autres y viennent avec une vision plus contemplative et d'autres encore prennent le départ sans être vraiment certains de voir l'arrivée. Pour ma part le contrat était : "faire l'aller-retour dans les délais de 90h max et sans être trop cassé à l'arrivée". Il fallait donc comprendre que je ne voulais pas franchir la ligne d'arrivée tel un zombie déglingué avec 10h d'avance, mais je ne voulais pas non plus être en retard à l'arrivée parce que j'aurais trop traîné sur la route ou aux arrêts. Ne sachant trop sur quel pied danser, je pris donc le parti de rouler à un rythme qui me permette de tenir la distance mais sans traîner et de limiter les arrêts aux contrôles au maximum. Je vais donc essayer de mettre ci-dessous ce que je garde comme souvenirs de ce PBP 2019. Ce n'est que mon point de vue. Ca risque d'être un peu indigeste à lire... car c'est encore très décousu dans mes neurones ! |
| | | Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Re: Deux mois après... Mer 16 Oct - 14:00 | |
| Dès avant le départ, on peut apprécier la diversité présente sur un tel événement : sur le site de Rambouillet, dans les trains, on croisait toutes sortes de bicyclettes. Cela va du vélo tout carbone dépouillé de tout superflu jusqu'à la randonneuse acier aux chromes rutilants, en passant par les vélomobiles, les tandems, voire des fat bikes aux pneus en forme de bouées gonflables. L'ambiance de ce samedi avant le départ reste bon enfant, chacun fait le dos rond sous la pluie, les cyclos asiatiques sont plus habillés que moi en hiver : le climat est une difficulté supplémentaire pour eux alors que ce n'est pas trop une préoccupation pour ma part. J'ai d'ailleurs arrêté de scruter les prévisions météo : a priori, les modèles s'accordent pour nous annoncer un temps sec, plutôt ensoleillé, mais un vent qui veut jouer avec nous car il vient de l'ouest jusqu'au mardi et tourne précisément lorsque je devrais en faire de même à Brest. Les formalités de contrôle et d'inscription se déroulent plutôt bien. Etant logé à proximité ( une belle-sœur habite Versailles), j'avais choisi un créneau matinal (10h15) pour faire contrôler mon vélo, mais finalement il s'avère que cet horaire n'est qu'indicatif : arrivé bien en avance, je n'ai pu que prendre mon tour dans la longue file des cyclos. Malgré le nombre de vélos à contrôler, les contrôleurs sont rigoureux lorsque mon tour arrive : vérification des freins, des lumières, de la bonne fixation des éléments accrochés au vélo. J'en ressortirai avec le coup de tampon de conformité, un grand bidon offert et le conseil de revisser un des porte-bidon avant de prendre la route car il semble desserré. Ensuite, je laisse mon vélo seul ( en bonne compagnie de plusieurs centaines de ses congénères) pour aller valider l'inscription et retirer mon carnet de route à faire tamponner, le maillot souvenir et le gilet fluo. Un espace dédié aux participants français ( 1500 sur les 6500 participants au total) permet d'accomplir ces formalités sans temps d'attente. Me voilà dûment entré dans la randonnée ! Je parcours ensuite le grand barnum qui abrite le concours des machines. Je peux discuter avec quelques uns des cadreurs et c'est bien utile pour déceler quelques subtilités bien dissimulées. Les machines sont belles et portent au rêve. Mais pour PBP, il faut aussi rester pragmatique : le plus beau vélo, s'il est mal réglé, ne fera pas de miracle. Mon Triban 540 de série ferait pâle figure à côté de ces créations uniques, mais je sais qu'il est capable de me porter sur tout le trajet. La seule inconnue, c'est sur le pilote. Retour à Versailles, on laisse le vélo s'égoutter, on aère les sacoches pour ne pas y emprisonner l'humidité, on ressert les vis, on fixe la plaque de cadre, on colle la plaque pour les photos et on essaie de ne pas trop laisser monter le stress. Dimanche en belle-famille, mon départ est prévu tard ( 20h30) donc rien ne me presse à me rendre sur place dans la cohue. Je vise une arrivée à Rambouillet vers 17h30 pour me laisser le temps de repérer les lieux et la logique des sas de départ, prendre le dîner. Je croise quelques cyclos avec qui j'ai roulé sur des brevets. Certains n'avaient pas fait de BRM l'année dernière mais ont quand même accompli la série qualificative : dès que des places se sont libérées, ils ont sauté sur les inscriptions ! Et ils sont présents au départ avec un sourire long de 1200 km ! Je prends le temps de dîner mais le plateau n'est pas trop rempli pour faire durer l'exercice plus que nécessaire, je vais donc voir le déroulement des départs pour les sas qui précèdent le mien. L'heure approche... je reviens donc vers le parc et je me prépare : coupe-vent dans la sacoche de cintre, gilet jaune également. J'ai tout sous la main et je pourrai les mettre sur mon dos tout en pédalant. Je fais mes transferts de sacoches sur la pelouse à côté du groupe compact des cyclos du sas T. A peine ai-je terminé que nous sommes autorisés à faire tamponner nos cartons. Je ne suis pas le premier à recevoir le tampon, mais comme je sais que derrière on aura du temps pour ranger le carnet de route, je ne prends pas la peine de m'arrêter et je me retrouve donc rapidement en première ligne ! Nous arrivons à proximité du sas S qui n'est pas encore parti. Je fais remarquer à mes voisins qu'il faudra faire attention et ne pas partir avec le groupe devant nous. Ils acquiescent, mais quand les cyclos s'élancent ils sont au moins 3 à suivre le mouvement et ont failli passer la ligne de départ. Blabla de départ, quelques consignes de sécurité ( inaudibles pour les cyclos qui attendent à plus de 50 m de la sono) avec un semblant de traduction anglaise pitoyable... Puis vient le moment fatidique : 20h30 ! Les chevaux sont lâchés ! Des motards ouvrent la route et nous sortons rapidement du parc pour gagner la forêt. Ca roule tranquillement et je suis toujours aux avant-postes. Oups ! J'ai oublié le lancer mon GPS pour enregistrer ma trace ! Le règlement prévoit une pénalité pour le cycliste qui téléphonerait ou manipulerait son téléphone en roulant... je ne veux pas commencer l'aventure avec un malus et j'attendrai donc que les motards soient repartis pour lancer le GPS. Mais c'est qu'ils voudraient aller jusqu'à Brest avec nous ces motards ! Ma trace sera donc écourtée de quelques 7 ou 8 kilomètres, mais les souvenirs eux restent intacts ! Au bout d'1/4 d'heure environ, les jambes du peloton ont dû arriver à température car ça commence à partir. Je me répète le mantra "Ne pas partir trop vite pour ne pas se cramer. Ne pas partir trop vite pour ne pas se cramer. " et je roule aux sensations. De toute façon, en partant à 20h30, mon compteur ne fut pas visible bien longtemps et il me fallait bien continuer à pédaler vers Brest en suivant mes sensations et sans me fier à quelques chiffres que ce soit. Le soleil s'est couché vers 21h mais la lumière était encore présente quelque temps avec cette météo désormais dégagée. Après Condé sur Vesgre, j'aide un cyclo à attraper son gilet jaune sur sa sacoche de selle et à l'enfiler. Il hésitait à s'arrêter et donc à lâcher le groupe pour se mettre en conformité avec le code de la route et les conditions de luminosité. Je me suis donc félicité d'avoir prévu le coup et d'être parti avec le nécessaire à portée de main immédiate. Nous sommes entrés dans cette première nuit que se devait d'être blanche. Prochain objectif sur la feuille de route : Villaine-la-Juhel, premier contrôle. Mon tableau d'avancement prévoyait une arrivée vers 08h30 ( avec la fermeture du contrôle à 10h58), soit après la nuit. J'avoue que j'ai oblitéré l'itinéraire et le relief jusqu'à Villaines : pour moi, ce premier point de contrôle était situé "de l'autre côté de la nuit", comme on pourrait dire que tel village est de l'autre côté de la colline ou que telle île est de l'autre côté du bras de mer. A tel point que lorsque j'estimais l'avance des premiers groupes et que je les imaginais après Villaines, mon esprit imaginait qu'ils pédalaient déjà au soleil alors que j'étais encore dans la nuit noire... Enfin, nuit noire... constellée de feux rouges plutôt ! C'est l'une des images persistante de ce PBP : la route tracée devant moi par ces centaines de cyclos et leurs feux rouges. Le fléchage était quasiment superflu pour moi sur cette première étape : toujours j'avais des vers luisants rouges qui me guidaient et m'indiquaient les virages à droite, à gauche, les montées et les descentes. La nuit, le relief me paraît toujours un peu étouffé : ça ne monte pas plus haut que le faisceau du phare avant et je ne peux pas lire les chiffres de mon compteur de vitesse. Par contre, arrivé à Longny-au-Perche, il n'y a pas de doute : on prend un virage serré à droite et on passe tout à gauche avant de se mettre debout sur les pédales ! Le Perche serait un peu perché ? Si peu, si peu... Très court arrêt à Mortagne ( qui sera un contrôle au retour mais n'est qu'un accueil à l'aller), juste le temps de remplir les bidons. J'y suis entre 1h15 et 1h20. Je m'approche donc de l'heure habituelle de mon coup de barre. Mais je n'ai pas trop d'appréhension car j'ai déjà une avance confortable par rapport à mon plan de route : c'est mon premier arrêt depuis le départ et je pensais y arriver vers 02h10 en m'y octroyant une pause royale de 1h30. Je continue donc sur ma lancée et dévale la belle descente ( qu'il faudra remonter au retour) à la sortie de Mortagne. C'est à Mamers, vers 2h20 que je vais m'arrêter pour une pause qui durera jusqu'à 3h15 pendant laquelle je mettrai un maillot plus chaud et je dormirai à même le trottoir pendant qu'un flot ininterrompu de cyclos passe de l'autre côté du rond-point. Malgré l'humidité nocturne, il faut tout de même repartir et je remonte sur les pédales vers Beaumont sur Sarte où un club cyclo propose un ravitaillement en pleine nuit. Je m'y arrête 10 minutes pour refaire le plein des bidons. Il est 4h30 environ quand je repars. Vers 5h15, je sens qu'il me faut me poser un peu et je m'arrête à 5h20 au pied du mur d'une maison à un carrefour, après avoir pris le temps de vérifier de quel côté il me faudra repartir. Je ne suis pas le seul cyclo descendu du vélo ici, à Saint Aubin de Locquenay, juste avant Fresnay sur Sarthe. Ma sieste durera environ 30 minutes et je repars ensuite vers Villaines la Juhel où je pointe à 7h24. On m'avait promis un accueil digne du Tour de France, mais je suis un peu déçu... mais je suis un peu mauvaise langue car, malgré l'heure matinale, il y a déjà des spectateurs présents. Ayant oublié de prendre mon bidon à remplir en allant pointer, je suis obligé de retourner à mon vélo pour refaire le plein. Je repartirai de Villaine à 7h41, d'après l'horaire enregistré par ma puce ( la boucle de détection était à la sortie). Je n'attends pas trop longtemps pour m'arrêter à nouveau : 8h15 me voilà attablé à la sortie d'Hardanges à un ravitaillement où l'on me propose un peu de Calva dans mon café ! Ca y est, je suis dans l'ambiance festive du PBP ! Ca y est, je rencontre ceux qui font la magie de PBP, ces familles qui improvisent des ravitaillements et qui reviennent tous les 4 ans. J'avais repéré ce point de ravitaillement via un post facebook et je ne regrette pas d'y avoir fait une halte ! J'y suis également témoin d'un premier abandon d'un cycliste qui semble à la peine mais qui n'est pas en retard dans les délais. Après un 1/4 d'heure de pause, je repars avec quelques bananes que je glisse dans ma sacoche et je reprends la route vers Fougères, mais il reste encore quelques kilomètres... Lassay-lès-Chateaux, Ambrière-lès-Vallées, Gorron jalonnent encore la route vers le prochain contrôle. C'est d'ailleurs dans la longue ligne droite face au vent entre Ambrières et Gorron que je m'accorde une nouvelle pause d'environ 1/2 heure. Je dors un peu en comptant les cyclos plutôt que les moutons et j'en profite pour quitter ma pelisse nocturne et me remettre en tenue de jour. Il est 10h35 quand je retourne sur le vélo. 2 minutes de pit stop en entrant à Gorron car les Haribo et les jus de fruits offerts par un jeune garçon posté au portail de chez lui m'ont fait de l'œil. C'est peut-être ça le plus dur sur PBP : savoir choisir ses lieux d'arrêts ! Je suis rattrapé par un cyclo qui est venu rouler sur les brevets de Montebourg et ma tenue ne me permet pas de rester incognito : ils ne sont pas nombreux, les cyclos en short et sandales ! Nous roulons ensemble sur son terrain de jeu habituel, jusqu'au dernier bourg avant Fougères : son équipe de supporters est présente et je le laisse avec famille et amis. Il est 12h20 et j'envisage de déjeuner à Fougères. J'arrive au pointage de Fougères à 12h37, dixit le relevé de la puce. Je ne reste que 10 minutes au pointage et je décide d'aller manger en ville plutôt que de faire la queue au self du contrôle. J'attrape un sandwich complet et un dessert dans une boulangerie et je grignote le tout au soleil sur un muret avant de redescendre 30 minutes après vers le château et, surtout, remonter pour sortir de la ville. Ensuite, le profil est annoncé plutôt descendant vers Tinténiac et il n'y a que 54 km à parcourir. Le tronçon entre Fougères et Tinténiac ( et le tronçon en miroir au retour) est la plus courte étape du PBP. Je pointe à 15h57 à Tinténiac, mais je profite du contrôle pour me poser un peu à l'ombre et en dehors de la cohue. Je refais le plein des bidons et je m'attable sous un barnum pour grignoter et discuter avec un cyclo qui fait le PBP en mode randonnée permanente mais se demande comment pointer à tous les contrôles car son carnet de route FFCT n'a pas assez de cases. Ma pause aura duré un peu plus de 30 minutes tout de même, mais cela fait 20h que je suis parti de Rambouillet et j'ai parcouru 360 km. En repartant, je suis encore en avance de 40 minutes sur mon plan de route ( que je ne consulte pas du tout pendant la randonnée : je m'en tiens aux horaires limites des contrôles) et de 4h15 sur les délais max. Pour l'instant, tout va bien ! Prochaine étape vers Loudéac : 85 km et surtout l'ambition d'y dîner et continuer un peu plus loin pour dormir. J'espère arriver jusqu'à Saint Nicolas du Pélem, mais mon objectif réel est de dépasser Loudéac. Tous les kilomètres parcourus ensuite seront en bonus et je n'ai pas vraiment de contrainte d'hébergement puisque je transporte mon sac de couchage. L'étape commence néanmoins avec une belle bosse qui se voit de loin : Bécherel, joli village labellisé "Cité du livre" où j'aimerais prendre le temps de bouquiner. Mais ce sera pour un autre jour. Un ravitaillement nous attend à Quédillac, mais je ne m'y arrêterai pas. Je ferai une pause de 5 minutes à l'ombre et au calme à quelques centaines de mètres de là avant de remonter sur la selle. Le relief est plus accentué vers Loudéac et les kilomètres commencent à se faire sentir dans les jambes. J'arriverai à Loudéac à 20h58, soit 24h30 après mon départ. J'ai passé les 24h de vélo en franchissant le 430ème kilomètre et Loudéac arrive au kilomètre 445. Juste avant d'arriver au contrôle, j'avise une échoppe qui vend des pizzas à emporter : mon dîner est choisi ! Je ne traîne donc pas au pointage et je sors en direction de la pizzeria... mais la file d'attente me fait renoncer et je m'engouffre plutôt dans un restaurant devant lequel deux vélos attendent que leurs propriétaires aient repris des forces pour repartir dans la nuit. Il fait chaud dans la salle alors que le froid commence à tomber à l'extérieur en même temps que le soleil descend se coucher. C'est bien agréable de se poser et de manger du salé chaud. Je crois que la patronne est un peu déroutée par l'afflux ( le restaurant est situé quasiment en face de l'entrée du contrôle) et nombreux sont les assistants qui se sont arrêtés dîner ici. La multitude des nationalités n'aident pas vraiment la tenancière qui ne doit pas avoir l'habitude de parler en anglais, mais cela semble bien se passer malgré tout même si cela ralentit le service... Attablé à 21h15, je ne suis reparti sur mon vélo qu'à ... 23h15 ! Ca, c'est de la pause ! C'est sûr qu'une fois installé au chaud, c'est dur de repartir... le corps se refroidit et l'esprit se ramollit... Je ne vais tout de même pas dormir dans le restaurant ( quoique la moquette a l'air confortable) et je profite de l'entrée d'un groupe de Thaïlandais pour m'éclipser après avoir revêtu ma panoplie nocturne : maillot manches longues, coupe vent, gilet jaune officiel du PBP, chaussettes dans les sandales ( l'élégance en prend un coup, mais les chevilles restent au chaud). Je prends mon courage à deux mains : mes jambes sont en forme, je peux espérer arriver au ravitaillement de Saint Nicolas du Pélem avant mon coup de barre habituel car il y a 44 km depuis Loudéac. J'y arrive d'ailleurs à 1h20 après avoir bataillé dans les montées, mais en ayant bien profité des descentes pour prendre de l'élan. Je ne me souviens pas avoir été doublé sur cette portion, mais je me souviens avoir doublé beaucoup. Avoir un éclairage performant, cela aide pour descendre dans la nuit : je ne freine pas pour ne pas gaspiller de l'énergie chèrement acquise. Si ce n'était le besoin de dormir, je pourrais continuer plus loin : j'ai l'impression de monter facilement, je m'amuse à faire les montées en danseuse et c'est là que me vient une idée un peu farfelue : et si je limitais l'usage du petit plateau ? Depuis le départ, il ne m'a pas servi ; serais-je capable de m'en passer pour la journée entière ? Et demain ? J'utilise quand même la totalité de ma cassette 10 vitesses (de 12 à 30 dents) et je dois peser de tout mon poids sur les pédales, mais je relève ce défi stupide ! A Saint Nicolas du Pélem, le ravitaillement s'est transformé en contrôle secret ( mais prévisible). Une dernière montée qui me paraît plus rude permet d'accéder au site. Je fais tamponner mon carnet de route et je décroche ma sacoche pour la nuit : j'ai prévu de dormir ici et je file vers le dortoir. Je rêve déjà de la douche et du lit ! Mes yeux commençaient à papillonner sur le vélo et le repos sera le bienvenu. Mais... il y a un peu de cafouillage à l'entrée du gymnase : y a-t-il des places libres ? Nous sommes 5 à attendre et les informations sont un peu contradictoires. A chaque fois qu'un cyclo sort, l'espoir renaît : ce sera bientôt mon tour ! Au final, tout se déroule bien et j'ai pu avoir un numéro de lit et une serviette pour la douche. Un bénévole me fait entrer dans l'antre et me conduit jusqu'à mon lit après m'avoir demandé à quelle heure je souhaitais être réveillé ([Ui]vers 4h du matin[/i]). Ce dortoir, c'est une caverne chaude et résonnante des ronflements d'un régiment de sonneurs professionnels ! Il y fait vraiment plus chaud qu'à l'extérieur et c'est une très bonne nouvelle car les températures extérieures ne semblaient pas très élevées, surtout avec l'humidité ambiante et le brouillard qui se prélassait par endroits. J'avais en tête l'adage qui dit "une bonne douche chaude vaut deux heures de sommeil". Du coup, j'en ai pris deux d'affilée ! Hop ! 4h de sommeil dans la besace ! Blague à part, une bonne douche chaude avant d'aller s'allonger, ça permet d'effacer une part de la fatigue en enlevant la sueur de la journée. Je me suis couché et je n'ai pas entendu très longtemps mes voisins sonneurs. FIN DE LA PREMIERE RANDONNEE. Contrat n°1 rempli : je voulais arriver jusqu'à Saint Nicolas du Pélem avant 2h du matin, je suis arrivé à Saint Nicolas du Pélem vers 1h20. Avec le pointage, l'attente et la douche, j'ai dû me coucher vers 2h. Jusqu'au restaurant de Loudéac, j'étais en avance/conforme à mon tableau de marche ( que je ne gardais pas toujours devant les yeux, j'ai plutôt roulé aux sensations). Mais à l'arrivée à Saint Nicolas, j'ai 1h15 de retard. Ce n'est pas grave : à chaque jour suffit sa peine. Je ferai en sorte de ne pas partir trop tard pour bien commencer la seconde randonnée. Jour 1 : 490 km - 29h de vélo
Dernière édition par Egareg le Mer 16 Oct - 14:15, édité 1 fois |
| | | Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Re: Deux mois après... Mer 16 Oct - 14:02 | |
| Ce n'es pas tout ça, mais c'est bientôt l'heure de reprendre la route ! Je ne suis qu'à Saint Nicolas et il me faut atteindre Brest pour faire demi-tour et retourner vers Rambouillet ( quelle idée de repartir de chez moi, qu'est-ce que je peux bien avoir à faire en région parisienne...). Après une bonne nuit réparatrice de 2h environ, je suis réveillé par un bénévole. J'hésite mollement entre prendre une autre douche ou sortir directement dans la nuit pour prendre un petit déjeuner. Finalement, j'opte pour le petit-déjeuner car j'appréhende un peu de me retrouver à pédaler dans la fraîcheur nocturne en n'étant pas complètement sec... et si je peux éviter de laisser mon postérieur mariner dans une atmosphère humide, il devrait m'en savoir gré. En sortant de la caverne chaude et humide du dortoir, je me heurte au froid de la nuit, mais un café chaud devrait m'aider à prendre le dessus. C'est l'avantage de profiter de la logistique de PBP : j'ai presque le petit déjeuner au lit ! Mais la file d'attente pour les croissants et le café chaud me font opter pour un plan B plus rapide et pas moins efficace : l'allègement des sacoches. J'ai emporté depuis Rambouillet suffisamment de victuailles pour être autonome sur 600 km, autant les utiliser et m'alléger par la même occasion. Après avoir avalé quelques gourdes de jus de fruit et de compote, me revoilà à mon vélo à 4h30. Je réinstalle les sacoches et je remonte sur la selle pour quitter ce contrôle secret à 4h35. En route vers Brest ! Cap à l'Ouest ! Voilà la deuxième randonnée qui commence. Objectif : rallier Brest vers midi et repartir le plus loin possible en sens inverse avec le même point de repère que la veille : dépasser Loudéac. Après 1h de route, l'idée du café chaud refait surface... Ca tombe bien, en arrivant à Maël-Carhaix, un panneau m'indique que la boulangerie est ouverte 24h/24 pendant PBP. L'occasion est trop belle ! Vers 5h40, je m'arrête derrière l'église pour déguster croissants frais et café chaud en feuilletant les pages locales du journal. Je reste sous la tonnelle installée avec tables et bancs devant la devanture éclairée : il fait pourtant bien meilleur à l'intérieur... mais il me serait bien plus difficile de repartir ! Ce n'est que 25 minutes plus tard que je reprends la route vers Carhaix-Plouguer dont le contrôle sera vite atteint : 10 km après ma pause petit-déjeuner, je pointe à 6h32 avec une heure limite à 08h15. Avec 1h30 d'avance sur les délais limites, je sors du contrôle 15 minutes plus tard en direction des Monts d'Arrée ! Ces montagnes semblent être la bête noire de plusieurs engagés du PBP : j'en ai déjà entendu parler du Roc'h Trevezel sur les forums et sur la route, en français mais aussi en anglais. Pour ma part, j'ai déjà ce col et son voisin (le Roc'h Tredudon) dans ma besace : je sais à quoi m'attendre et je sais qu'il suffit de trouver son rythme et de relever pour contempler le paysage. Ces montagnes ne sont pas perfides et ne cachent pas de raidards qui coupent les jambes et emballent le cœur : elles sont âgées et ont cette sagesse bienveillante acquise au long des siècles. Par contre, nous passerons par Poullaouen et Huelgoat ( uhel = haut, coat/goat = bois : le bois situé en hauteur... ), des coins dont je connais les noms sans y avoir mis les roues. On trouve les prétextes qu'on peut pour aller se balader ! Comme ça commence déjà à monter dans les bois du Huelgoat, je fais une petite pause pour enlever ma pelisse nocturne et endosser mon costume du jour pendant que le soleil, qui est réveillé depuis 30 minutes, illumine les frondaisons et tire du sommeil les blocs de granit du chaos bien connu. Une fois sortis des bois, nous voici sur la grand'route qui n'a qu'un profil ascendant vers la Feuillée puis vers le Roc'h Trevezel. Nous ne sommes plus seuls : des camions, des voitures nous doublent sur cet axe fréquenté mais les distances de sécurité sont largement respectées. De l'autre côté de la route, un flot quasi ininterrompu de cyclistes dévalent en roue libre avec le sourire : eux reviennent de Brest, eux ont fait plus de la moitié du trajet, eux sont sur le retour. Les vélomobiles s'en donnent à cœur joie et affolent les compteurs. On échange des saluts de temps à autre. Pas d'arrière pensée à avoir : je monte doucement, mais moi aussi je la dévalerai cette route, juste un peu plus tard dans la journée. Je m'octroie néanmoins une pause vers 8h40 : le soleil chauffe bien désormais et je range les chaussettes pour laisser mes pieds respirer. J'en profite pour grignoter quelques provisions et réagencer mon chargement dans mes sacoches : le gilet jaune ne devrait pas sortir prochainement, ni le maillot manches longues, la veste de pluie reste accessible au cas où. Et voilà le point culminant du parcours qui se dessine ! L'antenne de télévision pointe vers le ciel. A gauche, le lac de Brennilis se réveille sous le soleil et il a encore les yeux un peu embrumés. La chapelle Saint Michel veille du haut de son promontoire et les cyclistes s'amassent à proximité des camping-cars ! En effet, des supporters sont présents : grands-parents et petits-enfants ont passé la nuit ici pour ravitailler gratuitement et bénévolement les fous du vélo. Arrêt au stand rapide pour moi : juste un sirop de menthe et deux ou trois parts de quatre-quart : Brest est à portée de roue et la route va bientôt redescendre, c'est mathématique après le point culminant ! Une fois passé le Roc'h Trevezel, je bascule de l'autre côté du miroir : cette fois, c'est moi qui descends et les cyclos en face qui peinent davantage. Mais c'est de bonne guerre : la descente, ils l'ont eue avant moi ! A Sizun, je grignoterais bien quelque chose, mais je ne sais pas trop quoi... sur l'étal de la boulangerie mes yeux ne voient que les kouign-amann, mais ce ne serait pas raisonnable. Je ressors donc bredouille et retourne sur le vélo grignoter mes barres de céréales pendant que nombre de participants se prélassent au soleil devant l'enclos paroissial mitraillé de photos. Je prends moi aussi une pause de 10 minutes au soleil, mais un peu plus loin, à 30 minutes de vélo. Juste à côté d'un élevage canin. J'ai le temps d'étudier plus avant un futur sujet de thèse sur le comportement inné des chiens vis-à-vis des cyclistes : un cycliste passe : les chiens aboient, un camion ou une voiture longe la propriété : rien, pas un bruit. Quelque chose, véhiculée par les cyclistes, doit déranger les chiens, ce qui expliquerait les comportements plus ou moins agressifs constatés de par le monde et les âges des chiens envers les cyclistes, qu'ils soient facteurs, promeneurs ou coureurs du Tour de France. Un universitaire s'est-il déjà penché sur la question sérieusement ? Finalement, c'est au ravitaillement organisé au Keff que je saurais ce que mon palais attendait de déguster : des crêpes !! En voilà 2 englouties avec du Nutella et 2 promptement rangées dans la sacoche de cintre, à portée de main en cas de coup de bambou. Il est 10h15 quand je mords dans ces crêpes et la crêpière m'annonce qu'une participante sur le retour lui a donné 1h15 comme temps de parcours depuis le ravito jusqu'à Brest. Ca ferait une arrivée au contrôle de Brest entre 11h30 et 12h parce qu'il n'est pas exclu que cette cycliste roule plus vite que moi. Ce me va car ça colle à mon plan de route et cela me donne de la marge par rapport aux délais max ( fermeture du contrôle à 14h36 pour moi). Alors c'est parti ! Je passe devant ma maison à Plougastel vers 11h, mais je ne m'arrête demander le café au locataire : le pont Albert Louppe se profile déjà et je savoure la belle descente qui précède. Je ne traîne pas durant la traversée du pont : non pas que je sois blasé par cette vue toujours changeante, mais j'ai toujours du mal à me couler dans un costume taillé d'avance et les selfies ne sont pas ma tasse de thé. Donc me tire le portrait sur le pont comme tous les autres participants qui traversent en même temps que moi, bof... Mais je fais mon grincheux parce que ce n'est pas la première fois que je traverse à vélo ; si j'arrivais de l'autre bout du monde, j'aurais pris le temps d'une pause et d'une pose. Je savoure néanmoins ce moment, ce temps suspendu : je ne suis déjà plus complètement sur le trajet aller mais je ne suis pas encore sur le trajet retour, je suis entre Plougastel et le Relecq, il est 11h05 environ. Hop ! Je retrouve la circulation automobile à l'entrée de Brest et me voilà au pied de la rue de Quimper. Je crois bien ne l'avoir jamais montée à vélo auparavant. Quoique... cette appréhension au creux du mollet doit bien venir de quelque part... Quelques gouttelettes rafraîchissent la montée, mais c'est vraiment pour maintenir le cliché vivant et limiter l'afflux de touristes. Mon frère m'avait laissé entendre qu'il viendrait bien faire un bout de route avec moi. Comme convenu, je l'ai prévenu de mon passage à Carhaix, mais je ne sais pas à quel endroit il avait l'intention de rejoindre le cortège des cyclos en pèlerinage. La Feuillée pour faire la montée du Roc'h Trevezel ? Sizun pour éviter la grimpette ? De ce fait, je scrute les villages et les intersections depuis quelques kilomètres, mais ce n'est qu'à mi-hauteur de la rue de Quimper qu'il m'attend ! Je crois qu'il a passé plus de temps dans l'atelier vélo que prévu et sa monture effraie les autres participants qui nous entourent. Dommage qu'en ville on ne puisse pas forcément appliquer ma stratégie de ne pas freiner dans les descentes : il a dû écarter au maximum ses patins de frein arrière car sa roue arrière est vraiment trop voilée... donc on se la joue cool en redescendant de la place de Strasbourg. Il reste au portail de Kerichen quand je rentre pour faire tamponner mon carnet de route. Je n'avais pas prévu de m'éterniser au contrôle que j'atteins à 11h31 : la crêpière de la Martyre n'avait pas menti ! Je ressors aussitôt ( 6 minutes entre l'entrée et la sortie du site) et je retrouve mon frère pour continuer la route. Ca y est ! Je suis sur le retour ! Dans un premier temps, on va se préoccuper du déjeuner car l'heure approche. Connaissant bien les environs je décide de prendre quiche et pizza dans une boulangerie que nous connaissons car elle est au pied de chez notre grand-mère. L'idée initiale était d'emporter les provisions pour déguster tout cela un peu plus loin, du côté de Landerneau, avec vue sur l'Elorn par exemple. Mais... passer à 11h50 juste devant le portail de ma grand-mère sans même un salut... ce n'est pas très correct ! Avant même de sonner, nous constatons qu'elle est déjà attablée et nous décidons de lui tenir compagnie ! Forcément la pause va durer plus longtemps que prévu, c'est inévitable ! Mais cet arrêt donnera une autre saveur à ce PBP. Et puis, prendre 1h de pause déjeuner en bonne compagnie quand on a pointé avec 3h d'avance sur les délais, ce n'est pas si extravagant ni si dangereux. A 13h, nous sommes en train de pédaler pour sortir de la zone commerciale et mon frère ne sait pas encore jusqu'où il va m'accompagner. Je le laisse libre de faire demi-tour quand il le souhaite : moi je suis déjà en train de rebrousser chemin et je ne prévois pas de changer de route avant Rambouillet. Nous jouons dans les montées/descentes entre Guipavas et Landerneau. Ses roues voilées me font peur, il est obligé de ne pas trop forcer l'allure dans les descentes mais moi, je reste fidèle à mes principes : ne pas freiner dans la descente et j'atteins ma vitesse maximale sur ce tronçon : "que" 66 km/h en roue libre. Je m'attendais à croiser Roland qui avait prévu de se poster avant Landerneau pour tirer quelques portraits de cyclistes et je scrutais les ronds-points pour m'arrêter le saluer... mais nous sommes passés juste pendant sa pause méridienne ! Rendez-vous manqué ! Dommage... Avec Portocéan, ils se battent contre le même adversaire et j'ai eu le temps de penser un peu à tous les deux sur les 1200 bornes de ce PBP. Je sais que ça n'aidera pas la médecine, mais je me plais à me dire qu'une pensée positive pour ceux qui souffrent et ne peuvent pas vivre leur(s) passion(s) alors que j'étais justement en train de vivre cette passion commune ne peut pas être totalement inutile. A 13h40, nous traversons l'Elorn pour quitter le Léon et Landerneau. La monte commence à monter, mon frère m'accompagne toujours. Il me quitte 10 minutes plus tard et repart avec une bonne vingtaine de bornes à faire jusqu'à sa voiture. Merci pour cette compagnie ! Me revoilà seul dans le flot des cyclistes. J'ai mangé la dernière crêpe et j'attends avec impatience d'atteindre La Martyre et le ravitaillement du matin qui marque aussi le point de convergence des deux itinéraires aller et retour. Mais, si je vois bien des participants rouler en face, j'ai sûrement raté le ravitaillement ! Horreur ! Je me régalais d'avance des autres crêpes... Tant pis, il faut continuer à appuyer sur les pédales pour remonter jusqu'à ce point culminant, qui cette fois aura la saveur supplémentaire qu'on ne remontera pas aussi haut d'ici Rambouillet et qu'il y en a moins devant que derrière. Court arrêt à la sortie de Sizun pour recharger les bidons auprès d'un ravitaillement bénévole. Autre arrêt bidon et quatre-quart en haut du Roc'h Trevezel avant d'entamer la descente sur la grand'route qu'on ne quittera qu'à Carhaix. A 16h45, j'arrive au contrôle de Carhaix après quelques montées/descentes. 17h05, je suis de retour sur la route mais pas pour très longtemps : au bout d'une demie heure, avant d'arriver à Maël-Carhaix, je profite de l'entrée d'un chemin creux pour faire une pause. Je grignote un peu et je m'allonge dans l'herbe... Ce n'est qu'à 18h que j'émerge de ma sieste. Ce n'était pas vraiment un luxe après 13h de vélo emmagasinés pour cette deuxième journée de PBP. J'arrive à 19h40 au contrôle ( pas très secret) de Saint Nicolas du Pélem et j'en ressors avant 19h45 : pause réduite au strict minimum. L'objectif de cette journée reste toujours de dépasser Loudéac qui est à 45km. Je suis toujours conforme à mon plan de route, malgré ma sieste, puisque j'avais prévu une pause plus longue à Saint Nicolas. Je vise donc de m'arrêter pour un dîner à Loudéac et repartir dans la nuit jusqu'au point d'accueil de Quédillac si possible. J'arrive à attraper les roues d'un groupe de randonneurs US et je peux tenir une conversation mi-français/mi-anglais avec un cyclo qui vient souvent rouler en France et se débrouille très bien en français. Ca roule régulièrement avec de belles randonneuses. Qualitativement, nous avons des vélos comparables avec mon cyclo US francophile : vélo d'une marque de grande chaîne de sport, utilisé pour le vélotaf et les balades plus longues. Malheureusement, la lumière commence à baisser et des bénévoles, présents sur la route pour nous aiguiller sur une partie quasiment gravel juste avant le Quillio, m'enjoignent d'enfiler mon gilet jaune. J'ai manqué de prévoyance à Saint Nicolas et je n'ai pas mis mon gilet dans ma sacoche de cintre : obligé de m'arrêter et de laisser le groupe filer... Tant pis pour moi ! Et puis, il est déjà 21h15, le soleil est bien descendu derrière les collines. Le gilet me servira en plus de coupe-vent dans les descentes qui suivent. J'arrive finalement à Loudéac à 22h08, je suis encore dans mon table de marche quand je sors du contrôle à 22h18... mais, ça c'est avant la pause dîner !! Et j'ai tendance à les faire traîner, ces pauses dîner... L'expérience d'hier était bonne, je retourne donc dans le même restaurant qui propose plus visiblement un menu spécial PBP : soupe chaude, lasagnes et dessert. Pendant que la soupe très ( trop) chaude refroidit un peu, la patronne me dit que la nuit a été courte pour elle aussi : les Thaïlandais qui m'ont permis de m'éclipser se sont endormis dans leurs assiettes et elle n'a pas osé les réveiller ! Ils ont repris à la route à 2h du matin. D'ailleurs des Coréens ou Thaïlandais rentrent dans le restaurant également. La soupe fume encore trop... Aïe aîe aîe, ça va me rallonger ma pause plus qu'il ne faut ! J'attaque les lasagnes à 23h25... mais je prends le temps de ne pas engloutir trop vite sinon je le paierai plus tard sur le vélo quand le ventre sera refroidi par la fraîcheur des descentes. Je ne quitte cet antre chaleureux qu'à 00h20 après avoir discuté avec les Coréens/Thaïlandais qui se demandaient comment ils allaient pouvoir retourner dehors par ce froid : ils roulent déjà avec 3 couches sur le dos et n'ont plus rien à rajouter. Le climat fait aussi partie de l'aventure et, n'étant pas frileux et ayant l'habitude de la météo locale, je suis avantagé sur ce point. Par contre, de retour sur la route à 00h25, ça me semble difficile d'atteindre Quédillac avant que les korriganed du sommeil ne viennent me bousculer sur mon vélo. Il va falloir revoir mes ambitions à la baisse et trouver un autre lieu de couchage. Je ne pense pas non plus pouvoir atteindre Saint Méen le Grand... peut-être arriverai-je à trouver un endroit à l'abri à La Trinité Porhoët voire Ménéac ? Je rêve d'un garage ouvert par une famille généreuse... C'est justement entre la Trinité Porhoët et Ménéac que mes yeux s'embrument. Je m'arrête quelques minutes à côté du vélo mais je reste debout pour ne pas m'endormir sur l'herbe humide de rosée. Les phares des cyclos sont plus épars, il est 1h35... Je remonte en selle et un quart d'heure plus tard j'aperçois les premiers réverbères de Ménéac. J'avise un abri sous l'auvent de la maison de santé à l'entrée du bourg : ça pourrait faire l'affaire si je n'ai pas mieux ailleurs, mais je remarque un attroupement de cyclistes devant un garage ! Serait-ce un ravitaillement bénévole ? Gagné ! Les vivres y sont quasiment épuisées, il ne reste plus trop de café, mais je savoure le chocolat chaud en demandant où je pourrais trouver un abri pour dormir. Les hôtes me conseillent le sas de la banque voisine mais il était déjà bien rempli la veille... pas sûr que j'y trouve la place d'y étendre mon sac de couchage. Je tente le coup malgré tout mais je n'ai pas besoin de rentrer pour constater que c'est déjà bondé ! Je tourne donc dans les petites rues pour trouver un abri contre le vent frais qui ne s'est pas couché avec le soleil. Une terrasse de restaurant ? Pourquoi pas, mais l'abri contre le vent est minime... Allons voir ailleurs. Après deux impasses, j'avise une maison qui semble abandonnée et dont la porte est restée ouverte dans la nuit. Des bouts de verre par terre, des cailloux sur le sol, mais de la moquette à l'étage et même un matelas ! C'est décidé, j'ai choisi mon hôtel pour cette nuit. Je referme la porte et monte m'installer à l'étage. 2h15, je m'endors après une deuxième journée bien remplie. Objectif presqu'atteint : j'ai dépassé Loudéac, mais je visais Quédillac que j'espérais atteindre à cette heure-ci. La longue pause dîner à Loudéac coûte cher. 325 km parcourus pour cette journée de quasiment 22h de vélo. Le défi stupide du mono-plateau tient toujours... |
| | | Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Re: Deux mois après... Mer 16 Oct - 14:08 | |
| Dans cette maison abandonnée aucun fantôme, aucune lavandière de la nuit n'est venu me réveiller. C'est mon réveil qui m'a fait sortir de ce repos réparateur... Je me suis maudit de l'avoir réglé si tôt ! Je me suis accordé un peu de rab... mais pas trop car il reste encore de la route jusqu'à Rambouillet ! L'objectif de cette troisième randonnée est d'atteindre et dépasser Mortagne au Perche, en dormant idéalement à Dreux... mais je sais que cet objectif n'est pas très raisonnable. Distance en vue : environ 360 km. Mais mon plan de route initial me faisait partir de Quédillac ce matin. Or je suis toujours à Ménéac, donc 30 km avant Quédillac. Avec les 490 + 325 ( =815) des deux premiers jours, il reste environ 400 km à boucler en un jour et demi. Ca reste envisageable, l'idéal étant de ne me garder qu'une portion de moins de 150/100 km pour le jeudi. Donc il me faut rouler aujourd'hui entre 250 et 300 km. Et pour cela, il ne faut pas trop rester traîner au lit ! Hop ! Je plie mon bivouac, déguste un petit-déjeuner tiré des sacoches, vérifie que je n'oublie rien et zou ! Je retourne sur le parcours à 6h05. Le froid pique un peu et la route commence par descendre pour sortir du bourg : je frissonne un peu et je plains les participants asiatiques. Mais comme je fais route vers l'Est, je peux lever les yeux pour admirer les couleurs de l'aube qui vont arriver petit à petit. Pour l'instant, je traverse quelques bancs de brouillard, ma pédalée est assez solitaire : quelques cyclos roulent devant et j'en double d'autres, mais les écarts sont grands. Chacun a eu le temps d'adopter son rythme et savoure sa randonnée. A 7h00, je suis dans la ville de Louison Bobet : Saint Méen le Grand. Même si je connaissais déjà où se cache le camping municipal, pour y avoir dormi une nuit lors de notre Tro Breiz en tandem en 2012, je constate que la distance était bien trop grande pour pousser jusque-là hier. J'ai bien fait de m'arrêter à Ménéac car il n'y avait pas de solution de repli avant Saint Méen. J'hésite à prendre un petit déjeuner mais les rideaux des cafés sont encore tirés. Juste avant la sortie de la ville, j'avise néanmoins plusieurs vélos appuyés le long du mur d'une grosse boulangerie/snack. Hop ! Voilà un petit déjeuner qui s'annonce ! 7h07, c'est la bonne heure pour un grand chocolat et des croissants, non ? Après une pause prolongée par un peu d'attente devant les toilettes ( à croire que tous les cyclos avaient la même idée que moi de faire un brin de toilette en plus de la pause du petit-déjeuner), je repars sur la rue Louison Bobet vers Quédillac puis Médréac. A Quédillac, je snobe encore le ravitaillement... pas la peine de s'arrêter après seulement 20 minutes de vélo ! Le soleil est réveillé et inonde la campagne de belles couleurs. On dirait qu'il a réveillé les cyclos car ils sont plus nombreux sur la route qui commence à onduler à mesure qu'on approche de Bécherel. Bécherel fait un peu peur, mais finalement le plus dur est avant, une fois le panneau passé le profil est descendant jusqu'à Tinténiac, le prochain contrôle. Juste à la sortie de Bécherel, un fourgon de police, une ambulance des pompiers et quelques cyclos nous rappellent à la prudence : visiblement un cyclo est emmené sur la civière, sans que je connaisse la cause de l'accident. Passée cette intersection, la route descend bien et le rythme s'en ressent. Un groupe de costauds me rattrape et j'arrive à accrocher leurs roues. Ca file ! Le compteur s'affole et ne veut plus descendre en dessous de 30 km/h ! Mon vélo s'emballe, je ne maîtrise plus rien ! Les 10 km séparant Bécherel de Tinténiac sont faits en à peine 20 minutes ! Bon, j'ai bien remarqué que tous les cyclos ont tendance à accélérer à l'approche des contrôles, mais là il y avait plusieurs facteurs aggravants : le groupe rapide, le profil descendant... n'empêche que je me suis promis de ne pas repartir avec ce groupe : trop rapide pour tenir la distance. Néanmoins, ça décrasse un peu le diesel et ça fait du bien de voir que l'on est capable de rouler à cette vitesse après 860 km. Après un pointage qui aura duré 20 minutes, me revoici sur la route pour une courte étape : 54 km avant Fougères. Il est 9h30 environ et ça ne serait pas trop mal de profiter du pointage de Fougères pour faire une pause déjeuner, qu'est-ce que vous en dites ? Petite pause café à Feins où les Audax Thaïlandais ont organisé un ravitaillement. J'ai peut-être compris l'origine du naufrage des randonneurs thaïlandais pendant la nuit : le café soluble est tellement clair que l'on voit le fond du gobelet et je dois être sur la fin du thermos parce que je ne risque pas de me brûler ( ah ! Ces Français qui râlent tout le temps ! ). En 5 minutes, j'ai avalé le café et rempli mes bidons e je repars. Plus loin, vers 11h10, je passe en trombe devant un ravitaillement familial en bas d'une légère descente. J'entends déjà derrière moi un garçon crier : "Gâteaux durs, gâteaux mous !" Allez ! Rien que pour l'accroche et l'ambiance, je fais demi-tour et dévore quelques parts de quatre-quarts ( le fameux "gâteau mou") et quelques petits beurres ( les gâteaux durs) tout en discutant avec cette famille qui nous donne du temps et des provisions à nous, cyclistes de passage, même si les enfants sont plus tournés vers le foot. Voilà une pause de 10 minutes qui rebooste bien ! L'énergie ne vient pas que des aliments ingurgités. Je passe Saint Hilaire des Landes et me revoilà arrêté pour une autre pause ! Ca ne roule pas aussi vite qu'avant Tinténiac ! Eh oui, j'avais hésité à enlever toutes mes couches nocturnes et maintenant j'ai trop chaud ! Je n'allais pas faire une séance de strip-tease devant les enfants du ravito précédent ; j'ai donc profité un petit coin tranquille en lisière de bois pour me remettre en tenue diurne et estivale car le soleil chauffe bien. Je continue vers Fougères que j'atteins à 12h22. Je pointe, j'achète un sandwich et une boisson que je vais savourer près du parking à vélo, sur l'herbe et à l'ombre. A 12h50, je repars du contrôle, avec juste 10 minutes d'avance par rapport à mon plan de route et 1h20 par rapport aux délais max. J'ai roulé conformément à mon plan de route entre Tinténiac et Fougères : parti avec 10 minutes d'avance de Tinténiac, je repars avec le même délai de Fougères. C'est bien car j'ai rattrapé mon retard de la nuit passée à 30 km de mon point chute prévu. Mais ça, je ne le constate qu'une fois de retour sur terre. Durant la randonnée, je n'avais qu'en tête l'avance par rapport au délai max : 1h20, ce n'est pas suffisant pour s'arrêter dormir pendant la nuit ! Il ne va pas falloir faiblir l'allure ! Il faut continuer sur le même rythme et viser un pointage à Villaines la Juhel vers 17h30. Pour cela, il faut parcourir les 89 km en 4h40, c'est-à-dire tenir une moyenne de 19 km/h. C'est peut-être présomptueux, contentons-nous d'appuyer sur les pédales. Et pour sortir de Fougères, il faut effectivement appuyer sur les pédales, parce que ça monte ! 150 m de D+ en 9 km, ce n'est pas un col alpin ou pyrénéen mais avec 920 km dans les pattes, ça compte quand même. C'est dans la montée vers Saint Ellier du Maine ou celle d'après, vers Lévaré, que Popiette me rejoint. C'est lui l'organisateur prolixe des BRM de Montebourg dans la Manche : il a le don de nous rendre plus intelligents au fil des kilomètres roulés en émaillant ses feuilles de route de détails historiques et culturels. Le voici donc qui me rattrape et me hèle en m'encourageant ! Il est juste partir dans le dernier sas du lundi matin, à 5h30... soit 9h après moi ! Etant donné son niveau de pédalage, je m'attendais bien à ce qu'il me rattrape. Et c'est avec plaisir que nous cheminons de concert. Un groupe d'Italiens qui devisent assez haut nous rattrapent. Ils sont grands, ne forcent pas trop sur les pédales... hop ! Nous voilà dans leurs roues. Voilà un peu de repos, ces locomotives nous tirent sans sourciller et sans interrompre leur discussion. On a l'impression de s'incruster dans leur balade dominicale. Malheureusement, ils décident de s'arrêter faire des emplettes à Ambrières-lès-Vallées. Pour notre part, nous continuons sur le parcours en attendant qu'ils nous rattrapent plus loin. A Lassay les Châteaux, les bars et les terrasses regorgent de cyclos qui cherchent de l'ombre et de l'eau fraîche. Nous ne nous arrêtons pas là, mais à un ravitaillement familial juste à la sortie de la ville : rechargement des bidons en 2 minutes 30 chrono ! Avec un sourire et quelques mots échangés en prime ! PBP, c'est d'abord des rencontres. Hardanges se profile à l'horizon : arrêt calva ou pas d'arrêt calva ? On roule bien et les bidons sont pleins : on continue ! Un signe au passage du ravito, le tenancier me reconnaît mais je m'excuse de ne pouvoir m'arrêter... Dans les montées avant Hardanges, Popiette est parti devant jouer avec des Japonais. Je profite de la fraîcheur des bois et du vent relatif dans les descentes... mes bidons se vident vite avec la chaleur ! J'ai repris mon rythme et les kilomètres se succèdent avant Villaines la Juhel : Loupfougères est passé, le contrôle approche. J'aperçois l'église de Villaines et là... Là, je suis transporté ailleurs, dans une autre dimension, dans un autre décor... Je passe l'arche qui matérialise le capteur pour la puce fixée sur le vélo comme si j'étais le vainqueur d'une étape du Tour de France ! Des spectateurs innombrables m'applaudissent, m'encouragent, crient ! Je ne les connais pas, ils ne me connaissent pas, mais ils sont là et mettent une ambiance du tonnerre ! C'est époustouflant ! Je suis transporté ! Les kilomètres (1012 exactement) ne comptent plus ! On me l'avait raconté, mais je n'y croyais pas trop... maintenant, j'ai vu et je crois ( un peu Saint Thomas ?). Je pointe à 17h05, je refais le plein des bidons et je prends quasiment une douche en plein air sous les robinets extérieurs tout en discutant avec des spectateurs/supporters. Lorsque je retourne à mon vélo, je retrouve Popiette qui s'apprête à partir ! Nos vélos étaient quasiment côte à côte. Il m'attend un peu, le temps de revisser la vis qui tient mon porte-bagage maison qui commençait à chantonner sur les parties granuleuses de la route et c'est reparti, sous le soleil qui sèche vite mon maillot et avec les encouragements des spectateurs qui reboostent tous les cyclos ! La pause n'aura pas duré 25 minutes pour moi, maintenant on met le cap vers Mortagne au Perche qui se méritera avec sa côte qui grimpe jusqu'au contrôle : 85 km en vue. Il est 17h25, ce serait bien de pouvoir y dîner avant de repartir dans la nuit. Nous partons de Villaines à l'heure où je devais y arriver si j'étais fidèle à mon plan de route. J'ai quasiment 4h de marge par rapport au délai max : c'est bon, je vais pouvoir dormir cette nuit ( si je ne baisse pas trop la moyenne par la suite). Le moral est au beau fixe : du temps devant soi, de la bonne compagnie et des encouragements à gogo ! Lorsqu'on arrive vers Sougé le Ganelon, j'exprime à Popiette que j'aimerais manger du salé et il ne me reste que du sucré dans la sacoche : premier arrêt dans une boulangerie vidée par les cyclos qui sont passés avant nous... tant pis, la quiche attendra... Mais en fait, un supermarché nous tend les bras à la sortie du village : hop ! Pause ravitaillement : salade piémontaise, yaourts à boire... on refait le stock et on déguste ça à l'ombre. Nous sommes quelques cyclos à faire une pause au même moment. 18h30, c'est presqu'un horaire de maison de retraite pour le dîner ! Mais on ne se formalise pas plus que ça : il reste tout de même quelques kilomètres à parcourir et il faut recharger la machine. Nous repartons avant 18h50. Dans la grande ligne droite vers Cougains, le soleil est dans notre dos mais continue à chauffer. Ce n'est pas la route la plus agréable, mais les kilomètres défilent tout de même. On vire à Cougains en direction de Mamers qu'on atteint vers 20h35. Arrêt au stand tenu par le club cyclo du coin. Distribution de soupe bien chaude, remplissage des bidons, grignotage de quatre-quart... Popiette veille au grain et fait en sorte que l'on ne s'éternise pas trop : à 20h50, nous sommes de retour sur les vélos pour les 25 km vers Mortagne. On n'aura donc pas vu la fin des 240 litres d'eau distribués. Dans la montée qui suit la sortie de la ville, nous rattrapons un tandem qui nous double dans la descente suivante et qu'on rattrape à nouveau lorsque la route remonte : "En tandem sur PBP, c'est une cause de divorce ou pas ?" Réponse négative des tandémistes ; oserai-je le proposer à ma femme ? Et, enfin, la voilà ! La voilà la côte en haut de laquelle Mortagne au Perche se perche ! A nous deux ! Je t'ai gravie lors du BRM 600 de Pavilly, je te gravirai encore ce soir ! J'avais un tampon à récolter et là encore, j'ai un tampon à mettre sur mon carnet. Je crois que c'est là que j'ai arrêté mon jeu stupide du mono-plateau : j'ai dû descendre sur le petit plateau pour m'en garder sous le pied pour le dernier raidard, juste à l'entrée du contrôle. Comme si PBP n'était pas déjà un défi en soi... Et voilà : 22h05, nous pointons à Mortagne ! Je suis pile dans mon timing, selon mon plan de route idéal. Popiette décide de rester dormir ici ; moi, je préfère dîner rapidement ( comprendre : finir la portion de salade piémontaise que je trimballe depuis Sougé le Ganelon) et repartir dans la nuit pour engranger quelques kilomètres supplémentaires. Avec la nuit qui est arrivée, la chaleur s'est assoupie et je suis plus à mon aise... j'étais probablement très proche de mes limites dans l'après-midi, mes bidons se vidant beaucoup plus rapidement que d'habitude. Une fois mon second dîner englouti, je ne m'attarde pas pas à contempler les machines présentes ( un tricycle britannique par exemple) et je repars : il est 22h45, j'ai 5h30 d'avance sur le délai max en repartant du contrôle. Ma nuit est assurée ! Je ne pense pas arrivé jusqu'à Dreux car il y a encore 78 km, mais j'envisage de dépasser Longny au Perche ( seulement 18 km) pour laisser les grosses montées/descentes derrière moi dès aujourd'hui et me garder un parcours "plat" demain pour la dernière journée. Je descends donc vers la sortie de Mortagne. Grisé par la descente, un peu perdu dans mes pensées aussi, je continue sur le tracé du BRM 600 de Pavilly et je tourne donc à gauche pour entamer la longue montée qui permet de sortir de Mortagne vers le Nord. Vers le Nord ? Comment ça, vers le Nord ?!? Et d'ailleurs, pourquoi suis-je donc tout seul sur la route, sans un seul lumignon rouge devant, sans un seul phare blanc derrière moi ? Ils ne sont pas tous en train de dîner ou dormir... Oups ! Je crois que je me suis trompé de route ! Zou ! Demi-tour ! Heureusement, ça descend ! Je retrouve Mortagne et les flèches du parcours. C'est reparti ! Mais je dois m'arrêter à nouveau pour resserrer les vis de mon porte-bagage avant : j'ai encore les idées claires, les grincements sont ténus, je préfère m'arrêter tout de suite pour corriger le problème plutôt que d'attendre que ça empire. Voilà les montées/descentes ! Ca file en roue libre, puis je me mets debout sur les pédales, roue libre, tout à gauche, roue libre, jambes en feu... Ca en deviendrait presque monotone ! Heureusement, le relief est masqué par la nuit, les odeurs des sous bois, la lune qui joue à cache cache, les chouettes qui passent juste devant silencieusement, les fourrés qui frétillent dans l'obscurité : j'aime rouler la nuit et les jambes tournent bien. J'atteins Longny au Perche vers minuit : c'est encore trop tôt pour dormir, mais c'est déjà une victoire pour moi ! Les bosses sont derrière ! Demain sera une journée toute plate et sans relief ( seulement au propre, au figuré, ce sera autre chose). Je ne m'arrête donc pas aux cafés comme les autres cyclos, je trace ma route vers l'Est. J'arrive à Senonches vers 1h10. J'explore un peu pour trouver un lieu où dormir, je passe devant un ravitaillement mais je n'ai pas envie de café chaud, juste m'allonger dans mon sac de couchage. J'avise un abribus de luxe à même pas 100m de là : spacieux, disposant d'un long banc, avec assez de place pour que mon vélo y entre en entier. J'y suis à l'abri d'une éventuelle brise nocturne. Le temps de m'installer, je dois m'endormir vers 1h30 et j'ai réglé mon réveil pour 4h de nuit : il sonnera à 5h30. Voilà 325 km en plus dans la besace, en 19h15.
Dernière édition par Egareg le Mer 16 Oct - 14:12, édité 1 fois |
| | | Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Re: Deux mois après... Mer 16 Oct - 14:10 | |
| Le réveil sonne pour la dernière journée du PBP 2019. Il est 5h30, je l'éteins et me retourne dans mon sac de couchage : j'avais 5h30 d'avance à Mortagne et je n'ai dormi que 4h, j'ai bien le droit de faire une grasse mat' pour une fois ! Bon... la nuit n'est plus si noire déjà et j'ai 35 km de plus que les 45 prévus pour cette dernière balade. Je me lève donc, remballe mon sac de couchage, range tout dans mes sacoches. Je vois que le ravitaillement tourne encore : voilà une bonne idée pour un petit-déjeuner avec un café chaud. En discutant avec les bénévoles, je me rends compte qu'ils proposaient aussi un hébergement dans un gymnase à côté. J'aurais pu dormir sur un matelas et au chaud ! D'ailleurs certains cyclos présents sous la tente en aurait bien besoin d'un matelas et d'un repos réparateur. Les figures sont lasses et les traits tirés. Ils semblent sortir d'une nuit ininterrompue sur le vélo, ils frissonnent. J'avale mon café chaud et je remonte sur le vélo avant que les premières lueurs du jour ne percent totalement l'obscurité, mais le ciel s'éclaircit déjà. 6h30, je suis les lumignons rouges qui tracent la route devant moi. S'en suit alors une partie moins agréable : c'est tout plat, nous sommes en bordure de la Beauce, parfois le revêtement laisse à désirer. Attention, j'ai écrit "moins agréable", ça ne veut pas dire "désagréable" ! En effet, aller vers l'Est pendant que le soleil se lève sur la plaine et réchauffe petit à petit la route et les champs alentour, tout en doublant quelques groupes de cyclistes ou en étant doublé à son tour, sans fatigue dans les jambes, sans pression du chrono ( parce que j'ai 8h pour faire 80km), ça reste un plaisir et je le savoure ! Il me reste un contrôle à valider à Dreux et j'y arrive vers 8h. Mauvaise pioche ! C'est la seule fois où je garerais mon vélo assez loin du contrôle. Ca me laisse le temps de regarder les autres vélos et leur cyclo. Certains semblent reposés, d'autres s'accrochent mais titubent. J'en verrai au moins deux se casser la figure et jouer aux dominos avec les vélos : la fatigue est bien présente. C'est après être sorti du contrôle que je me dis que j'aurais dû m'accorder un café ou un chocolat... Tant pis, je m'arrêterai dans un troquet avant Rambouillet et j'en profiterai pour déposer ma pelisse nocturne et revêtir une tenue estivale et diurne. A 8h10, je suis sorti du stade où est implanté le contrôle. Ma feuille de route prévoyait que j'en reparte vers 9h après y avoir dormi 6h. J'ai dormi plus tôt, mais je n'ai pas perdu de temps. Le délai max fixait la limite du pointage à 10h46 : j'ai 2h36 d'avance et il reste 45 km. En gros, je devrais arriver à Rambouillet à l'heure limite de Dreux. Ca me va ! La sortie de Dreux ne présente pas beaucoup d'intérêt, surtout que j'épie les cafés qui seraient ouverts... mais tous les rideaux sont encore tirés ! A Mézières en Drouas, je vide mon porte-monnaie pour grignoter des viennoiseries. Les habitués de la boulangerie sont un peu surpris de voir autant de cyclistes leur rafler leurs croissants et pourtant nous ne sommes pas encore dimanche ! Arrêt dans un bistrot : plus de lait pour faire un chocolat chaud ! Et mon estomac n'est pas d'accord pour recevoir un café ou bien c'est mon cerveau qui choisit pour moi ? Tant pis... Je continue. J'ai de l'eau dans les bidons, la météo est calme, la température est agréable et les kilomètres défilent maintenant dans l'autre sens : plus que 40, 35, 30, 25. Tiens ! Faverolles, on est passé par là à l'aller ! Je n'avais pas encore mon gilet jaune sur le dos, c'est que l'on doit approcher alors ! C'est en sortant de Poigny la Forêt que l'on retrouve la grand'route qui traverse la forêt de Rambouillet : cette fois, c'est sûr ! On touche à la fin ! Les jambes tournent, elles tournent toutes seules, je goûte la fraîcheur des arbres. Sans mon arrêt chocolat chaud je n'ai pas pris le temps de me changer : j'ai encore le maillot à manches longues et les chaussettes dans les sandales ! Ca va faire tâche sur la photo finish ! Les cyclos sentent l'écurie ( même si c'est une bergerie...) car je suis doublé par des fusées ! Ca file à toute allure ! Ca m'incite aussi à appuyer sur les pédales mais c'est dur de changer de rythme après 1000 km à pédaler : je n'exploserai pas les chronos et mon compteur ne s'essoufflera pas. En fait, je ne suis pas là pour ça et je n'ai pas besoin de plus pour remplir mon contrat initial. 10h05 : je suis entré dans la ville de Rambouillet ! J'entre bientôt dans le parc. Un bénévole nous indique le parcours en nous disant : "plus que 2 kilomètres" mais je n'ai pas eu le temps de l'entendre. Je remonte l'allée des camping-cars et j'aperçois, juste quand je passe à leur hauteur, mon beau-père avec deux des petits-enfants. J'ai juste le temps de les héler et de faire un signe de la main mais mon vélo grimpe déjà l'allée qui mène à la Bergerie. L'arche d'arrivée se dessine, les participants déjà arrivés et leurs accompagnateurs applaudissent, encouragent ! Je remporte ma seconde victoire d'étape sur le Tour de France ! Le circuit nous fait passer dans la cour du pigeonnier et ses pavés pour enregistrer le temps avec la puce. 10h10 je suis passé sous l'arche ! Je dépose mon vélo et me rend au dernier contrôle : un bénévole écrit l'horaire d'arrivée : 10h13. Il garde mon carnet pour l'homologation et me remet la médaille du PBP 2019 ! Je l'ai fait ! Je suis arrivé au bout de ces 1200 km ! J'ai réussi et je ne me sens même pas fatigué. Je suis sur un petit nuage... Mes pieds ne touchent plus par terre, ils doivent encore tourner à quelques centimètres du sol, comme lorsqu'ils pédalent. J'ai la tête ailleurs, à Villaines, à Saint Nicolas, à Brest, à Fougères, à Sougé, à ... Je grignote comme je peux mon plateau repas : les SMS affluent sur le téléphone ! J'étais dans ma bulle, dans ma randonnée et j'y suis encore un peu... mais je n'imaginais pas qu'autant de personnes suivaient ma progression. Je suis un peu confus ! Les félicitations pleuvent, mais je ne me sens pas concerné : je n'ai pas l'impression d'avoir accompli un exploit et c'est assez égoïste comme randonnée. D'ailleurs j'évite de me poser la question fatidique : et dans 4 ans, tu y retournes ? Ce n'est pas le sujet du tout. Je finis mon assiette et je rejoins mon beau-père et mes neveu et nièce. Retour en voiture vers Versailles où je suis hébergé par ma belle-sœur et toute la famille. Le plus dur de Paris-Brest-Paris commence : raconter, expliquer, décrire... Je n'en ai vu qu'une infime partie, forcément déformée par mon prisme. Certains se focalisent sur le temps mis pour faire l'aller-retour. Ils passent à côté de l'essentiel, des rencontres, des senteurs, des ambiances, des partages, des couleurs. Ils pensent à une compétition alors que c'est un voyage. Un voyage où l'on revient au point de départ, mais on n'est pas le même au retour, comme la plupart des voyages. Si l'on ne vise que le but, on rate l'essentiel. Je retourne à Rambouillet le soir pour le dîner de clôture. Je croise encore beaucoup de vélos dans le train qui se rendent ou partent de Rambouillet. Je retrouve Popiette qui a coupé la ligne d'arrivée peu de temps après moi. Il essaie d'échanger le maillot de son club contre un maillot plus exotique. On dîne avec des cyclos avec qui nous avons déjà partagé des kilomètres sur les BRM organisés par Popiette. On se raconte nos PBP. Certains visages sont plus fatigués que d'autres. Les Indiens célèbrent leurs victoires, les Russes aussi. Il manque juste un Paris-Brest dans l'assiette à dessert... Mais un Français qui ne râle pas n'est pas vraiment Français... ( c'est pour ça que je relève sans râler...). C'est bête, mais la question fatidique fait forcément partie de la conversation... et la réponse est plus facile pour ceux qui sont rentrés dans le délai qu'ils avaient choisi. Moi, je laisse la réponse en suspens... mais elle a déjà commencé son travail de sape ! Je crois que j'essaierai d'y être à nouveau dans 4 ans... Si je ne peux pas être sur un vélo, je serai sur le bord de la route et j'offrirai des crêpes aux cyclos qui voudront bien s'arrêter. |
| | | Portocéan Yapaphoto
Nombre de messages : 3828 Age : 75 Localisation : Le Havre (accueil) Date d'inscription : 28/08/2007
| Sujet: Re: Deux mois après... Mer 16 Oct - 15:40 | |
| Je pense que même après deux mois, tu es encore dans ta bulle... Bravo Egareg, c'est bien raconté... |
| | | lmvv Monsieur Vélo
Nombre de messages : 2250 Age : 77 Localisation : environs d'Angers Date d'inscription : 12/08/2014
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 17 Oct - 9:34 | |
| Bravo Egareg pour ton 1er PBP très bien conduit et pour ton récit détaillé très bien écrit. Rassure-toi, si tu n'es pas en avance pour publier ton compte-rendu, moi, je n'ai pas encore commencé à écrire le mien Je pense que ça viendra bientôt, mais bon, désormais la tonte de ma pelouse m'occupe un peu ... entre autres |
| | | Ironted Bitumator !
Nombre de messages : 295 Age : 54 Localisation : CHAMBORD Date d'inscription : 01/01/2017
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 17 Oct - 12:49 | |
| Bravo Egareg, Tout de tête of course ? bravo |
| | | Ced40 Mollet d'acier
Nombre de messages : 149 Age : 42 Localisation : Landes (40) Date d'inscription : 27/10/2018
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 17 Oct - 13:07 | |
| Très beau récit !! |
| | | veloblan Vulcain
Nombre de messages : 4014 Age : 74 Localisation : Auvergne Date d'inscription : 19/11/2006
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 17 Oct - 14:18 | |
| Super, que de beaux souvenirs |
| | | admin ^^
Nombre de messages : 5307 Date d'inscription : 21/09/2006
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 17 Oct - 14:44 | |
| Merci pour ce récit et bravo pour ce PBP ~ «La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer» [Sylvain Tesson]
|
| | | Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 17 Oct - 15:23 | |
| - Ironted a écrit:
- Bravo Egareg,
Tout de tête of course ? bravo De tête, de tête... Pour les sensations et l'ambiance, oui ! Pour les horaires précis, heureusement que le GPS a enregistré la trace pour me rafraîchir assez précisément les lieux et horaires de mes arrêts ( Strava propose notamment la fonction "FlyBy" permettant de rejouer son parcours). Les heures de pointage sont prises sur le relevé des puces. Sur le vélo, j'ai parfois des idées de phrases pour un futur compte-rendu... mais je ne les note pas tout de suite dans un carnet ou ne les enregistre pas directement avec un dictaphone... Donc il n'y a que moi qui puisse en profiter et je les oublie très souvent avant la fin de la balade. |
| | | Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 17 Oct - 15:31 | |
| |
| | | c.drik81 Cuisse de grenouille
Nombre de messages : 24 Age : 48 Localisation : Castres Date d'inscription : 12/06/2019
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 17 Oct - 21:18 | |
| Un récit magnifique, de ceux ( nombreux sur ce forum) qui donnent des ailes pour se préparer pour l'aventure du PBP 2023.
Un grand merci à Egareg pour le partage de cette tranche de vie ! |
| | | Ironted Bitumator !
Nombre de messages : 295 Age : 54 Localisation : CHAMBORD Date d'inscription : 01/01/2017
| Sujet: Re: Deux mois après... Ven 18 Oct - 8:05 | |
| - Egareg a écrit:
- Ironted a écrit:
- Bravo Egareg,
Tout de tête of course ? bravo De tête, de tête... Pour les sensations et l'ambiance, oui ! Pour les horaires précis, heureusement que le GPS a enregistré la trace pour me rafraîchir assez précisément les lieux et horaires de mes arrêts (Strava propose notamment la fonction "FlyBy" permettant de rejouer son parcours). Les heures de pointage sont prises sur le relevé des puces.
Sur le vélo, j'ai parfois des idées de phrases pour un futur compte-rendu... mais je ne les note pas tout de suite dans un carnet ou ne les enregistre pas directement avec un dictaphone... Donc il n'y a que moi qui puisse en profiter et je les oublie très souvent avant la fin de la balade. C'était du mode limite provoc Je me doute que tu as du replonger dans des supports type trace gps, pointages, ... ce qui n'empêche en rien la qualité de ton CR qui restera une trace indélébile pour toi ! A+ |
| | | veloblan Vulcain
Nombre de messages : 4014 Age : 74 Localisation : Auvergne Date d'inscription : 19/11/2006
| | | | yocef Petit plateau
Nombre de messages : 30 Age : 62 Localisation : Viana do Castelo Date d'inscription : 26/04/2015
| Sujet: Re: Deux mois après... Dim 27 Oct - 11:38 | |
| "Certains se focalisent sur le temps mis pour faire l'aller-retour. Ils passent à côté de l'essentiel, des rencontres, des senteurs, des ambiances, des partages, des couleurs. Ils pensent à une compétition alors que c'est un voyage. Un voyage où l'on revient au point de départ, mais on n'est pas le même au retour, comme la plupart des voyages. Si l'on ne vise que le but, on rate l'essentiel." Un de plus avec toi. Merci pour ton CR, très agréable a lire. |
| | | Popiette Le choc des Bermudes
Nombre de messages : 2943 Age : 37 Localisation : Cotentin (acceuil) Date d'inscription : 21/05/2010
| Sujet: Re: Deux mois après... Mar 10 Déc - 22:46 | |
| C'est le premier CR que je lis sur le forum depuis que je suis rentré de Rambouillet. Je vais m'y mettre. Tu fais parti des cyclos qui ont construit intelligemment leur PBP. En le prenant tout d'abord dans le bon sens, celui d'une grande fête. Tu as progressé sur des années, pas en te lançant en mars 2019. Tu as observé et écouté ceux qui avaient un peu plus de bouteille, ça sert à cela un BRM 600 de solide un WE de finale de Coupe du Monde de Football. Pour ma part, si j'organise aussi des BRM, c'est pour que "gens normaux" puissent vivre ce genre de voyage à travers nos campagnes. Bravo |
| | | Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 12 Déc - 14:13 | |
| Un grand merci à toi !
C'est vrai que grâce à tes BRM, des gens "normaux" comme moi peuvent aller jusqu'au bout du PBP. Continue ! |
| | | bubu24 ?
Nombre de messages : 1156 Age : 68 Localisation : Bergeracois Date d'inscription : 31/08/2015
| Sujet: Re: Deux mois après... Jeu 12 Déc - 19:11 | |
| - yocef a écrit:
- "Certains se focalisent sur le temps mis pour faire l'aller-retour. Ils passent à côté de l'essentiel, des rencontres, des senteurs, des ambiances, des partages, des couleurs. Ils pensent à une compétition alors que c'est un voyage. Un voyage où l'on revient au point de départ, mais on n'est pas le même au retour, comme la plupart des voyages. Si l'on ne vise que le but, on rate l'essentiel."
Un de plus avec toi. Merci pour ton CR, très agréable a lire. Sans pour autant être obnubilé par le temps final, certains (dont je m'estime faire partie), viennent pour donner le meilleur d'eux-mêmes. C'est aussi une quête avec des émotions, des partages, et des ressentis très forts. Et çà ne fait pas passer à côté de l'essentiel. Et au retour, nous aussi, nous sommes ébranlés. Alors, surtout que personne ne s'approprie la façon de vivre PBP en considérant que les uns sont dans le superficiel et que d'autres auraient davantage de bon sens. |
| | | Egareg Super randonneur
Nombre de messages : 444 Age : 41 Localisation : Démouville (14) Date d'inscription : 12/11/2013
| Sujet: Re: Deux mois après... Ven 13 Déc - 16:53 | |
| D'après les réactions reçues, ce passage est parfois mal compris... En effet, je ne parle pas du tout des participants qui viennent sur PBP pour faire un temps, pour donner le meilleur d'eux mêmes, mais plutôt de mes interlocuteurs dont la première question était souvent "tu as mis combien de temps ?" ou "tu es arrivé quantième ?" Je leur réponds alors que je suis rentré dans le délai choisi, en bonne santé et je leur parle des ces ravitos familiaux, de ces rencontres, du brouillard qui se dissipe sur le lac de Brennilis pendant que j'atteins le Roc'h Trevezel, de la rencontre avec mon frère à l'entrée de Brest, de l'accueil de vainqueur du Tour à Villaines la Juhel... Je le dis et le répète, ce compte-rendu n'est qu'une vision du PBP 2019 que j'ai vécu et elle est forcément déformée par mon prisme, par ma façon de pratiquer. Je me sais incapable de tenir la moyenne des premiers groupes et je suis admiratif des capacités physiques des cadors, mais ce n'est pas comme ça que j'ai voulu vivre PBP et je suis content de l'avoir mené à bien selon mes plans. Je pense déjà à 2023 et je n'arrive pas vraiment à voir ce que je modifierais. L'heure du départ ? 20h30, c'était parfait : j'ai pu partir le ventre plein en ayant dîné sur place ; l'ambiance était plus calme ; on a eu le temps de s'échauffer avant d'entrer dans la nuit. Le délai max ? Ce n'est pas parce que je choisis les 90h que je suis obligé de m'arrêter plus souvent ou plus longtemps, mais ça m'a donné une plus grande liberté et m'a dégagé du stress du hors délai. Même sur mon vélo je ne vois pas grand chose à changer... seulement un peu moins de choses inutiles à trimbaler ( promis Popiette, j'enlèverai mon antivol !). |
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